2016, l’année des réveils catastrophiques ! Il serait facile de prendre les nouvelles néfastes qui nous proviennent des Etats-Unis sur le ton de l’ironie, en mettant les titres des sorties de la semaine à contribution. Cela donnerait quelque chose comme « on aurait préféré dormir deux nuits avant ce matin infernal, qui nous apporte les dernières nouvelles du cosmos, pour dire que le contrôle créatif nous échappe désormais et que les beaux jours sont derrière nous. L’asocial, le client qui a donné tort aux sondages et que l’Amérique adore déjà, n’a su résister à l’invitation de devenir de la graine de champion, même si les quatre années à venir ne seront pas une histoire d’amour. Espérons que le nouveau président ne sera qu’un oiseau de passage, certainement pas un père en grand, puisque ce sadique brûlera la mer et la terre derrière lui, n’adhérant pas à la règle suprême, tu ne tueras point ! » Bref, à mon petit niveau personnel, un nouveau boycott des Etats-Unis et par conséquent du cinéma américain s’impose, ce qui sera mon acte de résistance aussi dérisoire que symbolique face à la connerie une fois de plus avérée du peuple américain, qui a donc élu l’ignoble Donald Trump comme président !
Au moins, nous aurons largement de quoi faire avec le cinéma national et du monde, hors Etats-Unis, comme le prouve le programme plutôt bien fourni de ce mercredi, historique pour toutes les mauvaises raisons. A commencer par les deux films chroniqués par notre cher confrère Jean-Jacques, Le Client de Asghar Farhadi, l’un des lauréats du dernier Festival de Cannes, et le documentaire sur l’assurance maladie que les Américains vont encore plus nous envier, La Sociale de Gilles Perret. Le cinquième film de Marc Fitoussi, Maman a tort, s’engage, quant à lui, dans la même brèche du cinéma engagé, quoique avec un résultat plus mitigé. Enfin, le nouveau documentaire de Julie Bertuccelli évoque le destin d’une femme handicapée, qui écrit des livres d’une façon très étonnante.
A cause de notre nouvelle prise de position antiaméricaine, nous ne ferons pas davantage mention ici du programme des reprises, truffé de classiques du cinéma hollywoodien, issus d’une époque – la fin des années 1940 et le début des années ’50 – qui n’était pas non plus exempte d’errements politiques préoccupants. Le reste des films de la semaine incite plutôt à la mélancolie, avec un Wim Wenders en petite forme, son confrère Radu Mihaileanu qui s’en sort à peine mieux et de grosses comédies françaises, qui préparent à leur façon abrutissante le terrain d’une alternance du coup réellement effrayante plus près de chez nous, que nous ne jugions pas possible avant le cauchemar choquant de la nuit dernière.
2 nuits jusqu’au matin de Mikko Kuparinen (Finlande, Comédie dramatique, 1h28, distribué sur 30 copies)
Les Beaux jours d’Aranjuez de Wim Wenders (Allemagne, Drame, 1h37, distribué sur 27 copies) avec Reda Kateb, Sophie Semin et Jens Harzer
Brûle la mer de Maki Berchache et Nathalie Nambot (France, Documentaire, 1h15)
Le Client de Asghar Farhadi (Iran, Drame, 2h03, distribué sur 175 copies) avec Shahab Hosseini, Taraneh Alidoosti et Babak Karimi (critique)
Creative control de Benjamin Dickinson (Etats-Unis, Drame, 1h37) avec Benjamin Dickinson, Nora Zehetner et Dan Gill
Dernières nouvelles du cosmos de Julie Bertuccelli (France, Documentaire, 1h25, distribué sur 53 copies)
Graine de champion de Simon Lereng Wilmont et Viktor Kossakovsky (Danemark, Documentaire, 1h23, distribué sur 18 copies)
L’Histoire de l’amour de Radu Mihaileanu (France, Drame, 2h14, distribué sur 260 copies) avec Derek Jacobi, Sophie Nélisse et Gemma Arterton
Inferno de Ron Howard (Etats-Unis, Thriller, 2h01) avec Tom Hanks, Felicity Jones et Ben Foster
L’Invitation de Michael Cohen (France, Comédie, 1h21, distribué sur 80 copies) avec Nicolas Bedos, Michael Cohen et Gustave Kervern
Ma famille t’adore déjà de Alan Corno et Jérôme Commandeur (France, Comédie, 1h25, distribué sur 317 copies) avec Thierry Lhermitte, Marie-Anne Chazel et Sabine Azéma
Maman a tort de Marc Fitoussi (France, Comédie dramatique, 1h52, distribué sur 103 copies) avec Emilie Dequenne, Jeanne Jestin et Sabrina Ouazani
Mon père en grand de Mathias Renou (France, Biographie filmique, 1h30, distribué sur 9 copies) avec Serge Renou, Alix Schmidt et Marie Rivière
Les Oiseaux de passage de Olivier Ringer (Belgique, Comédie dramatique, 1h24, distribué sur 15 copies) avec Clarisse Djuroski, Lea Warny et Alain Eloy
Sadoum de Christophe Karabache (France, Drame, 1h36, distribué sur 3 copies) avec Vincent Cheikh, Marie-Cécile Gueguen et Grégory Baudelin
La Sociale de Gilles Perret (France, Documentaire, 1h24, distribué sur 35 copies) (critique)
Tu ne tueras point de Mel Gibson (Etats-Unis, Guerre, 2h19, distribué sur 274 copies) avec Andrew Garfield, Sam Worthington et Vince Vaughn
Reprises
Boulevard du crépuscule (1950) de Billy Wilder (Etats-Unis, Drame, 1h50, distribué sur 5 copies) avec Gloria Swanson, William Holden et Erich von Stroheim
L’Héritière (1949) de William Wyler (Etats-Unis, Drame, 1h55, distribué sur 1 copie) avec Olivia De Havilland, Montgomery Clift et Ralph Richardson
Laura (1944) de Otto Preminger (Etats-Unis, Policier, 1h28, distribué sur 1 copie) avec Gene Tierney, Dana Andrews et Clifton Webb
Rivière sans retour (1954) de Otto Preminger (Etats-Unis, Western, 1h31, distribué sur 1 copie) avec Marilyn Monroe, Robert Mitchum et Rory Calhoun