Parmi les nombreuses raisons qui ne suscitent actuellement guère l’optimisme, les premiers effets néfastes du changement climatique sont peut-être les plus inquiétants à long terme. Entre les tempêtes qui viennent de dévaster les îles caribéennes et la hausse des températures qui a transformé l’été dernier en véritable fournaise dans la partie sud de la France, les signes ne manquent pas pour indiquer que quelque chose cloche dans notre climat. Heureusement, des activistes vigoureux comme l’ancien vice-président américain Al Gore font tout leur possible pour renverser la tendance préoccupante de la politique de l’autruche, pratiquée par l’actuel occupant de la Maison Blanche. Le premier documentaire sur son engagement à longue haleine, Une vérité qui dérange de Davis Guggenheim, remonte déjà à 2006 et le temps presse par conséquent pour prendre des nouvelles de la planète dans notre coup de cœur de la semaine, admettons-le plus militant que cinématographique. Or, le genre documentaire se porte particulièrement bien en cette fin du mois de septembre, avec des incursions fort intéressantes dans le microcosme des arbres, les rites d’initiation bouddhistes et une forme alternative de pédagogie faite sur mesure pour les plus petits.
Côté fiction, il y a également de quoi s’en mettre plein les yeux et la tête, grâce à la première comédie signée Claire Denis, que notre confrère Jean-Jacques n’a visiblement pas aimé mais à laquelle nous donnerons quand même le bénéfice du doute, à cause de notre admiration pratiquement sans réserve pour la réalisatrice, de passage ce soir à la Cinémathèque Française dans le cadre de la rétrospective qui lui y est dédiée en ce moment. Un autre cinéaste encore plus rare mais loin d’être insignifiant sort déjà son deuxième film cette année, après le remarquable I am not your negro au mois de mai. De quoi opérer une comparaison complémentaire dans l’œuvre de Raoul Peck entre ces deux portraits de rebelles d’exception qu’étaient Karl Marx et James Baldwin. Enfin, la petite perle américaine de la semaine n’est pas tellement Le Château de verre de Destin Daniel Cretton, qui nous rappelle un peu trop Captain Fantastic de Matt Ross, sorti il y a un an, mais plutôt la production indépendante Stupid things de Amman Abbasi, une histoire d’adolescence intimiste qui en dit plus long sur les états d’âme de l’Amérique d’aujourd’hui que toutes les controverses synthétiques dans les médias réunies !
Enfin, le programme des reprises nous réserve quelques jolies raretés, comme par exemple deux films de fiction sur l’univers de Tintin du début des années 1960, qui seront sans doute plus amusants pour un public familial que la sortie actuelle du Petit Spirou de Nicolas Bary. Sinon, libre à vous de choisir – à condition qu’ils passent près de chez vous, bien sûr – entre les retrouvailles avec le Dead zone de David Cronenberg, l’une des meilleures adaptations de Stephen King au cinéma, et deux films sensiblement moins exposés dans le passé, à savoir la chasse à l’homme orchestrée par Joseph Losey dans Deux hommes en fuite et le mélodrame mélancolique Les Fiancés de Ermanno Olmi.
L’Architecte textile de Mika’ela Fisher (France, Documentaire, 1h40)
Le Château de verre de Destin Daniel Cretton (Etats-Unis, Drame familial, 2h07, distribué sur 88 copies) avec Brie Larson, Woody Harrelson et Naomi Watts
Demain et tous les autres jours de Noémie Lvovsky (France, Drame d’enfance, 1h31, distribué sur 111 copies) avec Luce Rodriguez, Noémie Lvovsky et Mathieu Amalric
Espèces menacées de Gilles Bourdos (France, Comédie dramatique, 1h45) avec Alice Isaaz, Vincent Rottiers et Grégory Gadebois (critique)
L’Intelligence des arbres de Julia Dordel et Guido Tolke (Allemagne, Documentaire, 1h15)
Le Jeune Karl Marx de Raoul Peck (Allemagne, Biographie filmique, 1h58) avec August Diehl, Stephen Hogan et Vicky Krieps
KaLaChaKra L’Eveil de Natalie Fuchs (Inde, Documentaire, 1h22)
Le Maître est l’enfant de Alexandre Mourot (France, Documentaire, 1h40)
Money de Gela Babluani (France, Thriller, 1h40) avec Vincent Rottiers, George Babluani et Louis-Do De Lencquesaing
Le Petit Spirou de Nicolas Bary (France, Comédie, 1h26) avec Pierre Richard, François Damiens et Natacha Régnier
Stupid things de Amman Abbasi (Etats-Unis, Drame, 1h15, distribué sur 16 copies) avec Devin Blackmon, Dontrell Bright et Lachion Buckingham
Un beau soleil intérieur de Claire Denis (France, Comédie dramatique, 1h35) avec Juliette Binoche, Gérard Depardieu et Xavier Beauvois (critique)
Une suite qui dérange de Bonni Cohen et Jon Shenk (Etats-Unis, Documentaire, 1h40, distribué sur 100 copies)
Reprises
Dead Zone (1983) de David Cronenberg (Etats-Unis, Thriller fantastique, 1h43) avec Christopher Walken, Herbert Lom et Brooke Adams
Deux hommes en fuite (1970) de Joseph Losey (Etats-Unis, Thriller, 1h50) avec Robert Shaw, Malcolm McDowell et Henry Woolf
Les Fiancés (1963) de Ermanno Olmi (Italie, Drame, 1h20) avec Anna Canzi et Carlo Cabrini
Tintin et le mystère de la toison d’or (1961) de Jean-Jacques Vierne (France, Aventure, 1h42) avec Jean-Pierre Talbot, Georges Wilson et Charles Vanel
Tintin et les oranges bleues (1964) de Philippe Condroyer (France, Aventure, 1h40) avec Jean Bouise, Jean-Pierre Talbot et Félix Fernandez