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Après quatre semaines de remous sociaux, la France a besoin de repos et de tranquillité. Seul le temps dira, si cette parenthèse tumultueuse est désormais close, après les annonces vaguement généreuses du chef de l’état ce lundi. Le cinéma se met en tout cas en ordre de marche pour les fêtes avec une offre d’évasion qui ravira les spectateurs pour qui le fait de découvrir un film en salles est avant tout un divertissement. Or, les meilleurs films à l’affiche dès ce mercredi nous ramènent pourtant à la dure réalité de la vie, par exemple sous forme du choc des attentats en Norvège en 2011 dans Utøya 22 juillet de Erik Poppe, présenté en compétition au dernier Festival de Berlin. Le grand gagnant à Cannes cette année cherche également à mobiliser un public français globalement peu enclin au cinéma asiatique, s’il ne s’inscrit pas dans les codes de genre clairement délimités. L’atout majeur de Une affaire de famille de Kore-Eda Hirokazu est par contre l’universalité désarmante de son propos, en guise de conte social accessible à tous … même si nous ne voyons pas son sort commercial proche du million d’entrées, comme le prédisait un producteur français lors d’un festival récent. Enfin, parmi tous les films américains qui déboulent sur nos écrans en cette période avant Noël, avec l’inoffensif Rémi sans famille de Antoine Blossier comme seul contrepoids français, peut-être le seul à décortiquer sans merci le rêve américain est Nous les coyotes de Hanna Ladoul et Marco La Via, qui a plutôt été apprécié par notre confrère Jean-Jacques.
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Un nombre conséquent de films d’animation se dispute dès aujourd’hui les faveurs des plus jeunes spectateurs. Le plus ingénieux d’entre eux, Spider-man New Generation, tout récemment mis en avant par la presse américaine comme l’un des meilleurs films d’animation de l’année, s’adresse pourtant au moins autant aux adultes, avec sa relecture des stéréotypes par lesquels jure toute une génération de geeks. Le joliment folklorique Pachamama de Juan Antin n’aspire guère à une telle mise en abîme de haut vol, puisqu’il est plus adapté, par sa durée et son contenu, à la seule classe d’âge pas encore touchée par la fièvre révolutionnaire qui sévit actuellement en France. Les deux seuls documentaires de sortie ce mercredi font au mieux indirectement référence au malaise social ambiant, même si Rêver sous le capitalisme de Sophie Bruneau démontre subtilement à tel point notre environnement professionnel influe sur notre subconscient. Puis, comment ne pourrait-on pas se sentir concerné par l’extrait faisant office de bande-annonce pour L’Exilé de Marcelo Novais Teles, avec ce collectionneur de films pathologique, qui a amassé chez lui des centaines de cassettes VHS ? Avis donc aux amateurs de bons films, que nous cherchons toujours à nous débarrasser d’un nombre conséquent de nos DVDs …
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Du côté des reprises, la plus splendide est sans doute celle de Yentl, le projet passablement prétentieux avec lequel Barbra Streisand avait lancé sa brève carrière derrière la caméra au début des années 1980. Ça chante et ça manigance aussi beaucoup dans Farinelli de Gérard Corbiau, l’exception belge pas complètement concluante dans un marché du cinéma du patrimoine largement dominé par Hollywood, la France, l’Italie et accessoirement le Japon. Car certains films jouissent d’un tel prestige qu’ils ressortent à intervalles réguliers, comme Le Dernier nabab, pas vraiment le film le plus abouti de son réalisateur Elia Kazan. Le meilleur pour la fin, avec cette petite perle fantastique façonnée dans les années ’40 par René Clair, C’est arrivé demain ou est-ce qu’il vaudrait mieux déjà savoir comment se résoudra, de gré ou de force, l’impasse sociale et politique dans laquelle se trouve notre pays ces jours-ci ?
L’Exilé de Marcelo Novais Teles (France, Documentaire, 1h30)
Hunter Killer de Donovan Marsh (États-Unis, Guerre, 2h01) avec Gerard Butler, Gary Oldman et Common
Mortal engines de Christian Rivers (États-Unis, Science-fiction, 2h08) avec Stephen Lang, Robert Sheehan et Ronan Raftery (critique)
Nous les coyotes de Hanna Ladoul et Marco La Via (États-Unis, Comédie dramatique, 1h27) avec Morgan Saylor, McCaul Lombardi et Betsy Brandt (critique)
Oscar et le monde des chats de Gary Wang (Chine, Animation, 1h28)
Pachamama de Juan Antin (France, Animation, 1h10)
Rémi sans famille de Antoine Blossier (France, Aventure, 1h48) avec Daniel Auteuil, Maleaume Paquin et Virginie Ledoyen
Rêver sous le capitalisme de Sophie Bruneau (France, Documentaire, 1h03)
Spider-man New Generation de Bob Persichetti, Peter Ramsey et Rodney Rothman (États-Unis, Animation, 1h57)
Une affaire de famille de Kore-Eda Hirokazu (Japon, Drame familial, 2h01) avec Lily Franky, Ando Sakura et Matsuoka Mayu (critique)
Utøya 22 juillet de Erik Poppe (Norvège, Drame historique, 1h33) avec Andrea Berntzen, Aleksander Holmen et Solveig Koloen Birkeland
Reprises
C’est arrivé demain (1943) de René Clair (États-Unis, Comédie fantastique, 1h24) avec Dick Powell, Linda Darnell et Jack Oakie
Le Dernier nabab (1976) de Elia Kazan (États-Unis, Drame, 2h03) avec Robert De Niro, Tony Curtis et Robert Mitchum
Farinelli (1994) de Gérard Corbiau (Belgique, Drame musical, 1h56) avec Stefano Dionisi, Enrico Lo Verso et Elsa Zylberstein
Yentl (1983) de Barbra Streisand (États-Unis, Drame musical, 2h13) avec Barbra Streisand, Mandy Patinkin et Amy Irving