Aujourd’hui, c’est la Fête du travail, mais le programme des sorties cinéma de ce mercredi férié pourrait aisément nous faire croire qu’on soit le 8 mars, la Journée internationale de la femme. Les personnages féminins forts débarquent en effet en nombre sur les écrans français cette semaine, ne laissant aux hommes que de piètres restes sous forme de la suite des Petits mouchoirs de Guillaume Canet. Trois ou même quatre d’entre eux nous intriguent particulièrement, à commencer par la sublime Julianne Moore dans Gloria Bell de Sebastian Lelio, une sorte de version pour les années 2010 de D’une vie à l’autre de Richard LaGravenese. Une partie du monde rarement sollicitée par le cinéma réussit un formidable coup double au féminin, grâce aux films de l’Europe du sud-est Dieu existe son nom est Petrunya de Teona Strugar Mitevska et Her job de Nikos Labôt. Enfin le délire est complet et drôlement fascinant dans les frasques mi-fantastiques, mi-sécuritaires du personnage principal de Jessica forever de Caroline Poggi et Jonathan Vinel.
Le documentaire se porte de même toujours très bien en ce début du mois de mai. Là aussi, nous vous apportons la preuve par trois et demi, avec un double programme au militantisme féministe assumé à travers #Female Pleasure de Barbara Miller sur le combat des femmes aux États-Unis, en Somalie, au Japon, en Allemagne et en Inde, ainsi que l’hommage rendu à la productrice de documentaires Inger Servolin dans Lettre à Inger de Maria Lucia Castrillon. L’approche est plus intimiste et personnelle dans 68 Mon père et les clous de Samuel Bigiaoui, sur la fermeture du magasin familial et les souvenirs et combats du passé qu’elle emporte avec elle. Enfin, notre coup de cœur de la semaine est Coming out de Denis Parrot sur le courageux combat des jeunes gays et lesbiennes qui osent révéler leur orientation sexuelle au monde par le biais des moyens de communication actuels.
En raison de la domination masculine de l’industrie du cinéma depuis ses origines, la sélection des reprises est forcément moins acquise à la cause des femmes. Ce qui n’empêche pas ces quatre films d’être sans exception de (petits) chefs-d’œuvre, dignes d’être découverts sur grand écran. Les grands noms de l’Histoire du cinéma se bousculent ainsi dans ce panorama vaste en étendue temporaire et géographique, depuis les années 1920 de l’Allemagne de la République de Weimar jusqu’aux années 1970 où la Cinecittà italienne s’empressait une dernière fois de rivaliser avec les grandes fresques hollywoodiennes, en passant par un exilé britannique et un réfugié de guerre qui a réalisé ses plus beaux films chez Universal dans les années ’50. Vous l’aurez compris, autant les nouvelles sorties nourrissent avec vigueur et inventivité notre âme militante, autant l’évocation de ce que Fritz Lang, Douglas Sirk, Joseph Losey et Bernardo Bertolucci ont de mieux à proposer nous envoie directement au paradis des cinéphiles !
#Female Pleasure de Barbara Miller (Allemagne, Documentaire, 1h37)
68 Mon père et les clous de Samuel Bigiaoui (France, Documentaire, 1h24, distribué sur 16 copies)
Alice T. de Radu Muntean (Roumanie, Drame, 1h45, distribué sur 40 copies) avec Andra Guti, Mihaela Sirbu et Gheorghe Ifrim (critique)
Amir et Mina Les Aventures du tapis volant de Karsten Kiilerich (Danemark, Animation, 1h21, distribué sur 242 copies)
Cœurs ennemis de James Kent (États-Unis, Drame historique, 1h48, distribué sur 150 copies) avec Keira Knightley, Alexander Skarsgard et Jason Clarke
Coming out de Denis Parrot (France, Documentaire, 1h03, distribué sur 12 copies)
Dieu existe son nom est Petrunya de Teona Strugar Mitevska (Macédoine, Drame, 1h40, distribué sur 72 copies) avec Zorica Nusheva, Labina Mitevska et Stefan Vujisic (critique)
Duelles de Olivier Masset-Depasse (Belgique, Drame, 1h37, distribué sur 60 copies) avec Veerle Baetens, Anne Coesens et Mehdi Nebbou
Filles de mai de Jorge Amat (France, Documentaire, 1h34, distribué sur 1 copie)
Gloria Bell de Sebastian Lelio (États-Unis, Comédie dramatique, 1h41) avec Julianne Moore, John Turturro et Michael Cera
Her job de Nikos Labôt (Grèce, Drame, 1h30, distribué sur 25 copies) avec Marisha Triantafyllidou, Dimitris Imellos et Maria Filini
Jessica forever de Caroline Poggi et Jonathan Vinel (France, Drame, 1h37) avec Aomi Muyock, Sebastian Urzendowsky et Augustin Raguenet
Lettre à Inger de Maria Lucia Castrillon (France, Documentaire, 1h16)
Nous finirons ensemble de Guillaume Canet (France, Comédie dramatique, 2h15, distribué sur 716 copies) avec François Cluzet, Marion Cotillard et Gilles Lellouche
La Peau sur les maux de Olivier Goujon (France, Drame, 1h35) avec Jean-Michel Hautin, Renée Lemire et Olivier Buttin
Tremblements de Jayro Bustamante (Guatemala, Drame, 1h40) avec Juan Pablo Olyslager, Maria Telon et Pedro Javier Silva Lira
Reprises
1900 (1974) de Bernardo Bertolucci (Italie, Drame historique, 5h25) avec Robert De Niro, Gérard Depardieu et Dominique Sanda
Cérémonie secrète (1968) de Joseph Losey (Royaume-Uni, Drame psychologique, 1h45) avec Elizabeth Taylor, Mia Farrow et Robert Mitchum
Mirage de la vie (1958) de Douglas Sirk (États-Unis, Mélodrame, 2h05) avec Lana Turner, John Gavin et Juanita Moore
Les Trois lumières (1921) de Fritz Lang (Allemagne, Drame, 1h38) avec Lil Dagover, Walter Janssen et Bernhard Götzke