Profitons éhontément de l’absence de notre rédacteur Tobias parti en vadrouilles cinématographiques au Festival de la Roche-sur-Yon depuis ce lundi 10 octobre jusqu’à ce jeudi pour prendre le pouvoir sur cette rubrique des sorties de la semaine. Quels sont donc les films à voir et à éviter parmi ceux sortis en salles le 12 octobre 2016 ?
Sans la moindre contestation possible, le film de la semaine est l’odyssée cinématographique de Bertrand Tavernier dans l’histoire du cinéma français. Il aurait pu titrer son documentaire MON voyage à travers le cinéma français car loin d’être une anthologie chronologique ou thématique de l’histoire de notre cinéma, il s’agit avant tout d’une plongée très personnelle dans la vie et la carrière professionnelle du réalisateur de L’Horloger de Saint-Paul via les films qu’il a aimés et admirés et s’il évoque (avec passion et argumentaire autant formel qu’émotionnel) les grands noms obligés, il fait aussi des choix très personnels, passant une longue partie en compagnie d’un acteur à part, Eddie Constantine. De Jacques Becker à Claude Sautet, en passant par Casque d’or, Michel Simon en Panique et bien d’autres, Tavernier se promène dans ses souvenirs et confirme qu’il est un grand passeur de cinéphilie, comme le furent Claude-Jean Philippe et Pierre Tchernia, qui nous ont récemment quitté. Il exprimait son ambition lors de la présentation officielle à Cannes Classics : «C’est un film fait pour exprimer ma reconnaissance à des gens que j’ai admirés et aimés, des scénaristes, des acteurs et des compositeurs [Maurice Jaubert en particulier], auxquels on ne rend pas assez justice».
Autre odyssée plus littérale (c’est même dans le titre) le biopic Cousteau (et fils, pour être précis) souffre certes d’écueils liés au genre du film biographique mais parvient à nous convaincre, notamment grâce au regard critique sur une époque révolue, celle où l’écologie n’intéressait rigoureusement personne. Feel good movie superficiel ou pavé contre la société capitaliste ? Captain Fantastic laisse une impression mitigée malgré son prix de la mise en scène dans la section Un Certain Regard cette année au Festival de Cannes et l’interprétation toujours aussi passionnante et complexe de Viggo Mortensen. Autre long-métrage présenté à Cannes, en compétition officielle, La Fille inconnue, le nouvel opus des frères Dardenne n’a guère séduit les festivals et guère plus notre cher Jean-Jacques malgré de réelles qualités, notamment dans l’évolution personnelle du médecin généraliste incarné par Adèle Haenel.
Si Peter Berg n’a pas évolué depuis Le Royaume et Du sang et des larmes (Lone Survivor), Deepwater risque bien d’être un drame édifiant sur la grandeur américaine et les petites gens, humbles mais qui révèlent leur courage (et leur patriotisme, de préfé – rance) en temps de crise majeure. Bon, Kurt Russell est de la partie (aux côtés, au passage, de sa fille adoptive Kate Hudson), donc cela mérite probablement, au moins, le détour mais avec les (grosses) réserves d’usage pour un réalisateur avec un tel pedigree. Dernier film tourné par le rescapé Dylan O’Brien avant sa grave blessure sur le tournage du troisième volet de la sage Le Labyrinthe.
Le film d’animation US de la semaine, Cigognes et compagnie, ne sort qu’en version française, donc ce sera sans nous. On a un peu peur a priori de Virtual Revolution, film de science fiction bien de chez nous. On en a vu quelques unes de ces productions françaises de SF en sorties limitées et ce n’est jamais très satisfaisant. Curieusement, l’on y retrouve Jane Badler, inoubliable Diane de la série V. donc, si l’on trouve un petit créneau dans notre emploi du temps, pourquoi pas ? Enfin, c’est pas gagné… Au programme enfin, trois autres documentaires : Sonita qui rêve d’être une rappeuse narrant le quotidien des femmes afghanes et découvre que sa famille prévoit de la vendre à un mari inconnu pour 9 000 $, Fin de jour et A Beautiful Planet (à la Géode) où Jennifer Lawrence accompagne notre balade à bord de de la Station Spatiale Internationale, la planète Terre prend une autre dimension et la vie un autre sens.
Les reprises de la semaine sont une nouvelle fois une source de réjouissances cinéphiliques assurées avec un mélodrame de Douglas Sirk, une œuvre politique et historique de Jean Rouch et une rareté du cinéma italien, filmée par Antonio Pietrangeli à l’honneur cette semaine au Festival Lumière à Lyon.
A Beautiful Planet de Toni Myers (Etats-Unis, Documentaire, 0h44, distribué sur 1 copie), narré par Jennifer Lawrence
Captain Fantastic de Matt Ross (Etats-Unis, comédie dramatique, 2h, distribué sur 111 copies), avec Viggo Mortensen, Frank Langella, George Mackay, Samantha Isler, Ann Dowd, Missi Pyle, Kathryn Hahn et Steve Zahn
Cigognes et compagnie de Nicholas Stoller et Doug Sweetland (Etats-Unis, Animation, 1h29, distribué sur 485 copies), avec les voix de Florent Peyre, Bérengère Krief et Issa Doumbia (version française)
Deepwater de Peter Berg (Etats-Unis, Drame tiré de faits réels, 1h47, distribué sur 323 copies), avec Mark Wahlberg, Dylan O’Brien, Kate Hudson, Kurt Russell, John Malkovich et Gina Rodriguez
La Fille Inconnue de Luc Dardenne et Jean-Pierre Dardenne (Belgique, Drame, 1h46, distribué sur 192 copies), avec Adèle Haenel, Olivier Bonnaud, Jérémie Renier, Christelle Cornil, Olivier Gourmet, Fabrizio Rongione, Marc Zinga et Morgan Marinne (critique)
Fin de jour de Mansur Tural (France, Documentaire, 1h20)
L’Homme flottant de Eric Bu (France, Moyen-métrage, Comédie dramatique, 0h44, distribué sur 1 copie), avec Camille Bardery, Eric Demey et Leopoldine Serre
L’Odyssée de Jérôme Salle (France, biopic, 2h02, distribué sur 525 copies), avec Lambert Wilson, Pierre Niney, Audrey Tautou, Laurent Lucas, Benjamin Lavernhe, Vincent Heneine, Thibault de Montalembert et Roger van Hool
La Pièce – Les derniers seront les premiers de Lamine Diakite (France, Comédie, 1h28), avec Thiebault Viel et Fahmi Guerbaa
Sonita de Rokhsareh Ghaem Maghami (Allemagne / Iran, Documentaire, 1h31)
Virtual Revolution de Guy-Roger Duvert (France, Policier / Science fiction, 1h32), avec Mike Dopud, Jane Badler et Jochen Hägele
Voyage à travers le cinéma français de Bertrand Tavernier (France, Documentaire, 3h15, distribué sur 28 copies)
Les reprises
Du soleil dans les yeux de Antonio Pietrangeli (Italie, 1953, Drame, 1h37, distribué sur 4 copies), avec Irene Galter, Gabriele Ferzetti, Pina Bottin et Paolo Stoppa
Moi, un noir de Jean Rouch (France, 1959, Drame, 1h12, distribué sur 4 copies), avec Oumarou Ganda, Petit Toure et Alassane Maiga
https://youtu.be/o0QvWovcmiw
Le Temps d’aimer et le temps de mourir de Douglas Sirk (Etats-Unis, 1958, Drame / Guerre, 2h13, distribué sur 5 copies), avec John Gavin, Liselotte Pulver et Jock Mahoney