Elle est tout de même un peu particulière, cette semaine de cinéma ! Car une fois qu’on a fait abstraction de la contribution américaine, qui va certes affoler les compteurs du box-office, mais qui fait sinon preuve d’une absence d’originalité déplorable, il y a de nombreux films atypiques à découvrir pour des spectateurs aventureux. Celui qui nous paraît le plus passionnant est aussi celui avec le potentiel commercial le moins marqué : une épopée asiatique d’une durée plus que conséquente sur un sujet épineux avec des acteurs non professionnels. Si vous n’avez pas l’occasion de vous plonger dans la Thaïlande poisseuse de Bangkok Nites, peut-être les nombreuses propositions de documentaires de qualité vous permettrons-elles d’ouvrir encore davantage votre horizon de pensée et de cinéma. Nous vous recommandons à la fois le nouvel Eugène Green Faire la parole sur l’identité basque, un hommage à la chanteuse mythique Chavela Vargas, ainsi que deux approches totalement décomplexées du handicap, avec la trisomie au Chili dans L’École de la vie de Maite Alberti et la surdité en France dans Good vibrations de Lydia Erbibou.
Côté fiction, on ne comptera plus les grossesses qui sont au cœur ou apparaissent de façon plus anecdotique dans bon nombre de films à l’affiche cette semaine. Le cas le plus évident est bien sûr Diane a les épaules, le premier long-métrage de notre ancien camarade de fac Fabien Gorgeart, mais il en est également question dans le très beau Le Semeur de Marine Francen et dans Simon et Théodore de Mikael Buch, sans oublier toute l’agitation apparemment un peu vaine qui part dans Par instinct de Nathalie Marchak de l’enlèvement d’un nouveau-né. Un point en commun encore plus étrange – comme si les distributeurs s’étaient donné le mot – est l’emploi dans carrément trois films du format carré 1.33, que l’on trouve donc à la fois chez Francen, Buch et dans le Paradis russe de Andreï Konchalovsky. Tandis que ce vieux maître n’a a priori pas réussi un dernier coup d’éclat, des confrères plus jeunes nous gratifient en ce mercredi pré-hivernal avec leurs nouveaux films pour le moins intéressants : Todd Haines et son Musée des merveilles et Guillaume Galienne et sa Maryline.
Enfin, le trio des reprises poursuit ce joli élan d’éclectisme, grâce entre autres à une absence totale de films anglophones. Vous pourrez par conséquent partir à la découverte de cinématographies peu explorées, comme celle d’Iran et de feue la Yougoslavie. Le plus accessible des trois nous paraît être Le Coureur de Amir Naderi, un drame d’enfance touchant qui entretient même un lien avec une sortie actuelle, le premier film réalisé par Sara Forestier, à travers son traitement de l’analphabétisme. Les deux autres valent cependant aussi le détour, ne serait-ce que pour les fans de la légendaire Maria Callas dans le Médée de Pier Paolo Pasolini et pour les cinéphiles en quête des origines du fond de commerce de Emir Kusturica, qui a dû s’inspirer amplement de J’ai même rencontré des tziganes heureux de Aleksandar Petrovic.
Bangkok Nites de Katsuya Tomita (Japon, Drame, 3h03) avec Subenja Pongkorn, Katsuya Tomita et Sunun Phuwiset
Chavela Vargas de Catherine Gund et Daresha Kyi (Mexique, Documentaire, 1h33, distribué sur 27 copies) (critique)
Diane a les épaules de Fabien Gorgeart (France, Comédie dramatique, 1h27) avec Clotilde Hesme, Fabrizio Rongione et Thomas Suire
L’École de la vie de Maite Alberti (Chili, Documentaire, 1h22)
L’Étoile de Noël de Timothy Reckart (États-Unis, Animation, 1h20)
Faire la parole de Eugène Green (France, Documentaire, 1h56, distribué sur 7 copies)
Good vibrations de Lydia Erbibou (France, Documentaire, 1h09)
Happy Birthdead de Christopher Landon (États-Unis, Horreur, 1h36) avec Jessica Rothe, Israel Broussard et Ruby Modine
Justice League de Zack Snyder (États-Unis, Fantastique, 2h00, distribué sur 687 copies) avec Jared Leto, Amy Adams et Gal Gadot
Khibula de George Ovashvili (Géorgie, Drame historique, 1h37, distribué sur 25 copies) avec Lika Babluani, Hossein Mahjoub et Manuchar Shervashidze (critique)
M de Sara Forestier (France, Drame, 1h39) avec Sara Forestier, Redouanne Harjane et Jean-Pierre Léaud (critique)
Maryline de Guillaume Galienne (France, Drame, 1h47, distribué sur 211 copies) avec Adeline D’Hermy, Vanessa Paradis et Alice Pol
Le Musée des merveilles de Todd Haynes (États-Unis, Drame, 1h57, distribué sur 164 copies) avec Oakes Fegley, Julianne Moore et Michelle Williams
L’Ombre de Vénus de Jean-Luc Piacentino (France, Drame, 1h20, distribué sur 1 copie) avec Cédric Senato, Mathilde Mosnier et Codrina Pricopoaia
Par instinct de Nathalie Marchak (France, Drame, 1h27) avec Alexandra Lamy, Brontis Jodorowsky et Sonja Wanda
Paradis de Andreï Konchalovsky (Russie, Drame, 2h11, distribué sur 13 copies) avec Yuliya Vysotskaya, Philippe Duquesne et Viktor Sukhorukov
Le Semeur de Marine Francen (France, Drame, 1h40, distribué sur 35 copies) avec Pauline Burlet, Géraldine Pailhas et Alban Lenoir (critique)
Simon et Théodore de Mikael Buch (France, Comédie dramatique, 1h24) avec Félix Moati, Nils Othenin-Girard et Mélanie Bernier
Reprises
Le Coureur (1985) de Amir Naderi (Iran, Drame d’enfance, 1h34) avec Madjid Niroumand, Moussa Tourkiradeh et Abbas Nazeri
J’ai même rencontré des tziganes heureux (1966) de Aleksandar Petrovic (Yougoslavie, Drame, 1h24) avec Bekim Fehmiu, Olivera Vuco et Mija Aleksic
Médée (1970) de Pier Paolo Pasolini (Italie, Drame, 1h50) avec Maria Callas, Laurent Terzieff et Massimo Girotti