Ce n’est pas seulement sur les terrains de foot féminin que l’Espagne est mise à l’honneur cette semaine. Car même le blockbuster hollywoodien de ce mercredi s’essaie à l’inclusion, voire à la transformation en véritables héros de ses personnages latinos. Plus globalement, ce premier programme hebdomadaire après le creux le plus profond de l’été se distingue, comme celui de la semaine dernière, par sa richesse et sa diversité. Certes, il y a à peine une dizaine de films à l’affiche de vos salles dès aujourd’hui. Mais une fois de plus, ils méritent tous ou presque qu’on y jette au moins un coup d’œil passager. Votre agenda cinéma dépendra donc surtout de vos préférences personnelles, auxquelles on pourra au mieux suggérer quelques œuvres produites en dehors des sentiers battus.
¡ Que viva España ! donc, puisque nos trois coups de cœur ont un rapport plus ou moins lointain avec le pays ibérique. Le premier, Fermer les yeux, marque le grand retour d’un maître du cinéma espagnol. Hélas, Victor Erice est tellement discret que le comité de sélection du dernier Festival de Cannes lui a tout juste accordé une place dans la section parallèle Cannes Première. Apparemment, son film aurait mérité de figurer en compétition et même de remporter la Palme d’or au détriment d’Anatomie d’une chute de Justine Triet, en salles dès mercredi prochain. Le deuxième amène le plus espagnol des réalisateurs contemporains, Pedro Almodovar, sur le terrain américain par excellence, celui du western. Vous pouvez compter sur le trublion baroque du cinéma européen pour en revisiter les codes de fond en comble et en à peine trente minutes, s’il vous plaît.
Enfin, les temps de la colonisation espagnole des Philippines sont derrière nous depuis plus de 120 ans. Néanmoins, pour les besoins de cet éditorial, permettez-nous d’associer la belle et longue nouvelle épopée de Lav Diaz Quand les vagues se retirent à cette sélection pseudo-espagnole. Notre critique maison Jean-Jacques ne nous en voudra probablement pas. A vous désormais de trouver une salle de cinéma confortablement climatisée dans laquelle déguster ce sixième long-métrage du réalisateur d’exception distribué en France …
Beaucoup d’autres films dignes d’intérêt se mettent également en position pour profiter des premiers spectateurs aoûtiens revenus des vacances. Ainsi, comment résister à l’humour délicieux de Gianni Di Gregorio qui fait doucement la cour à la légende du cinéma italien Stefania Sandrelli dans Seconde jeunesse ? A moins que vous préfériez suivre de près les bifurcations oppressantes du thriller américain Reality de Tina Satter ? Autre changement de régime avec soit la farce sur un amoureux fou du Brésil dans Abdelinho de Hicham Ayouch, soit grâce à l’ambiance nocturne que Patric Chiha distille dans La Bête dans la jungle. Quel embarras du choix et ce n’est même pas encore la rentrée cinématographique à proprement parler !
Enfin, les ressorties ne sont pas en reste, puisque vous pourriez y découvrir de sublimes copies restaurées de l’épique Adieu ma concubine de Chen Kaige, Palme d’or au Festival de Cannes en 1993, et de l’infiniment plus brut Ne pas avaler de Gary Oldman, prix d’interprétation féminine à Kathy Burke sur la Croisette quatre ans plus tard. Retour dans les années ’90 toujours, à travers le premier long-métrage du réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan Kasaba, resté inédit et visible tardivement, cinq semaines après son dernier film Les Herbes sèches.
Abdelinho de Hicham Ayouch (Maroc, Comédie dramatique, 1h40) avec Abderrahim Tamimi, Ali Suliman et Ines Monteiro
Les As de la jungle 2 Opération Tour du monde de Benoît Somville, Yannick Moulin et Laurent Bru (France, Animation, 1h29, distribué sur 622 copies)
La Bête dans la jungle de Patric Chiha (France, Drame, 1h43) avec Anaïs Demoustier, Tom Mercier et Béatrice Dalle
Blue Beetle de Angel Manuel Soto (États-Unis, Fantastique, 2h07) avec Xolo Maridueña, Bruna Marquezine et Susan Sarandon
Fermer les yeux de Victor Erice (Espagne, Drame, 2h49) avec Manolo Solo, Ana Torrent et José Coronado
Quand les vagues se retirent de Lav Diaz (Philippines, Drame, 3h07) avec John Lloyd Cruz, Ronnie Lazaro et Shamaine Buencamino (critique)
Reality de Tina Satter (États-Unis, Thriller, 1h22, distribué sur 108 copies) avec Sydney Sweeney, Josh Hamilton et Marchant Davis
Seconde jeunesse de Gianni Di Gregorio (Italie, Comédie, 1h31) avec Gianni Di Gregorio, Stefania Sandrelli et Agnese Nano
Strange Way of Life de Pedro Almodovar (Espagne, Western, 0h30, distribué sur 245 copies) avec Ethan Hawke, Pedro Pascal et Pedro Casablanc
Reprises
Adieu ma concubine (1993) de Chen Kaige (Chine, Drame, 2h51) avec Leslie Cheung, Zhang Fengyi et Gong Li
Kasaba (1997) de Nuri Bilge Ceylan (Turquie, Drame, 1h22) avec Mehmet Emin Toprak, Hawa Saglam et Cihat Butun (critique)
Ne pas avaler (1997) de Gary Oldman (Royaume-Uni, Drame, 1h59) avec Ray Winstone, Kathy Burke et Charlie Creed-Miles