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Cette semaine, la folie et la raison se livrent une bataille acharnée au sein du programme des sorties cinéma. Qui va la remporter ? A vous spectateurs de trancher, même si l’on trouve des œuvres passionnantes des deux côtés du fil ténu de la respectabilité sociale et mentale. Pour un mercredi sans signification commerciale particulière, l’agenda des films, anciens et nouveaux, à l’affiche dès aujourd’hui est en effet particulièrement bien garni. Ce sont près de trente titres qui rivalisent pour votre faveur, vos sous et votre temps, évidemment pas extensibles à l’infini. Dès lors, il est d’autant plus compliqué de s’y retrouver, entre rétrospectives prestigieuses, comédies loufoques et anarchistes, une énième aventure de super-héros et des films aux sujets plus sérieux.
Ce sont ces derniers qui constituent l’essentiel de nos trois recommandations habituelles. Dans Los reyes del mundo de Laura Mora, une simple histoire d’héritage devient le point de départ d’une aventure de cinq jeunes à fleur de peau dans la Colombie contemporaine. La défense de ses droits est de même au centre du documentaire poignant Sept hivers à Téhéran de Steffi Niederzoll sur le combat à très longue haleine des femmes iraniennes pour un minimum d’équité devant la loi, qui perdure jusqu’à présent dans la douleur et dans le sang. Enfin, le film français de la semaine est Je verrai toujours vos visages, le troisième long-métrage de Jeanne Herry qui se penche, quatre ans et demi après Pupille, sur la thématique délicate de la justice restaurative.
Un peu fous-fous ou carrément fous à lier, la plupart des personnages des autres films à l’affiche dès aujourd’hui le sont sans l’ombre d’un doute. C’est certainement le cas de la bande d’archéologues amateurs dans Grand Paris de Martin Jauvat, qui devra se contenter d’une seule et unique salle parisienne. Sensiblement plus violents, les criminels de la Belle époque menés par Niels Schneider dans Apaches de Romain Quirot n’ont pas non plus grand-chose à faire des règles de bonne conduite qui gouvernent notre civilisation et, de moins en moins, notre code de la route. Heureusement, l’infatigable Laure Calamy est là, dans Bonne conduite de Jonathan Barré, son septième film depuis la réouverture des cinémas il y a un an et demi, pour y remettre un peu d’ordre !
Également dignes d’intérêt dans cette longue série d’hommes et de femmes pas tout à fait comme les autres, le besoin vital de coupure et d’évasion éprouvé par le personnage de Jérémie Renier dans le plaisant Ailleurs si j’y suis de François Pirot, découvert aux Œillades d’Albi l’année dernière, le conte très britannique de la quête de la dépouille du roi Richard III entreprise par Sally Hawkins dans The Lost King de Stephen Frears, une violence historique insoutenable sous le régime stalinien dans Le Capitaine Volkonogov s’est échappé de Natalia Merkoulova et Alexeï Tchoupov et enfin, en complément colombien, La roya de Juan Sebastian Mesa, cette fois-ci sur la jeunesse qui tente de rester à la campagne, coûte que coûte.
Et comme si votre emploi du temps de cinéma ne débordait pas encore grâce toutes ces belles propositions, les distributeurs de films de patrimoine se surpassent ce mercredi avec pas moins de trois rétrospectives d’envergure !!! La plus consistante d’entre elles est le regard en onze films – plus Cria cuervos qui était déjà ressorti deux semaines plus tôt – sur la première partie de la filmographie imposante de Carlos Saura. Et sans vouloir mal parler des morts, puisque l’illustre cinéaste espagnol nous a quittés le mois dernier, nous préférons clairement ces contes poisseux sur une société ibérique en pleine reconstruction vers la fin de la dictature franquiste à ses nombreux documentaires musicaux plus récents.
La rareté est reine parmi les deux autres cycles, forcément moins expansifs. Chez Carlotta, on nous a déterré deux films de genre philippins eux aussi d’une intensité jouissive signés Mike De Leon – Kisapmata et Batch ’81 – et, deux semaines après la sortie de Eternal Daughter, Condor Films nous permet de nous familiariser en trois films avec le travail de la réalisatrice anglaise Joanna Hogg, découverte en France l’année dernière grâce à son diptyque The Souvenir.
Ailleurs si j’y suis de François Pirot (Belgique, Comédie dramatique, 1h43) avec Jérémie Renier, Suzanne Clément et Samir Guesmi (critique)
Apaches de Romain Quirot (France, Aventure, 1h35, distribué sur 200 copies) avec Niels Schneider, Alice Isaaz et Artus
Bonne conduite de Jonathan Barré (France, Comédie, 1h32) avec Laure Calamy, Tchéky Karyo et Grégoire Ludig
Le Capitaine Volkonogov s’est échappé de Natalia Merkoulova et Alexeï Tchoupov (Russie, Drame, 2h00) avec Yuriy Borisov, Timofey Tribuntsev et Aleksandr Yatsenko (critique)
Grand Paris de Martin Jauvat (France, Comédie, 1h11, distribué sur 40 copies) avec Mahamadou Sangaré, Martin Jauvat et William Lebghil
Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry (France, Drame social, 1h58, distribué sur 462 copies) avec Birane Ba, Leila Bekhti et Dali Benssalah
The Lost King de Stephen Frears (Royaume-Uni, Comédie dramatique, 1h48, distribué sur 177 copies) avec Sally Hawkins, Steve Coogan et Harry Lloyd
Los reyes del mundo de Laura Mora (Colombie, Drame, 1h51) avec Carlos Andrés Castañeda, Brahian Acevedo et Davison Florez
La roya de Juan Sebastian Mesa (Colombie, Drame, 1h23) avec Juan Daniel Ortiz Hernandez, Paula Andrea Cano et Laura Gutierrez Ardila
Le Royaume de Naya de Oleksandra Ruban (Ukraine, Animation, 1h29, distribué sur 500 copies)
Sept hivers à Téhéran de Steffi Niederzoll (Allemagne, Documentaire, 1h37)
Shazam ! La Rage des dieux de David F. Sandberg (États-Unis, Fantastique, 2h10, distribué sur 656 copies) avec Zachary Levi, Asher Angel et Jack Dylan Grazer
Le Voyage d’Anton de Mariana Loupan (France, Documentaire, 1h13)
Voyages en Italie de Sophie Letourneur (France, Comédie, 1h31) avec Philippe Katerine et Sophie Letourneur
Reprises
Mike De Leon en 2 films Portrait d’un cinéaste philippin (1981-1982) de Mike De Leon (Philippines, distribué sur 10 copies) : Kisapmata et Batch ’81
Rétrospective Joanna Hogg (2007-2013) de Joanna Hogg (Royaume-Uni) : Unrelated, Archipelago et Exhibition
Carlos Saura Les Années rebelles (1966-1980) de Carlos Saura (Espagne) : La Chasse, Peppermint Frappé, Stress es tres tres, La Madriguera, Le Jardin des délices, Anna et les loups, La Cousine Angélique, Elisa mon amour, Maman a cent ans et Vivre vite
