Enfin, enfin, la rentrée est arrivée ! Ce qui signifie à la fois que nous avons survécu à l’été avec ses aléas climatiques et que le programme des sorties cinéma reprend vigoureusement son souffle. La preuve en cette semaine à cheval entre les mois d’août et de septembre, qui nous gâte avec pas moins d’une dizaine de films dignes d’intérêt. Impossible de tout voir, bien évidemment. Néanmoins, on ne peut que se féliciter de cette richesse en termes de genres et de l’origine des films que l’on espère encore trouver souvent au fil de cet automne cruellement en quête de bonnes nouvelles.
Nos trois choix habituels de la semaine se portent sur des documentaires qu’il serait criminel de passer sous silence. Rien qu’en vous limitant à ces trois œuvres joliment complémentaires, vous auriez en effet réussi votre semaine de cinéma. Car entre l’animation qui permet avec brio de faire passer la pilule du drame de réfugiés dans Flee de Jonas Poher Rasmussen, nommé plus tôt cette année simultanément à l’Oscar du Meilleur Film d’animation, du Meilleur Documentaire et du Meilleur Film international, l’hommage posthume à l’acteur aborigène David Gulpilil dans My Name is Gulpilil de Molly Reynolds et le ton sensiblement plus léger du conte d’été dans une cité néerlandaise dans Shabu de Shamira Raphaëla, vous aurez l’embarras du choix.
Ce qui ne veut nullement dire que la fiction serait en reste. Peu importe que ce soit le cinéma français, particulièrement bien représenté, le cinéma américain avec un film coup de poing comme on en voit un tous les dix ou vingt ans ou bien des contrées à la cinématographie plus discrète, comme le Brésil ou la République tchèque, côté ressorties, il sera difficile de venir à bout de cette belle semaine de cinéma, avant l’arrivée d’autres films au moins aussi alléchants dès mercredi prochain.
Puisque l’avis de notre cher confrère Jean-Jacques à l’égard des Cinq diables, le deuxième long-métrage de Léa Mysius cinq ans après Ava, est assez mesuré, on lui préférera le grand retour de l’immense Claire Denis à travers Avec amour et acharnement et sa bande d’acteurs déjà croisés chez la réalisatrice : Juliette Binoche (Un beau soleil intérieur et High Life), Vincent Lindon (Vendredi soir et Les Salauds) et Grégoire Colin (Nénette et Boni, Beau travail et 35 rhums). Or, en face de ce drame conjugal prenant, les deux comédies françaises gentiment folles valent également le détour, grâce aux interprétations tout en finesse de Sara Giraudeau dans La Page blanche de Murielle Magellan et de Isabelle Carré dans La Dégustation de Ivan Calbérac.
Sans oublier, bien sûr, la virtuosité narrative à l’œuvre dans Everything Everywhere All At Once de Daniel Scheinert et Daniel Kwan ou, au contraire, l’étrangeté plus calme qui devrait rendre Memory House de João Paulo Miranda Maria, label du Festival de Cannes en 2020, si fascinant.
Avec amour et acharnement de Claire Denis (France, Drame, 1h56) avec Juliette Binoche, Vincent Lindon et Grégoire Colin
Les Cinq diables de Léa Mysius (France, Drame, 1h35, distribué sur 153 copies) avec Adèle Exarchopoulos, Sally Dramé et Swala Emati (critique)
La Dégustation de Ivan Calbérac (France, Comédie romantique, 1h32, distribué sur 421 copies) avec Isabelle Carré, Bernard Campan et Mounir Amamra
Everything Everywhere All At Once de Daniel Scheinert et Daniel Kwan (États-Unis, Fantastique, 2h20) avec Michelle Yeoh, Stephanie Hsu et James Hong
Flee de Jonas Poher Rasmussen (Danemark, Documentaire, 1h30)
Memory House de João Paulo Miranda Maria (Brésil, Fantastique, 1h27) avec Sam Louwyck, Soren Hellerup et Antonio Pitanga
My Name is Gulpilil de Molly Reynolds (Australie, Documentaire, 1h42) (critique)
La Page blanche de Murielle Magellan (France, Comédie, 1h40, distribué sur 260 copies) avec Sara Giraudeau, Pierre Deladonchamps et Grégoire Ludig
Rebel de Adil El Arbi et Bilall Fallah (Belgique, Drame, 2h15, distribué sur 149 copies) avec Aboubakar Bensaihi, Lubna Azabal et Amir El Arbi
Shabu de Shamira Raphaëla (Pays-Bas, Documentaire, 1h15, distribué sur 28 copies)
La Vérité sur Freud de Michel Meignant (France, Documentaire, 1h26)
Reprises
C.R.A.Z.Y. (2005) de Jean-Marc Vallée (Canada, Drame, 2h07) avec Michel Cote, Marc-André Grondin et Danielle Proulx
Les Petites marguerites (1966) de Věra Chytilova (République Tchèque, Comédie dramatique, 1h16) avec Ivana Karbanova, Jitka Cerhova et Marie Ceskova