Les Hommes préfèrent les blondes
Etats-Unis, 1953
Titre original : Gentlemen Prefer Blondes
Réalisateur : Howard Hawks
Scénario : Charles Lederer, d’après l’oeuvre de Joseph Fields et Anita Loos
Acteurs : Jane Russell, Marilyn Monroe, Charles Coburn
Distribution : 20th Century Fox
Durée : 1h31
Genre : Comédie musicale
Date de sortie : 30 juillet 1954
Note : 3,5/5
Quelle meilleure occupation y a-t-il au moment des fêtes de fin d’année que de réviser ses classiques ? La télévision s’y emploie pratiquement sur toutes les chaînes et l’édition vidéo n’est pas en reste, avec des coffrets fourre-tout qui ont plus ou moins rempli leur rôle de cadeau par défaut sous le sapin de Noël. Et quoi de plus agréable que de se rendre compte que nos vagues souvenirs de cinéphile avaient effectivement besoin d’être mis à jour ? Car cette comédie de Howard Hawks a su garder une fraîcheur pétillante, malheureusement absente de la copie usée, projetée à la Cinémathèque Française.
Synopsis : Dorothy la brune et Lorelei la blonde sont des danseuses de music-hall. Tandis que la première croit encore en l’amour désintéressé, sa meilleure amie ne jure que par la fortune matérielle de ses conquêtes successives. Parmi ces dernières se trouve le futur millionnaire Gus. Lorelei voudrait bien l’épouser lors d’un voyage prochain en Europe. Mais comme son fiancé est trop dépendant de son père, elle décide d’embarquer sans lui, avec Dorothy en tant que chaperon et toute l’équipe olympique à ses pieds.
Eternelle Marilyn
Les Hommes préfèrent les blondes est bien plus qu’une pierre décisive à l’édifice du mythe de Marilyn Monroe. La séquence mille fois citée, notamment par Baz Luhrmann dans Moulin Rouge !, de « Diamonds are a girl’s best friend » met certes savamment en scène le pouvoir de séduction de l’actrice, entourée pour l’occasion d’un chandelier humain vêtu de latex et de George Chakiris, encore inconnu à l’époque. Elle n’est pas pour autant symptomatique d’un film, qui s’approprie la guerre des sexes avec une désinvolture jubilatoire, contrairement à son contemporain, lui aussi porté par Monroe, le pesant Comment épouser un millionnaire de Jean Negulesco. Car dans le duel féminin hautement électrique entre Jane Russell, la tête d’affiche, et Monroe, l’étoile montante, la véritable vedette est le regard irrévérencieux sur les rapports hommes/femmes de la part du scénario de Charles Lederer et de la réalisation de Howard Hawks.
Une drôle de conception romantique
Les hommes y sont avant tout des objets, à malmener au bon vouloir de leurs pendants féminins. Ce sont soit des benêts qui mettent un point d’honneur à perdre chaque confrontation verbale ou sentimentale, comme Gus, soit des complices, nullement dupes des ruses de Lorelei et Dorothy, qui acceptent volontairement de perdre un peu de leurs privilèges archaïques, en échange d’un signe d’affection chargé de sous-entendus plus ou moins érotiques, comme le détective Malone ou Henry Spofford III. Pour un film du début des années 1950, une période nullement connue pour sa liberté de mœurs, les trouvailles équivoques surabondent d’ailleurs, d’une façon jamais plus flagrante que lors de la séance d’exercices sportifs, accomplis par des athlètes pratiquement nus, puisque leur seul habit est un caleçon couleur chair. Face à eux, les personnages féminins tiennent subtilement les rênes d’une histoire, qui consiste essentiellement en de délicieuses leçons de séduction et autres quiproquos amenés avec un humour mordant, qui nous rappelle parfois les comédies sophistiquées des années ’30.
Conclusion
Désormais vieille de plus d’un demi-siècle, cette comédie musicale n’a rien perdu de sa superbe. Elle nous rappelle au contraire avec un charme désarmant que Jane Russell et Marilyn Monroe étaient bien plus que de simples symboles sexuels et que le cinéma de Howard Hawks, selon la légende l’un des réalisateurs les plus virils de la grande époque de Hollywood, était malgré les apparences très sensible à la cause des femmes. Ce qui ne signifie pas pour autant que son film avait pour ambition principale autre chose que de divertir d’innombrables générations de spectateurs, passées, présentes et futures.