Les Neiges du Kilimandjaro
France : 2011
Titre original : Les Neiges du Kilimandjaro
Réalisateur : Robert Guédiguian
Scénario : Robert Guédiguian
Acteurs : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan
Distribution : Diaphana Distribution
Durée : 1h47
Genre : Drame, Romance
Date de sortie : 16 novembre 2011
Globale : [rating:3][five-star-rating]
Robert Guédiguian, après quelques « infidélités » fort réussies du reste (le splendide Voyage en Arménie notamment), revient à Marseille avec un film débordant d’humanité. Dégoulinant même, hélas. Too much is too much et cette fois, on déplore, qu’en dépit de son inexpugnable fidélité à ses convictions, il soit allé un peu trop loin dans un pathos mièvre. Mais le dialogue et l’interprétation sauvent la mise.
Synopsis : Michel, la cinquantaine, est représentant syndical de son entreprise frappée par un plan de licenciement. Il décide le moyen le plus démocratique selon lui pour désigner les vingt personnes qui resteront sur le carreau : le tirage au sort. Son nom tombe au milieu de 19 autres, parmi lesquels celui d’un jeune désœuvré qui vit dans une cité et élève seul ses deux frères. Ce dernier va se venger…
Un petit Guédiguian
Marseille, ville de tous les départs, de toutes les promesses de voyage… Son mistral qui rend un peu zinzin, son pastis, ses parties de cartes. Guédiguian est à la cité phocéenne ce que Woody Allen fut à New York : viscéralement attaché à cette ville dont il a situé la majorité de ses films, il l’a filmée sous toutes ses coutures. Un poil idyllique dans Marius et Jeannette, écrasée de lumière pour mieux y planter le décor d’un abominable drame dans La ville est tranquille (son meilleur film à ce jour), un tantinet ouvrière dans A l’attaque …
Dans ce nouvel opus, Marseille incarne un personnage à part entière. Il y est question de navires, de voyages, de chansons exotiques. Mais la crise étant passée par là, il y est surtout question de rêves de navires, de fantasmes de voyages que l’on vivra par procuration en regardant par exemple un bateau de papier se laisser porter par le courant de l’eau coulant dans un caniveau. Poétique et cruel à la fois, ce plan aussi léger que suggestif pourrait sortir tout droit d’un film de René Clair, l’homme au Million et A nous la liberté.
Hélas, cette légèreté, que l’on avait pu applaudir dans A l’attaque notamment tend ici à s’effacer derrière une préjudiciable propension à l’empathie comme seule arme de séduction. De nombreuses scènes tout autant que le final (étonnamment christique venant d’un communiste avéré…) plombent le propos, le rendant plus lénifiant qu’engagé. Si le discours politique demeure en filigrane, il n’est pas toujours bien intégré dans toute la composante humaine de la narration.
Tout cela est d’autant plus dommage que le cinéaste demeure sincère dans ses convictions politiques et ses colères humanistes. Menant avec toujours autant d’allant son intrigue, qui navigue entre polar et conte, constat sociétal et comédie, maîtrisant avec toujours la même aisance les ruptures de rythme et dirigeant toujours aussi brillamment ses comédiens, il passe à quelques encablures du grand film. C’est donc un petit Guédiguian que cet opus au titre qui promet de la hauteur mais reflète surtout la mièvrerie de la chanson qui l’a inspiré…
Résumé
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