Livre : Francis Ford Coppola

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Titre : Francis Ford Coppola

Auteur : Collectif

Editeur : Capricci

Date de publication : 17 novembre 2016

Nombre de pages : 192

Format : 17×24

Prix : 22 euros

Francis Ford Coppola est un réalisateur à part parmi les cinéastes de sa génération, même pendant la période que l’on nomme, a posteriori, Le nouvel Hollywood. Un peu plus âgé que ses camarades, il avait déjà réalisé une poignée de films dans les années 60, notamment au sein de l’écurie Corman, et son premier succès, Le Parrain, a été le précurseur des blockbusters – sans en être vraiment un. Des années 70 prolifiques, puisque suivront une palme d’or en 1974 pour Conversation secrète, suivit la même année de l’immense Le Parrain II. Et pour clore la décennie, rien de mieux que le titanesque Apocalypse Now, qui reçut lui aussi une palme d’or – Coppola, qui a la réputation d’être alors un génie mégalo, n’est pas à ça près. 

Les auteurs : 9 auteurs au sommaire de l’ouvrage : Gilles Esposito (Mad Movies), Cédric Anger (actuellement scénariste pour Beauvois, Schroeter et Téchiné), Jean-François Buiré (Trafic, Eclipses …), Miguel Marias (directeur des archives du film en Espagne), Hervé Aubron (Le magazine littéraire), Murielle Joudet (Chronic’Art), Jean Douchet (Historien du cinéma, Critique, Écrivain …), Jean-François Rauger (Le Monde) et Mathieu Macheret (Le Monde). Vient aussi s’ajouter Coppola lui-même, qui répond aux questions de deux journalistes de Cahiers du Cinéma en 1978.

Coppola en 1969 – Photo Credit: [ Warner Bros / The Kobal Collection ]

Limiter Francis Ford Coppola aux années 70 serait se passer d’une grande partie de son oeuvre, puisqu’il a signé quinze autres long-métrages ces trente-cinq dernières années. Parmi ceux-ci, on trouve des films populaires (Peggy Sue s’est mariée, Dracula), une suite explicitement mise en chantier pour remboursé ses dettes (Le Parrain III), des échecs publics (Coup de Coeur) ou critiques (Jack), mais aussi des films plus confidentiels (Rusty James, Outsiders). Sans oublier ses trois derniers films, réalisés après dix ans d’absence : L’homme sans âge (2007), Tetro (2009) et Twixt  (2012), une trilogie de longs-métrages qui n’ont pas forcément su trouver leur public, mais grâce auxquels le cinéaste avoue lui-même avoir retrouvé le goût de faire des films. Coppola a donc eu une longue carrière (espérons qu’elle ne soit pas finie), sur laquelle Capricci revient en éditant un recueil de réflexions autour des films qui parsèment cette oeuvre flamboyante, pas toujours appréciée à sa juste valeur, ce à quoi l’ouvrage essaie de remédier. Côté édition, tous les textes sont accompagnés d’images tirés des films, et le format du livre le rend très pratique à lire (ni livre de poche, ni pavé).

Chaque auteur s’occupe d’un ou plusieurs films dans des chapitres qui s’enchaînent chronologiquement. C’est ainsi toute la filmographie de Coppola qui est abordée thématiquement au fil des pages. On finit par revoir des scènes mythiques : la trilogie du Parrain, par exemple, est analysée grâce à trois scènes mêlant Michael Corleone et la mort, ou alors on observe des films sous un jour nouveau – Jean Douchet voit en Dracula une déclaration d’amour au cinéma. Et si chaque auteur traite de films différents « dans son coin », on dégage les thématiques qui inondent le cinéma de Coppola : le rapport à la famille bien sûr (qu’on comprend mieux grâce aux éléments biographiques qui nous sont apportés), mais aussi au temps – thème omniprésent, même dans des films qui ont pu être dédaignés par des critiques à cause de leur statut de commande. Et si les premiers films réalisés sous l’égide de Roger Corman, dont nous parle Gilles Esposito de Mad Movies, peuvent paraître dénués d’intérêt, ils apparaissent comme ayant été un véritable jardin créatif pour le tout jeune Francis.

Dans la filmographie de Coppola, il y a un avant et un après Apocalypse Now. Le chapitre qui y est consacré fait le choix de ne pas revenir sur toutes les péripéties du tournage, peut-être un des plus épiques de l’histoire du cinéma. La femme du réalisateur, Eleanor, y a consacré un long documentaire-making of, Heart of Darkness, ainsi qu’un livre, Apocalypse Now journal, publié en France il y a quelques années. Surtout, la plus longue partie du livre est une interview de Coppola datant de l’été 1978 : pendant 30 pages, le cinéaste nous raconte à quel point il lui est difficile de finir le montage du film (il évoque ainsi la scène chez les français, qu’on ne retrouvera qu’en 2001 dans la version Redux !), son rapport à l’argent, ses intentions en faisant le film, l’état d’Hollywood d’alors … Bref un entretien tout aussi passionnant que le reste, surtout que Coppola est conscient d’avoir franchit atteint un point de non-retour dans sa carrière. Il évoque son film suivant, Coup de coeur, mais aussi le cinéma numérique dont il a été le précurseur. Car au final, Coppola a toujours semblé en avance sur son temps, c’est peut-être la raison pour laquelle ses films n’ont pas toujours été jugés à leur juste valeur …

Conclusion

Le mérite de l’ouvrage est de proposer plusieurs points de vue sur une riche filmographie. Seul regret, le film qu’il n’a jamais réussi à réaliser, Megalopolis, n’est pas évoqué. Le livre se pose tout de même une valeur sûre, permettant de se replonger dans des classiques comme dans des films paraissant mineurs au premier abord. Espérons que le patriarche de la famille Coppola continue de nous surprendre à l’avenir … Comme dit quelques lignes plus haut, Francis Ford Coppola a toujours semblé en avance sur son temps, ce qui a sûrement contribué à lui donner l’image de mégalo qu’il a traîné pendant de longues années. Quoi de mieux que cette minute hallucinée aux Oscar de 1979, où il annonce l’avènement d’un nouveau cinéma, pour nous quitter ?

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