Compact et varié, le programme de la semaine se prête à tous les goûts cinéphiles, sans obligatoirement frôler la surchauffe de consommation. Pendant que les uns partent en vacances de ski et les autres refont un tour de festivaliers aguerris chez nos voisins allemands, les spectateurs ordinaires, qui font malgré tout vivre l’industrie du cinéma, peuvent se soumettre à un régime complet de films joliment complémentaires. Nos coups de cœur de la semaine sont donc encore plus subjectifs que d’habitude, puisque même les rares films qui ne nous tentent pas trop trouveront certainement leur public. Nous sommes en fait plutôt d’accord avec notre cher confrère Jean-Jacques. Au détail mineur près que le documentaire sur le concours d’entrée à la Femis, auquel nous nous avions inscrits une fois, il y a fort longtemps, sans même oser assister à la première épreuve, nous dit plus que le drame conjugal apparemment hautement prometteur Nous nous marierons de Dan Uzan.
Ce dernier serait cependant le choix par défaut pour la Saint-Valentin mardi prochain, puisque le reste du programme vaguement dans la même catégorie lorgne plutôt vers une ambiance aussi stylisée que glauque côté gay dans le documentaire Brothers of the Night de Patric Chiha ou bien vers la poursuite mercantile des jeux sadiques dans Cinquante nuances plus sombres de James Foley. Quitte à choisir une resucée, autant se marrer devant la relecture de l’univers des superhéros façon Lego dans Lego Batman Le film de Chris McKay. Et si vous avez besoin d’un laps de temps conséquent pour vous réchauffer dans votre salle de cinéma préférée, alors que l’hiver mène sa dernière offensive à l’extérieur, deux films de près de trois heures sont faits pour vous, qui ne pourraient pas être plus différents l’un de l’autre : le trash American Honey de Andrea Arnold et le spirituel Silence de Martin Scorsese.
Enfin, il est peu probable qu’une des nouvelles sorties de la semaine atteigne chez nous le même degré d’implication, de respect, voire de passion, que les deux ressorties, nullement obscures, mais toujours dignes d’être revues. Là où Du silence et des ombres de Robert Mulligan nous subjugue chaque fois par la noblesse profonde du personnage interprété magistralement par Gregory Peck, ainsi que par son regard très juste sur l’enfance et ses processus d’apprentissage guère idylliques, la version du Livre de la jungle de Zoltan Korda est infiniment plus exubérante et enchanteresse que toutes celles qui l’ont suivie jusqu’à très récemment. L’acteur Sabu y avait trouvé l’un de ses rôles les plus emblématiques, dans un mélange ambigu entre les préjugés raciaux de l’époque et son talent viscéral de comédien hélas jamais pleinement exploité.
American Honey de Andrea Arnold (Royaume-Uni, Comédie dramatique, 2h43) avec Sasha Lane, Shia LaBeouf et Riley Keough (critique)
Brothers of the Night de Patric Chiha (Autriche, Documentaire, 1h28) (critique)
Cinquante nuances plus sombres de James Foley (Etats-Unis, Drame érotique, 1h55) avec Jamie Dornan, Dakota Johnson et Kim Basinger
Le Concours de Claire Simon (France, Documentaire, 1h59, distribué sur 28 copies) (critique)
Lego Batman Le film de Chris McKay (Etats-Unis, Animation, 1h44, distribué sur 547 copies)
Nous nous marierons de Dan Uzan (France, Drame, 1h16, distribué sur 10 copies) avec Karim El Hayani, Faten Kesraoui et Sylvia Berge (critique)
La Règle du jeu de Ambroise Carminati (France, Comédie dramatique, 1h23, distribué sur 9 copies) avec Azedine Kasri, Benjamin Haddad et Mathieu Lardier
Seuls de David Moreau (France, Action, 1h30) avec Stéphane Bak, Sofia Lesaffre et Jean-Stan Du Pac
Silence de Martin Scorsese (Etats-Unis, Drame religieux, 2h40, distribué sur 202 copies) avec Andrew Garfield, Adam Driver et Liam Neeson
Un paese de calabre de Catherine Catela et Shu Aiello (Italie, Documentaire, 1h30)
Reprises
Du silence et des ombres (1962) de Robert Mulligan (Etats-Unis, Drame d’enfance, 2h09, distribué sur 4 copies) avec Gregory Peck, Mary Badham et Phillip Alford
Le Livre de la jungle (1942) de Zoltan Korda (Etats-Unis, Aventure, 1h44) avec Sabu, Joseph Calleia et John Qualen