Les sorties du 27 mars 2019

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Boy Erased © Universal Pictures International France Tous droits réservés

Cette semaine, deux sujets chers à notre cœur ont droit à un double traitement filmique des plus ingénieux. D’un côté, la thématique des réfugiés au sens large se décline à travers deux films ayant fait forte impression aux festivals où ils ont déjà été présentés. Sélectionné au Panorama du Festival de Berlin l’année dernière, Styx de Wolfgang Fischer est une parabole poignante sur notre impuissance à faire face avec humanité à la crise des migrants, qui tentent d’atteindre la terre promise européenne par voie maritime. Dans Synonymes de Nadav Lapid, Ours d’or à Berlin le mois dernier, le désir d’intégration et d’assimilation à la culture française prend un aspect cocasse, lorsqu’un ancien soldat israélien décide de s’installer coûte que coûte à Paris. Puis de l’autre, l’acceptation de l’homosexualité au sein du cercle familial est traitée avec une grande sensibilité dans l’argentin Mon meilleur ami de Martin Deus, ainsi qu’avec un sens aigu du militantisme dans Boy Erased de Joel Edgerton sur la pratique tout à fait condamnable des camps de conversion encore largement répandue aux États-Unis.

La Cacophonie du Donbass © Zelig Films Distribution Tous droits réservés

L’offre en termes de documentaires est si riche ce mercredi qu’elle éclipse aisément les autres films de fiction sur les écrans français à partir de ce jour. Elle mérite même de se substituer aux reprises normalement mises en avant dans nos chroniques hebdomadaires et cela d’autant plus que l’un des films de retour en salles est un documentaire ayant fait date en pleine guerre du Vietnam : La Section Anderson de Pierre Schoendoerffer, Oscar du Meilleur documentaire en 1968. La Cacophonie du Donbass de Igor Minaev explore une autre facette de la transmission historique des images par le biais d’une compilation de films d’archives sur la région minière autrefois si prospère en Ukraine. Un autre théâtre de guerre brûlant est filmé d’une façon beaucoup moins réfléchie dans Still Recording de Saeed Al Batal et Ghiath Ayoub, le plongeon vertigineux dans la ville syrienne de Douma, assiégée pendant quatre ans. Enfin, Laurie Anderson a créé avec Heart of a Dog la réponse artistique à Kedi Des chats et des hommes de Ceyda Torun que les amateurs de chiens attendaient depuis plus d’un an.

Sergio & Sergei © Bodega Films Tous droits réservés

Seuls les films appréciés par notre confrère Jean-Jacques nous paraissent réellement dignes d’intérêt parmi la dizaine d’autres films qui sortent aujourd’hui. Ainsi, Sergio & Sergei de Ernesto Daranas Serrano raconte une drôle d’histoire spatiale alors que l’Union Soviétique était en train de se disloquer au début des années 1990 et C’est ça l’amour de Claire Burger sauve tant soit peu l’honneur du cinéma français cette semaine, avec son histoire de famille touchante. Quant au reste, cela fait longtemps que nous n’attendons plus une hypothétique renaissance artistique de la part de Tim Burton, acquis corps et âme depuis des années aux spectacles creux et laids produits par Disney. Les représentants restants du cinéma latino-américain sont enfin à réserver aux courageux qui ont déjà vu près de sept heures de La Flor et à ceux susceptibles de se laisser amadouer par le drame carcéral convenu Compañeros de Alvaro Brechner.


Boy Erased de Joel Edgerton (États-Unis, Drame, 1h55) avec Lucas Hedges, Nicole Kidman et Russell Crowe

C’est ça l’amour de Claire Burger (France, Drame familial, 1h38, distribué sur 124 copies) avec Bouli Lanners, Justine Lacroix et Sarah Henochsberg (critique)

La Cacophonie du Donbass de Igor Minaev (Ukraine, Documentaire, 1h02)

Compañeros de Alvaro Brechner (Espagne, Drame carcéral, 2h02) avec Antonio De La Torre, Chino Darin et Alfonso Tort (critique)

D’Agata Limites de Franck Landron (France, Documentaire, 1h19, distribué sur 1 copie)

Dumbo de Tim Burton (États-Unis, Fantastique, 1h50) avec Colin Farrell, Michael Keaton et Danny DeVito

La Flor Partie 3 de Mariano Llinas (Argentine, Thriller, 3h24, distribué sur 6 copies) avec Elisa Carricajo, Valeria Correa et Pilar Gamboa

Gentlemen cambrioleurs de James Marsh (Royaume-Uni, Comédie policière, 1h43) avec Michael Caine, Jim Broadbent et Tom Courtenay

Heart of a Dog de Laurie Anderson (États-Unis, Documentaire, 1h15)

Let’s dance de Ladislas Chollat (France, Drame de danse, 1h40, distribué sur 406 copies) avec Rayane Bensetti, Alexia Giordano et Guillaume De Tonquedec

Mon frère s’appelle Robert et c’est un idiot de Philip Gröning (Allemagne, Drame, 2h50, distribué sur 2 copies) avec Julia Zange, Josef Mattes et Urs Jucker

Mon meilleur ami de Martin Deus (Argentine, Drame d’adolescents, 1h30) avec Angelo Mutti Spinetta, Lautaro Rodriguez et Moro Anghileri (critique)

L’Orphelinat de Matthieu Haag (France, Documentaire, 1h10)

Sergio & Sergei de Ernesto Daranas Serrano (Cuba, Drame, 1h33) avec Tomas Cao, Hector Noas Uriza et Ron Perlman (critique)

Still Recording de Saeed Al Batal et Ghiath Ayoub (Liban, Documentaire, 2h08)

Styx de Wolfgang Fischer (Allemagne, Drame, 1h34, distribué sur 31 copies) avec Susanne Wolff, Gedion Oduor Wekesa et Alexander Beyer

Synonymes de Nadav Lapid (France, Drame, 2h03, distribué sur 54 copies) avec Tom Mercier, Quentin Dolmaire et Louise Chevillotte (critique)

Reprises

La Section Anderson (1967) de Pierre Schoendoerffer (France, Documentaire, 1h07, distribué sur 5 copies)

Tout ce que le ciel permet (1955) de Douglas Sirk (États-Unis, Mélodrame, 1h29) avec Rock Hudson, Jane Wyman et Agnes Moorehead

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