Deux genres sur lesquels on passe d’habitude en toute vitesse dans nos chroniques hebdomadaires sont particulièrement bien représentés en ce premier mercredi du mois d’avril : les films d’animation et les documentaires. Vacances de Pâques obligent, les premiers cherchent à tirer profit du public familial à la disposition d’un marché du cinéma qui se porte globalement bien. Tandis que la plupart de ces films pour enfants nous laissent indifférents, par leur thème ou leur aspect visuel peu attrayant, nous ne pourrons jamais remercier assez le distributeur ED Distribution de soutenir depuis près de vingt ans l’œuvre du génie de l’animation pour adultes Bill Plympton, une fois de plus à l’honneur cette semaine grâce à La Vengeresse, notre coup de cœur incontesté ! Du côté du documentaire, le succès sur la durée des retransmissions d’opéras dans les salles obscures nous laisse supposer que L’Opéra de Jean-Stéphane Bron sera le plus à même de rencontrer un public conséquent. Ce qui n’enlève toutefois rien au mérite des autres incursions dans le domaine du réel, comme l’engagement citoyen sur un rythme musical dans Massilia Sound System Le film de Christian Philibert, le sport pratiqué sous l’eau lui aussi plutôt mélomane dans Parfaites de Jérémie Battaglia, voire le formellement plus exigeant Les Sauteurs de Abou Bakar Sidibé, Estephan Wagner et Mortiz Siebert.
La sélection s’avère plus problématique parmi la petite dizaine de films de fiction nouvellement à l’affiche cette semaine. La plus grosse sortie est sans doute aussi la plus calamiteuse, Philippe De Chauveron tentant de singer son succès du gentil et en fin de compte inoffensif Qu’est-ce qu’on a fait au bon dieu ? d’il y a trois ans avec un autre conte social truffé de clichés immondes. De même, du côté américain, l’adaptation de Power Rangers carbure avant tout aux sentiments nostalgiques de ceux qui avaient suivi religieusement la série dans les années 1990. C’est davantage du côté des sorties plus confidentielles que le cinéphile pourrait trouver son bonheur, notamment grâce au deuxième film de Cyril Mennegun La Consolation, au sombre drame polonais au féminin United States of Love de Tomasz Wasilewski, à Céline Sallette qui suit les traces récentes de Isabelle Adjani dans Corporate de Nicolas Silhol, ainsi qu’éventuellement, même si notre cher confrère Sébastien n’était guère emballé, à Le Serpent aux mille coupures de Eric Valette avec Tomer Sisley, à qui nous adressons nos meilleurs vœux de rétablissement suite à sa fracture d’épaule en Laponie la semaine dernière !
Enfin, trois ressorties de choix illumineront cette semaine les écrans des meilleures salles de répertoire. La plus exceptionnelle d’entre elles nous paraît être Mandy de Alexander Mackendrick, un drame d’enfance qui traite de front la question du handicap, ce qui n’allait hélas pas du tout de soi dans l’Angleterre du début des années 1950. De la même époque, le classique Un Américain à Paris de Vincente Minnelli – Oscar du Meilleur Film en 1952 – relève d’un type d’évasion infiniment plus imaginaire, grâce à ses décors parisiens bâtis en studio et son histoire romantique évoquée par le biais d’amples séquences de danse inoubliables. Puis l’italien Mesdames et messieurs bonsoir, réalisé par pas moins de cinq réalisateurs dont Ettore Scola et Mario Monicelli, est typique des films à épisodes très à la mode chez nos voisins transalpins dans les années ’60 et ’70, ici sous forme d’une satire politique. Signalons enfin l’ouverture à la Cinémathèque Française ce soir de la rétrospective dédiée au réalisateur Jacques Becker avec la projection de son dernier film Le Trou. Trois de ses films ressortiront par ailleurs en version numérique restaurée dans deux semaines.
A bras ouverts de Philippe De Chauveron (France, Comédie, 1h33, distribué sur 618 copies) avec Christian Clavier, Ary Abittan et Elsa Zylberstein
La Consolation de Cyril Mennegun (France, Drame, 1h18, distribué sur 22 copies) avec Alexandre Guansé, Corinne Masiero et Elisabeth Ventura
Corporate de Nicolas Silhol (France, Drame, 1h35) avec Céline Sallette, Lambert Wilson et Stéphane De Groodt
L’Ecole des lapins de Ute von Munchow-Pohl (Allemagne, Animation, 1h16, distribué sur 113 copies)
Low notes de Laurier Fourniau (Belgique, Drame, 1h25) avec Dashiell Boam, Pedro Fontaine et Cooper Oznowicz
Massilia Sound System Le film de Christian Philibert (France, Documentaire, 1h38)
Les Mauvaises herbes de Louis Bélanger (Canada, Comédie, 1h48) avec Alexis Martin, Gilles Renaud et Emmanuelle Lussier-Martinez
L’Opéra de Jean-Stéphane Bron (France, Documentaire, 1h50, distribué sur 79 copies)
Parfaites de Jérémie Battaglia (Canada, Documentaire, 1h16, distribué sur 35 copies)
Power rangers de Dean Israelite (Etats-Unis, Fantastique, 2h04, distribué sur 437 copies) avec Elizabeth Banks, David Denman et Naomi Scott
Les Sauteurs de Abou Bakar Sidibé, Estephan Wagner et Mortiz Siebert (Danemark, Documentaire, 1h20)
Les Schtroumpfs et le village perdu de Kelly Asbury (Etats-Unis, Animation, 1h30, distribué sur 589 copies)
Le Serpent aux mille coupures de Eric Valette (France, Thriller, 1h46) avec Tomer Sisley, Terence Yin et Pascal Greggory (critique)
United States of Love de Tomasz Wasilewski (Pologne, Drame, 1h46, distribué sur 29 copies) avec Julia Kijowska, Magdalena Cielecka et Dorota Kolak (critique)
La Vengeresse de Bill Plympton et Jim Lujan (Etats-Unis, Animation, 1h16, distribué sur 50 copies)
Reprises
Mandy (1952) de Alexander Mackendrick (Royaume-Uni, Drame, 1h33, distribué sur 12 copies) avec Mandy Miller, Phyllis Calvert et Jack Hawkins
Mesdames et messieurs bonsoir (1976) de Luigi Comencini, Ettore Scola, Luigi Magni, Nanni Loy et Mario Monicelli (Italie, Comédie, 1h42, distribué sur 7 copies) avec Marcello Mastroianni, Vittorio Gassman et Ugo Tognazzi
Un Américain à Paris (1951) de Vincente Minnelli (Etats-Unis, Comédie musicale, 1h53, distribué sur 4 copies) avec Gene Kelly, Leslie Caron et Oscar Levant