Les sorties du 4 décembre 2019

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Les Reines de la nuit © Zelig Films Distribution Tous droits réservés

Semaine de grève = semaine de cinéma ? Rien n’est moins sûr en ces dernières heures avant une nouvelle turbulence sociale majeure que notre pays devrait traverser ces prochains jours. Parmi tant d’autres choses, le cinéma fera a priori les frais de cette grogne ambiante. Même si cette dernière est plutôt justifiée, il est quand même dommage que le programme prometteur des sorties de la semaine aura à batailler plus que d’habitude, afin de trouver son public. En effet, les offres complémentaires ne manquent pas en ce début du mois de décembre, avec notamment trois films qui nous intriguent plus que les autres. A commencer par le retour de deux monstres sacrés du cinéma, restés honteusement confidentiels tout au long de leurs illustres carrières. Le maître de l’animation française Jean-François Laguionie, désormais octogénaire, sortira seulement son sixième long-métrage Le Voyage du prince, acclamé au dernier Festival d’Annecy. Quant au réalisateur palestinien Elia Suleiman, sa popularité cannoise ne l’a pas empêché d’être absent de nos écrans depuis dix longues années et son magistral Le Temps qu’il reste. Son regard à la fois narquois et burlesque sur le monde en général et la question palestinienne en particulier fera sans doute une fois de plus mouche dans It must be heaven ! Enfin, après l’animation et la fiction, notre coup de cœur documentaire de la semaine est Les Reines de la nuit de Christiane Spiéro, une plongée dépourvue de préjugés dans le monde des transformistes.

Made in Bangladesh © Pyramdie Films Tous droits réservés

Ce n’est pas qu’en France que les hommes et les femmes se battent pour un peu plus d’égalité sociale. Comme preuve, Made in Bangladesh de Rubaiyat Hossain sur une ouvrière du textile qui ose mettre en place un syndicat dans un univers sous le joug de l’exploitation éhontée des femmes. Notre cher confrère Jean-Jacques a visiblement apprécié ce brûlot social. Un peu moins tragiques, voire carrément optimistes, deux documentaires pourraient également valoir le détour, à condition que vous habitiez à distance raisonnable d’un cinéma : le premier sur le long combat citoyen qui avait pour objectif de faire perdurer le cinéma Georges Méliès à Montreuil, Ceux qui nous restent de Abraham Cohen, et le deuxième, Souviens-toi de ton futur de Enora Boutin, qui poursuit la tradition naissante des œuvres en faveur d’une conception plus saine de l’agriculture en France et ailleurs. Parmi les trois thrillers à l’affiche dès aujourd’hui, venus de France, des États-Unis et de Chine, c’est l’option asiatique qui nous paraît la plus aboutie, Un été à Changsha de Zu Feng ayant été sélectionné à Un certain regard lors du dernier Festival de Cannes.

Le Diable en boîte © Splendor Films Tous droits réservés

Le mercredi le plus chargé du mois en termes de ressorties brille par la variété et la rareté des films soi-disant anciens. Aucun parmi eux ne peut en fait prétendre au statut de classique universellement reconnu et passé en boucle devant les yeux des cinéphiles nostalgiques. Pourtant, ils valent tous les cinq parfaitement la peine d’être découverts ou redécouverts ! Vous aurez donc le choix entre un Peter O’Toole en grande forme dans le rôle d’un réalisateur passablement mégalomane dans Le Diable en boîte de Richard Rush, un assez méconnu Mark Rylance à l’époque de Institut Benjamenta des frères Quay, l’un des films les plus étranges qui soient, ainsi que Richard Harris en défenseur des Indiens d’Amérique dans le western imprégné des valeurs du Nouvel Hollywood Un homme nommé cheval de Elliot Silverstein. Encore plus exotiques et donc dignes d’intérêt sont l’oppressante épopée historique Kanal de Andrzej Wajda et le documentaire musical autour des Talking Heads de Jonathan Demme Stop Making Sense. Bref, start watching more movies !


La Berceuse d’Elphie de Axel Rodriguez-Allibert et Camille Delhommeau (France, Comédie, 1h10) avec Axel Rodriguez-Allibert, Camille Delhommeau et Pierre Raffy

Brooklyn Affairs de Edward Norton (États-Unis, Policier, 2h24, distribué sur 210 copies) avec Edward Norton, Bruce Willis et Gugu Mbatha-Raw

Ceux qui nous restent de Abraham Cohen (France, Documentaire, 1h55)

La Famille Addams de Conrad Vernon et Greg Tiernan (États-Unis, Animation, 1h27)

It must be heaven de Elia Suleiman (Palestine, Comédie dramatique, 1h37, distribué sur 128 copies) avec Ali Suliman, Elia Suleiman et Holden Wong

Jumanji Next Level de Jake Kasdan (États-Unis, Aventure, 2h03) avec Dwayne Johnson, Jack Black et Kevin Hart

Made in Bangladesh de Rubaiyat Hossain (Bangladesh, Drame, 1h30, distribué sur 51 copies) avec Rikita Nandini Shimu, Novera Rahman et Parvin Paru (critique)

Le Meilleur reste à venir de Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière (France, Comédie dramatique, 1h57, distribué sur 618 copies) avec Fabrice Luchini, Patrick Bruel et Zineb Triki

Ode Bertrand Lignée pour seul trait de Guillaume Lavit D’Hautefort (France, Documentaire, 0h51, distribué sur 1 copie)

Les Reines de la nuit de Christiane Spiéro (France, Documentaire, 1h20)

Seules les bêtes de Dominik Moll (France, Thriller, 1h57, distribué sur 160 copies) avec Denis Ménochet, Laure Calamy et Damien Bonnard (critique)

Souviens-toi de ton futur de Enora Boutin (France, Documentaire, 1h19)

Un été à Changsha de Zu Feng (Chine, Thriller, 1h55) avec Lu Huang, Yu Tian et Zu Feng

Le Voyage du prince de Jean-François Laguionie et Xavier Picard (France, Animation, 1h16)

Reprises

Le Diable en boîte (1980) de Richard Rush (États-Unis, Drame, 2h11) avec Peter O’Toole, Steve Railsback et Barbara Hershey

Institut Benjamenta (1995) des frères Quay (Royaume-Uni, Comédie dramatique, 1h45) avec Mark Rylance, Alice Krige et Daniel Smith

Kanal (1957) de Andrzej Wajda (Pologne, Drame historique, 1h34) avec Teresa Izewska, Tadeusz Janczar et Wienczyslaw Glinski

Stop Making Sense (1984) de Jonathan Demme (États-Unis, Documentaire musical, 1h28)

Un homme nommé cheval (1970) de Elliot Silverstein (États-Unis, Western, 1h53) avec Richard Harris, Judith Anderson et Manu Tupou

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