L’Invasion des profanateurs de sépultures
Etats-Unis, 1956
Titre original : Invasion of the Body Snatchers
Réalisateur : Don Siegel
Scénario : Daniel Mainwaring, d’après la nouvelle de Jack Finney
Acteurs : Kevin McCarthy, Dana Wynter, Larry Gates
Distribution : Sinfonia Films
Durée : 1h20
Genre : Science-fiction
Date de sortie : 8 novembre 1967
Note : 4/5
Dans le cadre de son cycle Contamination aux riches pépites cinématographiques, le Forum des Images propose ce samedi 3 janvier 2015 de redécouvrir ce classique de la SF que l’on peut lire comme une allégorie anticommuniste ou un film d’invasion de l’intérieur au premier degré. Toujours aussi angoissant…
Synopsis : Il se passe quelque chose d’étrange dans une petite bourgade de Californie. Des patients du docteur Miles Bennell s’inquiètent de ne pas reconnaître certains de leurs proches. Ce qui ressemble à une forme de paranoïa collective révèle un secret plus inquiétant. L’invasion a déjà commencé…
Paranoïa ou invasion secrète ?
Le producteur Walter Wanger découvre, en 1954, dans le Colliers Magazine une nouvelle science-fiction et considère immédiatement la possibilité d’en faire une adaptation cinématographique. Après en avoir acquis les droits, Wanger soumet le projet à Don Siegel, alors célèbre pour avoir réalisé Les révoltés de la cellule 11. Doté d’un budget de 400 000 dollars (soit moitié moins que la plupart des œuvres de science-fiction de l’époque et de quatre semaines de tournage, Siegel signe avec L’invasion des profanateurs de sépultures l’une des œuvres les plus marquantes de la décennie et du genre.
Les envahisseurs venus d’on ne sait où adoptent un comportement froid où la moindre trace d’émotion est interdite et cherchent à infiltrer insidieusement la société américaine, ce qui fait de ce film une allégorie anticommuniste en pleine période maccarthyste de chasse aux sorcières. Si cet aspect est loin d’être négligeable et fut clairement assumé comme tel, il s’agit avant tout d’un classique du cinéma fantastique en général et des années 50 en particulier, un excellent divertissement souvent cité par les connaisseurs comme l’un des plus originaux et des plus angoissants. Un film d’épouvante dans le sens le plus noble du terme.
Don Siegel, cinéaste fétiche de Clint Eastwood adopte un modèle de mise en scène d’abord d’un grande sobriété avant la révélation de l’invasion, et de plus en plus oppressante soulignant la crainte constante et la paranoïa grandissante des héros qui luttent contre l’ennemi invisible qu’ils doivent s’empresser de dénoncer à une opinion incrédule. Pas de profanations de sépultures dans ce film malgré le titre, il s’agit plutôt de voleurs ou d’échangeurs de corps (pour une traduction littérale), celui qui a traduit le titre original (Invasion of the Body Snatchers) n’avait pas dû voir le film en a fait une mauvaise interprétation, désormais rentrée dans l’histoire du cinéma…
Deux créateurs aux tempéraments bien différents
Le comédien principal Kevin McCarthy, révélé peu avant ce film grâce au rôle de Biff Loman dans Mort d’un commis voyageur (en 1951) d’après Arthur Miller est décédé à l’âge de 96 ans en 2010 et n’avait jamais cessé de tourner jusqu’à la fin de sa vie, notamment avec Joe Dante pour L’Aventure Intérieure en savant fou ou dans Les Looney Tunes, l’aventure continue dans lequel il reprenait brièvement son rôle en portant un de ces cosses mythique. Le réalisateur assumait son clin d’oeil jusqu’à le tourner en noir et blanc dans un film autrement en couleurs.
Cette histoire a connu trois autres adaptations au cinéma : en 1978 par Philip Kaufman, sous le titre L’Invasion des profanateurs (Invasion of The Body Snatchers) avec Donald Sutherland ; en 1993 par Abel Ferrara, sous le titre Body Snatchers (particulièrement horrifique) et en 2007 par Oliver Hirschbiegel, réalisateur de La Chute (les derniers jours de Hitler) sous le titre Invasion, avec Nicole Kidman et Daniel Craig. Mais cette version reste, et de très loin la meilleure.
Conclusion
Ce classique de la science-fiction, indémodable dans sa mise en scène, son interprétation et ses thèmes abordés ressort dans une version numérique restaurée ce mercredi 14 janvier 2015.
http://youtu.be/WFnSxeDfENk