La Roche-sur-Yon 2016 : Lion

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Lion

Etats-Unis, 2016
Titre original : Lion
Réalisateur : Garth Davis
Scénario : Luke Davies, d’après un roman de Saroo Brierley et Larry Buttrose
Acteurs : Dev Patel, Rooney Mara, Nicole Kidman, Sunny Pawar
Distribution : SND
Durée : 2h09
Genre : Drame
Date de sortie : 22 février 2017

Note : 3/5

Le thème universel de la famille, si souvent malmené au cinéma, est traité avec une efficacité touchante dans ce film, qui vient d’être présenté en ouverture de la 7ème édition du Festival de La Roche-sur-Yon. La vocation principale de Lion est certes de provoquer des torrents de larmes chez les spectateurs les plus sensibles, grâce à l’histoire vraie d’un fils adoptif qui entame la quête insensée de sa mère biologique. Et la bande-annonce américaine en dévoile trop pour ménager quelque élément de surprise que ce soit. Mais dans l’ensemble, le premier film de Garth Davis, jusque là surtout connu pour ses publicités et la mini-série « Top of the Lake », remplit avec un certain aplomb le contrat d’un film à forte tendance sentimentale. Puisque des émotions à fleur de peau ne peuvent réellement produire leur effet auprès du public qu’à condition d’être interprétées par des acteurs de talent, la participation de Dev Patel et de Nicole Kidman s’avère entièrement gagnante. Car c’est la relation profonde entre le protagoniste et sa mère australienne qui confère tout son sens et toute son intensité affective à une histoire, qui n’aurait été, sans ce lien privilégié, qu’un mélodrame larmoyant.

Synopsis : Le jeune Saroo est plein d’admiration pour son frère aîné Guddu. Malgré la pauvreté absolue de leur famille, les deux enfants sont inséparables. Un jour, en 1986, ils partent dans la métropole régionale à l’Est de l’Inde pour chercher du travail. Après s’être endormi sur un banc, Saroo ne trouve plus son frère. Il le cherche dans un train vide, dans lequel il s’endort à nouveau. Or, ce train sans voyageurs va traverser sans arrêt le subcontinent jusqu’à son terminus à Calcutta. Abandonné à lui-même, Saroo y tente tant bien que mal de survivre. Il finit par être recueilli dans un orphelinat, ce qui lui permet plus tard d’être adopté par un couple d’Australiens sans enfants. Saroo devient toute la fierté de sa nouvelle famille. Mais une fois qu’il a commencé ses études à Melbourne, il ne peut s’empêcher de penser aux siens restés en Inde. Comment faire alors pour les retrouver, alors que des milliers de gares pourraient être le point de départ de son périple ?

Cours Saroo, cours

Un soupçon de manipulation sentimentale est omniprésent dans Lion, ou comment refléter le contraste matériel entre la misère en Inde et la vie préservée dans un pays riche tel l’Australie sans tomber dans les clichés les plus évidents. Il est ainsi quasiment impossible de résister à l’impact émotionnel de l’intrigue, savamment menée vers sa conclusion hélas prévisible, bien que les mécanismes de la narration ne se montrent pas assez discrets pour nous convaincre entièrement. La répartition du scénario en deux parties distinctes contribue néanmoins à notre attachement progressif et de plus en plus irrésistible au sort de Saroo, un petit bonhomme coriace qui doit traverser l’enfer avant d’avoir une deuxième chance loin de chez lui. Le point agréablement distinctif de cette histoire-ci, au fond semblable à tant d’autres qui cherchent à nous attendrir avec des enfants en détresse aux gros yeux de biche, c’est qu’elle sait adroitement relativiser le malheur d’un côté de l’océan indien et le bonheur de l’autre. Pour revenir à notre cher thème de la famille : celle qui s’est recomposée en Australie a beau avoir l’air dysfonctionnelle, en raison du seul détail omis du matériel promotionnel, elle ne puise pas pour autant moins de force de l’amour que ses membres se portent l’un à l’autre que son pendant indien.

Le miracle de Google Earth

En dépit de toutes ces ruses inhérentes au chantage aux larmes, le ton de Lion se montre plutôt nuancé. L’image de Saroo, si mignon et si courageux pendant la première partie du film, s’assombrit ainsi au fur et à mesure que le poids psychologique d’un passé resté en suspens devient insoutenable pour lui. L’interprétation de Dev Patel reflète brillamment cette descente tardive aux enfers, qui voit le fils modèle dégringoler au fil des mois vers le statut forcément moins séduisant d’illuminé, obsédé par une idée fixe a priori impossible à réaliser. La seule à croire de façon inconditionnelle en lui est sa mère, un rôle de maturité que Nicole Kidman remplit avec bravoure, en guise de digne représentante de ces millions de mères qui aiment et qui souffrent en silence. Dommage alors que toute la finesse de ce rapport familial se fasse en quelque sorte voler la vedette par le retournement final. Celui-ci ne survient pas seulement d’une manière trop abrupte et peu crédible. Il ouvre de surcroît la voie à une mise en abîme avec le véritable héros de cette histoire Saroo Brierley, que l’on retrouve dans maintes photos et films de famille qui ponctuent le générique de fin comme pour mieux arracher les dernières larmes du corps des spectateurs.

Conclusion

Prière de venir avec au moins un paquet de mouchoirs, si vous souhaitez voir ce film qui ne sortira en France qu’au mois de février 2017, histoire de tirer profit de ses chances, pour le moment hypothétiques, dans la course aux Oscars ! Lion remplit certes toutes les cases d’un film pas toujours subtilement formaté. Ce sont par contre les légers écarts de cette recette diablement efficace qui nous y ont subjugués, tout comme les interprétations intenses et sincères de ses deux têtes d’affiche, Dev Patel et Nicole Kidman.

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