Il arrive parfois qu’on ne soit pas d’accord au sein de notre rédaction. Ce cas plutôt rare est survenu avec Amanda, le mélodrame de Mikhaël Hers, à qui notre cher confrère Jean-Jacques a trouvé autant de qualités que de défauts, mais qui a su franchement enthousiasmer notre rédacteur en chef Pascal. Notre choix du film de la semaine doit donc avant tout être compris comme le signe d’une curiosité face à un film peut-être pas si facile à aimer que cela. Nos deux autres coups de cœur traitent de même de la filiation, dans le cas de la révélation cannoise Yomeddine de A.B. Shawky autour du sujet toujours aussi brûlant de l’exclusion des malades et dans le très beau Aga de Milko Lazarov sur fond de désert glacial dans lequel la génération des enfants revendique sa place, par le biais de nouveaux repères en rupture avec les traditions de ses ancêtres. Enfin, si ces trois histoires profondément humaines ne suffisaient pas à remplir votre agenda hebdomadaire de cinéma, le presque excessivement bien intentionné et donc bien nommé Les Bonnes intentions de Gilles Legrand pourrait vous intéresser.
L’exotisme et le réalisme sont au programme des quatre autres films ayant retenu notre attention en ce mercredi. Parmi les documentaires, ce sont l’épique L’Enfance d’un maître de Jeanne Mascolo De Filippis et Bruno Vienne et le plus intimiste Game girls de Alina Skrzeszewska qui vous dévoileront à peu près tout ce qu’il y a à savoir soit sur l’existence contemporaine d’un gourou bouddhiste, soit sur la misère dans les centres urbains américains. Puis, la vocation dépaysante du cinéma fonctionne à plein régime dans Le Fils du désert de Laurent Merlin ou l’exode involontaire vers la terre de ses origines pour un adolescent en deuil, un reflet marocain des enjeux à l’œuvre dans Amanda en quelque sorte. De même, Trois petits rêves de Chapour Haghighat, une rareté filmique qui nous vient du Tadjikistan, mêle le monde réel à celui des souvenirs oniriques d’une façon encore plus poétique. L’un comme l’autre sont hélas le genre de film distribué par des structures indépendantes, dont il faudra rechercher les séances parcimonieuses avec beaucoup de dextérité …
Le cinéma de patrimoine se porte une fois de plus extrêmement bien cette semaine. Vous aurez l’embarras du choix entre l’ultime volet de l’hommage à longue haleine au maître Ingmar Bergman, admettons-le avec des films qui ne risquent pas trop de vous convertir à l’univers de ce grand cynique. De même, bien qu’on ne puisse que saluer l’initiative de sortir enfin en France le premier long-métrage de Paul Thomas Anderson, produit un an avant Boogie Nights, on doute fortement qu’il ait l’envergure de cette première œuvre majeure d’une filmographie devenue entre-temps foisonnante. Ce qui nous laisse face à l’extrêmement amusant Le Départ de Jerzy Skolimowski qu’on a déjà envie de revoir, alors qu’il était ressorti il y a sept ans seulement. Et surtout avec une mini-rétrospective des plus alléchantes, qui regroupe trois films du réalisateur Carol Reed, toujours aussi sophistiqué dans les sujets et la forme de ses films typiquement britanniques.
#Moscou-Royan de Elena Cosson Kizilova (France, Comédie, 1h23, distribué sur 17 copies) avec Elena Cosson Kizilova, Donia Eden et Manuel Sorroche
After My Death de Kim Ui-seok (Corée du Sud, Drame, 1h53) avec Seo Young-hwa, Go Won-hee et Lee Tae-kyoung
Aga de Milko Lazarov (Bulgarie, Drame, 1h32) avec Mikhail Aprosimov, Feodosia Ivanova et Galina Tikhonova
Amanda de Mikhaël Hers (France, Drame, 1h47, distribué sur 125 copies) avec Vincent Lacoste, Isaure Multrier et Stacy Martin (critique)
Les Bonnes intentions de Gilles Legrand (France, Comédie, 1h40) avec Agnès Jaoui, Alban Ivanov et Tim Seyfi
L’Enfance d’un maître de Jeanne Mascolo De Filippis et Bruno Vienne (France, Documentaire, 1h17, distribué sur 19 copies) (critique)
Les Filles du soleil de Eva Husson (France, Guerre, 1h55, distribué sur 124 copies) avec Golshifteh Farahani, Emmanuelle Bercot et Ahmet Zirek (critique)
Le Fils du désert de Laurent Merlin (Maroc, Drame, 1h34, distribué sur 10 copies) avec Ahd Saddik, Abdelmoula Oukhita et Blandine Pelisier
Game girls de Alina Skrzeszewska (France, Documentaire, 1h30)
Mauvaises herbes de Kheiron (France, Comédie, 1h40) avec Kheiron, Catherine Deneuve et André Dussollier
Michel Vaillant Le Rêve du Mans de Frédéric De Brabant (France, Documentaire, 0h52, distribué sur 1 copie)
The Mumbai Murders de Anurag Kashyap (Inde, Thriller, 2h07) avec Nawazuddin Siddiqui, Vicky Kaushal et Sobhita Dhulipala
Overlord de Julius Avery (États-Unis, Action, 1h50, distribué sur 260 copies) avec Jovan Adepo, Wyatt Russell et Mathilde Olliver
Terra franca de Leonor Teles (Portugal, Documentaire, 1h22)
Trois petits rêves de Chapour Haghighat (Tadjikistan, Drame, 1h36, distribué sur 20 copies) avec Qurban Sabir, Siyvush Abdulloev et Zaurbek Abdulloev
Yomeddine de A.B. Shawky (Égypte, Aventure, 1h37) avec Rady Gamal, Ahmed Abdelhafiz et Shahira Fahmy (critique)
Reprises
Le Départ (1967) de Jerzy Skolimowski (Belgique, Comédie dramatique, 1h29) avec Jean-Pierre Léaud, Catherine Duport et Jacqueline Bir
L’Éternel mirage (1947) de Ingmar Bergman (Suède, Drame, 1h48) avec Holger Löwenadler, Anna Lindahl et Birger Malmsten
Hard Eight (1996) de Paul Thomas Anderson (États-Unis, Drame, 1h42, distribué sur 19 copies) avec Philip Baker Hall, Gwyneth Paltrow et John C. Reilly
Il pleut sur notre amour (1946) de Ingmar Bergman (Suède, Drame, 1h35) avec Gösta Cederlund, Barbro Kollberg et Birger Malmsten
L’Italien des roses (1971) de Charles Matton (France, Drame, 1h21) avec Richard Bohringer, Isabelle Mercanton et Chantal Darget
Carol Reed La Preuve par trois (1948-53) de Carol Reed (Royaume-Uni) : Première désillusion / Le Troisième homme / L’Homme de Berlin
Rêves de femmes (1955) de Ingmar Bergman (Suède, Comédie dramatique, 1h26) avec Eva Dahlbeck, Harriet Andersson et Gunnar Björnstrand