Après l’été, une saison qui ne lui est habituellement guère favorable, le cinéma français organise enfin sa riposte. Le hic, c’est que les films français à l’affiche dès ce mercredi nous ont généralement l’air assez quelconques, avec notamment quatre comédies qui remplissent tant bien que mal leur contrat de divertissement, mais qui ne vont pas vraiment au-delà. Leur casting prestigieux, au sein duquel on peut trouver des noms aussi familiers du public que Catherine Deneuve, François Damiens et Vincent Elbaz, risque ainsi d’être leur principal argument de vente. Dans ce contexte peu passionnant, un film d’animation sur le règne des talibans en Afghanistan a au moins l’avantage de sortir du lot, même si notre confrère Jean-Jacques a émis quelques réserves sérieuses à l’égard de Les Hirondelles de Kaboul, réalisé en tandem par Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec.
Non, si vous faites preuve d’une certaine exigence en termes de consommation cinématographique, il conviendrait davantage de vous conseiller trois ou quatre films plutôt contemplatifs. Les femmes y sont mises à l’honneur d’une manière pour le moins détournée, puisque le très beau et touchant Le Mariage de Verida de Michela Occhipinti suit de près le calvaire d’une future épouse mauritanienne, soumise au rituel archaïque du gavage. Dans Liberté de Albert Serra, les mœurs sont forcément plus libertines, avec le style très marqué du réalisateur comme garde-fou pour ne pas dévier vers le terrain glissant de la pornographie. Venus de la péninsule ibérique, deux films tenteront d’abreuver vos sens de belles images, certes, mais également de valeurs plus profondes, comme démontré dans Viendra le feu de Oliver Laxe, qui a été jugé avec plus de clémence par Jean-Jacques, et le documentaire de danse Dantza de Telmo Esnal.
Du côté des reprises, le programme est assez léger en ce début de mois de septembre, avec néanmoins deux films qui valent la (re)découverte ! Dans le concis Détour de Edgar G. Ulmer, les codes du film noir sont magistralement réduits à leur essence, tandis que River of Grass de Kelly Reichardt montre d’ores et déjà à l’état embryonnaire le talent de la réalisatrice, qui a su s’imposer en France auprès d’un public confidentiel ces dix dernières années, grâce à des films comme Wendy & Lucy, La Dernière piste et Certaines femmes.
Andy de Julien Weill (France, Comédie, 1h30, distribué sur 129 copies) avec Vincent Elbaz, Alice Taglioni et Jacques Weber
Apollo 11 de Todd Douglas Miller (États-Unis, Documentaire, 1h33)
Cœur de pierre de Claire Billet et Olivier Jobard (France, Documentaire, 1h29)
Dantza de Telmo Esnal (Espagne, Documentaire, 1h38)
Fête de famille de Cédric Kahn (France, Comédie dramatique, 1h40) avec Catherine Deneuve, Emmanuelle Bercot et Vincent Macaigne
Fourmi de Julien Rappeneau (France, Comédie dramatique, 1h45) avec François Damiens, Maleaume Paquin et André Dussollier
Les Hirondelles de Kaboul de Zabou Breitman et Eléa Gobbé-Mévellec (France, Animation, 1h21) (critique)
Inséparables de Varante Soudjian (France, Comédie, 1h37, distribué sur 405 copies) avec Ahmed Sylla, Alban Ivanov et Julien Duverger
Liberté de Albert Serra (France, Drame, 2h02) avec Helmut Berger, Marc Susini et Iliana Zabeth
Le Mariage de Verida de Michela Occhipinti (Italie, Drame, 1h34, distribué sur 47 copies) avec Sidi Mohamed Chinghaly, Verida Beitta et Ahmed Deiche
Viendra le feu de Oliver Laxe (Espagne, Drame, 1h25, distribué sur 55 copies) avec Shakib Ben Omar, Amador Aira Mon et Benedicta Sanchez (critique)
Reprises
Détour (1945) de Edgar G. Ulmer (États-Unis, Thriller, 1h07) avec Tom Neal, Ann Savage et Claude Drake
River of Grass (1994) de Kelly Reichardt (États-Unis, Drame, 1h16, distribué sur 30 copies) avec Larry Fessenden, Dick Russell et Stan Kaplan