Critique : Like someone in Love

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Like someone in love

Japon, France : 2012
Réalisateur : Abbas Kiarostami
Acteurs : Rin Takanashi, Tadashi Okuno, Ryo Kase
Distribution : MK2 Diffusion
Durée : 1h49
Genre : Drame
Date de sortie : 10/12/12

4/5

C’est au Japon, avec des comédiens japonais, que le metteur en scène iranien Abbas Kiarostami a tourné Like Someone in Love, son 2ème film réalisé en exil. Certaines critiques l’ayant accusé de s’être occidentalisé dans le franco-italien Copie Conforme, son film précédent, Kiarostami a trouvé la réponse : « Tourner au Japon c’est comme tourner en Iran. Que ce soit du japonais ou du perse, c’est toujours du sous-titrage ».

Synopsis: Un vieil homme et une jeune femme se rencontrent à Tokyo. Elle ne sait rien de lui, lui croit la connaître. Il lui ouvre sa maison, elle lui propose son corps. Mais rien de ce qui se tisse entre eux en l’espace de vingt-quatre heures ne tient aux circonstances de leur rencontre.

Une première scène qui met l’eau à la bouche

Il arrive souvent que la première scène d’un film donne le ton de ce qui va suivre. Dans Like Someone in Love, cette première scène, très longue, très belle, met très vite le spectateur en appétit : on retrouve Akiko, une jeune fille séduisante, qui, dans un bar de Tokyo, téléphone à son petit ami en lui mentant sur l’endroit où elle se trouve et qui doit interrompre cette conversation à plusieurs reprises pour répondre au patron du bar. Ce dernier lui parle d’un rendez-vous qu’elle doit honorer alors qu’Akiko souhaite avant tout aller retrouver sa grand-mère, venue spécialement à Tokyo pour la rencontrer et qui ne cesse de lui laisser des messages pour qu’elle passe la voir à la gare. On comprend très vite de quel rendez-vous parle le patron du bar : en fait Akiko est une étudiante qui, pour payer ses études, se transforme de temps en temps en escort-girl. De guerre lasse, Akiko va finir par céder au patron du bar pour partir en taxi vers cette destination tarifée. On suit alors le taxi qui circule sans bruit dans le Tokyo nocturne : scène esthétiquement très réussie qui devient émouvante lorsque, à la demande d’Akiko, le chauffeur tourne autour du lieu de rendez-vous avec la grand-mère, qu’on voit attendre courageusement, mais vainement, sa petite-fille.

L’histoire d’un trio

La suite du film va tourner autour des rapports qui vont se nouer entre Akiko, son client et son petit ami. Takashi, le client, est un vieux veuf, ancien professeur de sociologie qui, à l’arrivée d’Akiko, souhaiterait avant tout qu’elle partage avec lui un bon repas et une bonne bouteille de vin : manifestement, ce qu’il achète à Akiko, c’est de la compagnie et non des rapports à caractère sexuel. Très vite, vont se nouer entre eux des rapports de grand père à petite fille. D’ailleurs, le lendemain, lorsque Takashi et Akiko rencontrent par hasard Noriaki, le petit ami, ce dernier est persuadé que Takashi est un grand-père qu ‘Akiko ne lui avait jamais présenté. La jalousie ne viendra que bien plus tard, lorsqu’un ami de Noriaki reconnaîtra en Takashi son ancien professeur à la Faculté.

Kiarostami, à l’aise au Japon

Dans cette œuvre présentée en compétition officielle lors du dernier Festival de Cannes et qui est repartie bredouille, Abbas Kiarostami a su adapter ses propres qualités à celles qu’on retrouve chez un certain nombre de réalisateurs japonais : D’un côté, comme souvent chez lui, beaucoup de plans mettant en scène une voiture, beaucoup de plans fixes et de travellings en plan-séquence, de l’autre côté, une mise en scène de l’émotion d’une grande justesse, sans aucune emphase. Près de 50 ans après sa mort, c’est un peu comme si Ozu avait ressuscité pour nous offrir un ultime film. Par ailleurs, cet exil a conduit Kiarostami (l’a contraint?) à abandonner ce que certains spectateurs avaient du mal à supporter dans son cinéma : l’utilisation de dialogues dans le style de la poésie persane et une narration faisant davantage appel à l’allégorie qu’à une peinture réaliste des situations évoquées. On remarquera aussi ce qui fait parfois la force des très bons films : l’absence de musique d’accompagnement, les seules musiques qu’on entende étant une musique d’ambiance dans le bar, au début du film, et celle en provenance d’un CD dans l’appartement du vieux professeur.

Résumé

Il est possible que Like Someone in Love puisse décevoir les admirateurs de la première heure d’Abbas Kariostami. Pour les autres, c’est le contraire qui est susceptible arriver : enfin un film prenant le réel à bras le corps ! En tout cas, quel que soit le camp dans lequel on se situe, on ne peut qu’être touché par cette peinture pudique et sensible des rapports humains. Un film dont l’effet grandit avec le temps : connaissez vous plus beau compliment ?

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