Il n’y a aucun doute, on est en pleine période d’Halloween. Il suffit de jeter un coup d’œil furtif sur les sorties cinéma de cette dernière semaine du mois d’octobre pour s’en rendre compte. Les films d’horreur, nouveaux et anciens, y pullulent, laissant une place plutôt limitée aux œuvres qui n’ambitionnent pas de vous faire frissonner. Or, justement, en termes de nombre, ce sont les ressorties qui s’imposent à partir d’aujourd’hui dans les salles, grâce à pas moins de seize films d’antan ou inédits, qui rivaliseront pendant quelques jours des faveurs des spectateurs aussi cinéphiles que nostalgiques. Une offre abondante à l’emploi du temps discutable, vu que les plus férus des amateurs de cinéma de patrimoine rentrent tout juste du Festival Lumière à Lyon, la tête pleine d’images et les yeux bien fatigués.
Lui aussi était à Lyon, où il a reçu le prestigieux prix Lumière : le réalisateur allemand Wim Wenders. La pièce maîtresse de la saison qui lui est consacrée de façon officieuse est une rétrospective assez éclectique en six films, équitablement répartis entre trois documentaires et trois fictions, à l’affiche dès ce mercredi. C’est l’occasion idéale de se faire une idée nullement exhaustive de son travail impressionnant. Puis, trois autres réalisateurs de légende ont l’honneur de rétrospectives très partielles : les Japonais Yasujiro Ozu, dont quatre autres films ressortiront le mois prochain, et – plus obscur – Kaneto Shindo, ainsi que le maître des zombies George A. Romero.
Sous forme de sorties plus exclusives se trouvent peut-être les deux meilleurs films à l’affiche cette semaine. À savoir le chef-d’œuvre du cinéma possédé de David Cronenberg Faux-semblants, couronné par le double tour de force de Jeremy Irons, et une perle très rare du cinéma japonais, restée inédite depuis sa présentation au Festival de Cannes en 1993, le conte d’enfant aux parents divorcés Déménagement de Shinji Sômai. Ainsi qu’un film de genre, lui aussi resté inédit depuis trop longtemps, l’effrayant The Appointment de Lindsey C. Vickers.
Si vous n’avez pas la chance d’avoir une salle de répertoire à proximité, certaines des sorties récentes valent également le détour cette semaine. Pour notre critique maison Jean-Jacques, ce sera le probable dernier film du génie du cinéma social Ken Loach The Old Oak et le documentaire en écho au dernier Scorsese Un pont au-dessus de l’océan de Francis Fourcou. Pour notre part, on leur préfère l’esprit loufoque du conte historique Sissi et moi de Frauke Finsterwalder, l’utopie nataliste The Pod Generation de Sophie Barthes et le documentaire d’entretiens Chambre 999 de Lubna Playoust.
Finalement, le cinéma français profite de la période des vacances scolaires pour sortir deux locomotives populaires. Notre préférence va clairement du côté du huitième long-métrage de Albert Dupontel, bien que même une comédie aussi ordinaire que 3 jours max de Tarek Boudali soit bonne à nous radoucir l’attente récemment prolongée des prochaines aventures de Tom Cruise dans l’univers Mission : impossible. De l’épouvante encore et toujours avec Le Vourdalak de Adrien Beau et son beau trio d’acteurs – Kacey Mottet Klein, Grégoire Colin et Vassili Schneider – qui avait été présenté au dernier Festival de Venise.
3 jours max de Tarek Boudali (France, Comédie policière, 1h30, distribué sur 676 copies) avec Tarek Boudali, Philippe Lacheau et Julien Arruti
Années en parenthèses 2020 – 2022 de Hejer Charf (Canada, Documentaire, 1h35)
Chambre 999 de Lubna Playoust (France, Documentaire, 1h25)
Katak le brave béluga de Christine Dallaire-Dupont et Nicola Lemay (Canada, Animation, 1h22, distribué sur 350 copies)
The Old Oak de Ken Loach (Royaume-Uni, Drame social, 1h53) avec Trevor Fox, Debbie Honeywood et Neil Leiper (critique)
The Pod Generation de Sophie Barthes (États-Unis, Science-fiction, 1h49) avec Emilia Clarke, Chiwetel Ejiofor et Rosalie Craig
Saw X de Kevin Greutert (États-Unis, Horreur, 1h58, distribué sur 265 copies) avec Tobin Bell, Shawnee Smith et Steven Brand
Second tour de Albert Dupontel (France, Satire politique, 1h35, distribué sur 669 copies) avec Cécile De France, Albert Dupontel et Nicolas Marié (critique)
Sissi et moi de Frauke Finsterwalder (Allemagne, Drame historique, 2h12) avec Susanne Wolff, Sandra Hüller et Stefan Kurt (critique)
Le Syndrome des amours passées de Ann Sirot et Raphaël Balboni (Belgique, Comédie, 1h28, distribué sur 94 copies) avec Lucie Debay, Lazare Gousseau et Hervé Piron (critique)
Un pont au-dessus de l’océan de Francis Fourcou (France, Documentaire, 1h40) (critique)
Le Vourdalak de Adrien Beau (France, Fantastique, 1h30) avec Kacey Mottet Klein, Ariane Labed et Grégoire Colin
Reprises
The Appointment (1981) de Lindsey C. Vickers (Royaume-Uni, Horreur, 1h29) avec Edward Woodward, Jane Merrow et Samantha Weysom
Déménagement (1993) de Shinji Sômai (Japon, Drame, 2h04) avec Kiichi Nakai, Junko Sakurada et Tomoko Tabata
Faux-semblants (1988) de David Cronenberg (Canada, Fantastique, 1h45) avec Jeremy Irons, Geneviève Bujold et Heidi von Palleske
Événement Ozu Partie 1 (1948-1950) de Yasujiro Ozu (Japon, Drame) avec Kinuyo Tanaka : Une femme dans le vent et Les Sœurs Munakata
George A. Romero La Trilogie des morts-vivants (1968-1985) de George A. Romero (États-Unis, Horreur) : La Nuit des morts-vivants, Zombie et Le Jour des morts-vivants
Rétrospective Kaneto Shindo (1965-1968) de Kaneto Shindo (Japon) : Onibaba et Kuroneko
Wim Wenders D’un monde à l’autre (1973-2011) de Wim Wenders : Alice dans les villes, Tokyo-Ga, Lisbonne Story, Buena Vista Social Club, The Million Dollar Hotel et Pina