À l’occasion de l’hommage à la Hammer lors de l’édition 2015 du Festival de Gérardmer, retour sur un livre indispensable pour maîtriser la justesse de l’apport de la firme anglaise à la libération des esprit et à l’Histoire de la cinéphilie fantastique en France grâce à une poignée d’irréductibles gaulois fascinés par le sang et les jolies femmes, de préférence en même temps…
En l’an de grâce 1959, une poignée de cinéphiles impatients et en attente de découvertes qu’ils n’espéraient plus sortaient d’un no man’s land culturel avec la découverte du Cauchemar de Dracula de Terence Fisher, troisième film des studios Hammer à sortir sur les écrans français. À partir de cette date référence, une cinéphilie française du cinéma fantastique se développe autour d’amateurs qui pour la plupart n’avaient pas connu les grandes heures de l’épouvante des studios Universal avec Bela Lugosi en vampire et Boris Karloff en monstre réveillé par la foudre. Rêves et/ou cauchemars dans l’esprit des rares spectateurs à les avoir vus ou imaginés, ils allaient être bientôt remplacés par la réalité de ces films qui allaient enfin sortir en salles et créer une collection d’images déviantes et fascinantes. C’est la double histoire d’un studio mythique spécialisé dans le cinéma d’horreur et des conditions de sa réception en France que retrace en parallèle Nicolas Stanzik dans son livre Dans les griffes de la Hammer publiée aux éditions Le Bord de l’Eau, que vous pouvez vous procurer, insatiable lecteur, en cliquant sur ce lien indispensable.
Ce premier ouvrage francophone dédié à la firme anglaise mythique était sorti une première fois en 2008 et ressorti en 2011 dans une nouvelle édition complétée. Dans la première partie de ce qui est désormais un ouvrage de référence, Nicolas Stanzik revient sur l’histoire de la Hammer en adoptant un angle original : l’exploitation difficile en salles en France de ces longs-métrages rejetés par la critique officielle dans une époque corsetée. C’est donc à une étude autant cinématographique que sociologique et historique que se livre l’auteur de cet essai enrichissant pour les amateurs de fantastique en général et de cinéma en particulier, avec une approche étonnamment intimiste.
La deuxième partie regroupe douze témoignages de certains de ces amateurs éclairés qui sont devenus les plus ardents défenseurs de ce genre subversif qui les a enchanté. Ah ! ce sang bien rouge qui coulait sur les décolletés plongeants des victimes du célèbre vampire qui descendait lascivement les marches d’un grand escalier. Sexe et meurtres, tout pour séduire à une époque bien chaste. Évidemment, ce n’était pas le seul intérêts de ces films aux scénarios originaux et à la mise en scène soignée, dans de magnifiques décors et dans une ambiance gothique. Ces premiers historiens de l’horreur ont su faire partager leur coup de foudre pour les longues dents du comte revu et corrigé par Christopher Lee ou les expériences cruelles de Peter Cushing dans le rôle du savant de plus en plus fou, Frankenstein.
En replongeant dans leurs souvenirs, ils reviennent sur la naissance de leur amour pour un genre aujourd’hui accepté mais qui était alors grandement méprisé. De Midi-Minuit Fantastique créé entre autres par Michel Caen récemment disparu, Alain Le Bris et Jean-Claude Romer à l’Ecran Fantastique de Alain Schlockoff en passant par d’autres fanzines et revues, ou des ciné-clubs qui vont alors se développer, voici le parcours de ces pionniers qui sont tombés Dans les griffes de la Hammer. Parmi ces témoignages, celui de Bernard Charnacé qui raconte comment il s’est rendu chez Peter Cushing à l’âge de 17 ans est particulièrement émouvant.
Si vous n’avez pas peur des loups-garous, des gorgones, des momies, des vampires et de leurs chasseurs, des foules en furie, plongez-vous dans la lecture de ce livre-fleuve. La préface est signée du principal scénariste de la Hammer, Jimmy Sangster, l’une de ces plumes inoubliables du cinéma, un auteur unique, un artiste au style inimitable et pourtant d’une modestie étonnante. En pages centrales, de très belles photos montrent la variété graphique de ces films, du Cauchemar de Dracula à Frankenstein s’est échappé en passant par Docteur Jekyll et Sister Hyde ou Le Chien des Baskerville.
Après ce tour de force éditorial, Nicolas Stanzik en a accompli un autre en redonnant vie au mythique Midi-Minuit Fantastique dans un ouvrage impressionnant, dont le premier volet (avant trois autres dont les sorties sont très attendues) a été édité au début de l’année 2014. Si la renaissance de la Hammer nous laisse encore songeur, avec les deux films avec Christopher Lee (La Locataire, Cadavres à la Pelle), les deux volets de La Dame en noir ou Les Âmes Silencieuses présenté ici à Gérardmer, son passé reste glorieux, ce qu’il sera possible de vérifier en se procurant cet ouvrage indispensable et en assistant à l’hommage à la Hammer, avec un débat-conférence sur le thème 80 ans de Cinéma Bis Made In Britain au Grand Hôtel (en entrée libre) avec Christophe Gans, les journalistes Christophe Lemaire, Nicolas Stanzick donc et Vincent Lowy, ce dernier étant son éditeur. Le nouvel ouvrage de Nicolas Stanzick (Midi-Minuit Fantastique – L’intégrale, volume 1 aux Editions Rouge Profond, autre éditeur de référence), la réédition revue et corrigée de la revue mythique sera également disponible à la vente lors du festival. Vernissage officiel à l’Espace LAC (Salle Belbriette) le vendredi 30 janvier à 15h30 de l’exposition autour de la Hammer, conçue par Stanzick himself, en entrée libre et gratuite dès le Jeudi 29 janvier et jusqu’au dimanche 1er février, de 10h00 à 19h00 (17h00 le dimanche).
[…] grand spécialiste français de la Hammer, puisqu’il est l’auteur de l’ouvrage de référence Dans les griffes de la Hammer (éditions Bord de l’Eau, 2010). Un deuxième module est présent sur tous les Blu-ray du […]