C’est encore une fois un formidable embarras du choix qui attend les spectateurs passionnés de cinéma dans les salles françaises en ce dernier mercredi du mois de janvier. Pas facile en effet de dégager de vraies priorités parmi cette vingtaine de sorties hebdomadaires, dont au moins la moitié vaut le détour ! Le cinéma afro-américain est particulièrement bien représenté cette semaine, grâce à deux films majeurs signés respectivement Barry Jenkins et Boots Riley. Dans le premier, Si Beale Street pouvait parler, le réalisateur de Moonlight adapte tout en finesse et avec beaucoup de poésie le livre de James Baldwin, un écrivain d’exception avec lequel le public français a pu se familiariser récemment par l’intermédiaire du documentaire excellent de Raoul Peck I’m not your negro et par la publication de l’essai « Le Diable trouve à faire » aux éditions Capricci en septembre dernier. Le deuxième, Sorry to bother you, est une magnifique comédie déjantée, au propos mordant et survolté. Enfin, notre troisième coup de cœur de la semaine avait ravi les chanceux spectateurs l’ayant découvert au dernier Festival de Cannes, où l’envoûtant Un grand voyage vers la nuit de Bi Gan avait été présenté dans la section Un certain regard.
Cela n’arrive pas souvent, mais notre rédaction n’a pas du tout réussi à se mettre d’accord sur Les Estivants de Valeria Bruni Tedeschi, dont l’hystérie manifeste avait fortement agacé Jean-Jacques, tandis que notre avis a été sensiblement plus favorable. A vous donc de vous faire votre propre opinion ! Nous nous fions bien plus volontairement aux critiques de notre cher confrère au sujet de deux autres films français singuliers : L’Amour debout de Michaël Dacheux et Ulysse & Mona de Sébastien Betbeder. Enfin, notre curiosité est au moins un tout petit peu titillée par deux films qui plongent pleinement dans des univers à part, le culturisme au féminin dans Pearl de Elsa Amiel et les bandes de skateurs adolescents dans Skate Kitchen de Crystal Moselle.
Du côté des films en reprise, c’est aussi la variété qui prime, puisque la proximité relative dans le temps entre ces trois films des années 1950 et ’70 ne laisse en rien supposer une quelconque conformité. Le plus rare et curieux parmi eux est le documentaire animalier La Grande aventure de Arne Sucksdorff, un retour aux sources du rapport entre l’homme et l’animal qu’on conseille chaudement au public familial. Les thèmes abordés dans les deux autres films sont déjà plus adultes, entre la guerre des sexes à l’humour irrévérencieux dans Venez donc prendre le café chez nous de Alberto Lattuada – projeté aussi à la Cinémathèque Française ce soir-même à l’occasion de l’ouverture de la rétrospective dédiée au réalisateur – et la quête d’une grande liberté sur les routes interminables de l’Amérique dans Macadam à deux voies de Monte Hellman, déjà de retour sur les écrans pour la troisième fois en quinze ans.
A cause des filles de Pascal Thomas (France, Comédie, 1h36) avec José Garcia, Rossy De Palma et François Morel
L’Amour debout de Michaël Dacheux (France, Drame, 1h23) avec Paul Delbreil, Adèle Csech et Samuel Fasse (critique)
Don’t forget me de Ram Nehari (Israël, Drame, 1h28, distribué sur 7 copies) avec Nitai Gvirtz, Moon Shavit et Carmel Beto
Les Éléphants perdus de Claude Andrieux (France, Drame, 1h33, distribué sur 25 copies) avec René De Angelis, Johan Andrieux et Marie Kaufmann
Les Estivants de Valeria Bruni Tedeschi (France, Comédie dramatique, 2h08, distribué sur 143 copies) avec Valeria Bruno Tedeschi, Pierre Arditi et Valeria Golino (critiques de Tobias et de Jean-Jacques)
Fahavalo Madagascar 1947 de Marie-Clémence Paes (France, Documentaire, 1h30, distribué sur 5 copies)
L’Intervention de Fred Grivois (France, Drame historique, 1h38) avec Alban Lenoir, Olga Kurylenko et Kevin Layne
Malevoz de Anne Theurillat (Suisse, Drame musical, 1h02, distribué sur 1 copie) avec Patrick Alluin, Didier Bailly et Jean-Michel Bonnarme
Minuscule 2 Les Mandibules du bout du monde de Thomas Szabo et Hélène Giraud (France, Animation, 1h32, distribué sur 543 copies)
Pearl de Elsa Amiel (France, Drame, 1h22, distribué sur 25 copies) avec Julia Föry, Peter Mullan et Arieh Worthalter
The Place de Paolo Genovese (Italie, Comédie dramatique, 1h45, distribué sur 130 copies) avec Valerio Mastandrea, Alessandro Borghi et Marco Giallini
Le Premier mouvement de l’immobile de Sebastiano D’Ayala Valva (France, Documentaire, 1h21)
Qu’est-ce qu’on a encore fait au bon Dieu ? de Philippe De Chauveron (France, Comédie, 1h39, distribué sur 849 copies) avec Christian Clavier, Chantal Lauby et Ary Abittan
Si Beale Street pouvait parler de Barry Jenkins (États-Unis, Drame, 1h57, distribué sur 86 copies) avec Kiki Layne, Stephan James et Colman Domingo
Skate Kitchen de Crystal Moselle (États-Unis, Drame, 1h47, distribué sur 11 copies) avec Kabrina Adams, Tom Bruno et Thaddeus Daniels
Sorry to bother you de Boots Riley (États-Unis, Satire, 1h51) avec Lakeith Stanfield, Tessa Thompson et Jermaine Fowler
Trop belge pour toi de Pablo Muñoz Gomez, Ann Sirot, Raphaël Balboni, Xavier Seron et Meryl Fortunat-Rossi (Belgique, Courts-métrages, 1h16, distribué sur 30 copies) sortie le samedi 2 février
Ulysse & Mona de Sébastien Betbeder (France, Comédie dramatique, 1h22, distribué sur 33 copies) avec Eric Cantona, Manal Issa et Jean-Luc Vincent (critique)
Un grand voyage vers la nuit de Bi Gan (Chine, Drame, 2h18, distribué sur 30 copies) avec Tang Wei, Huang Jue et Sylvia Chang
Reprises
La Grande aventure (1953) de Arne Sucksdorff (Suède, Documentaire, 1h34)
Macadam à deux voies (1971) de Monte Hellman (États-Unis, Aventure, 1h42) avec James Taylor, Warren Oates et Laurie Bird
Venez donc prendre le café chez nous (1970) de Alberto Lattuada (Italie, Comédie, 1h38) avec Ugo Tognazzi, Francesca Romana Coluzzi et Milena Vukotic