En cette semaine de grand chassé-croisé des vacances d’hiver, où tous les élèves français seront en congé le week-end prochain, les salles de cinéma devraient être bondées. La belle météo pré-printanière en décidera sans doute autrement, mais les distributeurs ont mis les bouchées doubles avec un programme hebdomadaire de près de vingt films. Autant de sorties et finalement peu de déchets cinématographiques, puisque nous attendons avec impatience le dernier chapitre de la trilogie au ton mordant du réalisateur canadien Denys Arcand, La Chute de l’empire américain, d’une courte tête notre film de la semaine, devant le pas moins osé et formellement exigeant Peu m’importe si l’histoire nous considère comme des barbares de Radu Jude. Notre confrère Jean-Jacques a de même beaucoup apprécié deux films présentés dans la sélection Un certain regard au Festival de Cannes l’année dernière : le sud-africain Les Moissonneurs de Etienne Kallos et le deuxième long-métrage de Valeria Golino, Euforia. Enfin, le cinéma commercial français n’est pas vraiment en reste, grâce au drame de sous-marin Le Chant du loup de Antonin Baudry et à la comédie volontairement débile Black Snake La Légende du serpent noir de Thomas Ngijol et Karole Rocher.
Pour la deuxième semaine de suite, les sorties documentaires suffiraient à elles seules pour remplir votre emploi du temps cinéma des sept jours à venir. Mis à part le très éprouvant, mais également très juste La Liberté de Guillaume Massart que nous avions découvert à Belfort il y a près d’un an et demi et qui a enfin droit à une sortie en bonne et due forme – curieusement la même semaine que le film à polémique Grâce à Dieu de François Ozon sur un sujet assez proche –, les autres documentaires vous invitent au voyage dans des pays lointains. Dans le poignant Rencontrer mon père, vous pourriez accompagner le réalisateur Alassane Diago dans sa quête personnelle au Gabon, tandis que Amal de Mohamed Siam retrace les jeunes années d’une activiste égyptienne. Les démarches de Food Evolution de Scott H. Kennedy et de Le Jeune Picasso de Phil Grabsky nous laissent déjà plus circonspects, en raison de leurs bandes-annonces respectives qui en donnent un aperçu soit trop brouillon pour le premier, soit trop abstrait pour le deuxième.
En cette semaine des cérémonies somptueuses des prix de cinéma, celle des César ce vendredi et celle des Oscars deux jours plus tard, où la probabilité de créer de nouveaux mythes est hélas assez limitée, le cinéma de répertoire se montre agréablement peu consensuel. Aux côtés d’un petit classique du western avec Les Affameurs de Anthony Mann, ce sont en effet deux magnifiques docu-fictions qui (re)voient la lumière des salles dédiées au cinéma de patrimoine. L’inédit Les Funérailles des roses de Toshio Matsumoto dynamite gaiement les conventions d’une société japonaise encore fortement engoncée à la fin des années 1960, alors que L’Arc et la flûte de Arne Sucksdorff explore la jungle indienne avec la même sensibilité et la même beauté plastique que l’avait fait La Grande aventure, ressorti il y a trois semaines, pour les paysages suédois au fil des saisons. Enfin, pour les amateurs de films anciens basés sur la région parisienne, soyez avisés que le cinéma Les Écoles 21, anciennement Le Desperado / l’Action Écoles, ferme ses portes à partir d’aujourd’hui et pour trois mois, histoire de se refaire une beauté. Une rénovation qui n’intervient pas trop tôt au vu des conditions de projection loin d’être optimales dans ce petit complexe du Quartier latin à la programmation incontournable !
Amal de Mohamed Siam (Égypte, Documentaire, 1h23)
Les Aventures de Rita et Machin de Junya Takagi et Pon Kozutsumi (France, Animation, 0h45)
Baghdad Station de Mohamed Jabarah Al-Daradji (Iraq, Drame, 1h22, distribué sur 4 copies) avec Zahraa Ghandour, Ameer Jabarah et Bennet De Brabandere
Black Snake La Légende du serpent noir de Thomas Ngijol et Karole Rocher (France, Comédie, 1h22, distribué sur 258 copies) avec Thomas Ngijol, Karole Rocher et Édouard Baer
Le Chant du loup de Antonin Baudry (France, Drame, 1h55, distribué sur 454 copies) avec François Civil, Omar Sy et Mathieu Kassovitz
La Chute de l’empire américain de Denys Arcand (Canada, Comédie dramatique, 2h08, distribué sur 135 copies) avec Alexandre Landry, Maripier Morin et Remy Girard
Destroyer de Karyn Kusama (États-Unis, Policier, 2h01, distribué sur 107 copies) avec Nicole Kidman, Toby Kebbell et Tatiana Maslany
Euforia de Valeria Golino (Italie, Comédie dramatique, 1h55, distribué sur 50 copies) avec Riccardo Scamarcio, Valerio Mastandrea et Isabella Ferrari (critique)
Food Evolution de Scott H. Kennedy (États-Unis, Documentaire, 1h32, distribué sur 16 copies)
Grâce à Dieu de François Ozon (France, Drame, 2h08) avec Melvil Poupaud, Denis Ménochet et Swann Arlaud (critique)
La Grande aventure Lego 2 de Mike Mitchell (États-Unis, Animation, 1h47, distribué sur 455 copies)
Le Jeune Picasso de Phil Grabsky (Royaume-Uni, Documentaire, 1h25)
La Liberté de Guillaume Massart (France, Documentaire, 2h26, distribué sur 5 copies) (critique)
Les Moissonneurs de Etienne Kallos (Afrique du Sud, Drame, 1h44, distribué sur 27 copies) avec Brent Vermeulen, Alex Van Dyk et Juliana Venter (critique)
Paradise Beach de Xavier Durringer (France, Gangster, 1h33) avec Sami Bouajila, Tewfik Jallab et Mélanie Doutey
Peu m’importe si l’histoire nous considère comme des barbares de Radu Jude (Roumanie, Drame, 2h00) avec Ioana Iacob, Alex Bogdan et Alexandru Dabija
Plan Bee de Fabrice Poirier (France, Drame, 1h15, distribué sur 1 copie) avec Nguyen Trung Kien
Rencontrer mon père de Alassane Diago (France, Documentaire, 1h50, distribué sur 5 copies)
Reprises
Les Affameurs (1952) de Anthony Mann (États-Unis, Western, 1h31) avec James Stewart, Julie Adams et Arthur Kennedy
L’Arc et la flûte (1957) de Arne Sucksdorff (Suède, Documentaire, 1h15)
Les Funérailles des roses (1969) de Toshio Matsumoto (Japon, Drame, 1h48, distribué sur 10 copies) avec Pita, Osamu Ogasawara et Yoshimi Jo