Les équilibristes

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LES-EQUILIBRISTES_120_BDLes équilibristes

Italie, France : 2011
Titre original : Gli equilibristi
Réalisateur : Ivano De Matteo
Scénario : Valentina Ferlan, Ivano De Matteo
Acteurs : Valerio Mastandrea, Barbora Bobulova, Rosabell Laurenti Sellers
Distribution : Bellessima films
Durée : 1 h 53
Genre : Drame
Date de sortie : 27 février 2013

Globale : [rating:3.5][five-star-rating]

Dans son 3ème long métrage, le réalisateur italien Ivano De Matteo aborde un sujet auquel la crise actuelle donne une grande actualité : la fragilité de la condition humaine et le basculement vers la pauvreté que tout un chacun peut voir fondre sur lui pour peu que la malchance ou un dérapage plus ou moins conséquent vienne glisser un grain de sable dans l’engrenage de son existence. Le traitement de ce sujet est ici très italien mais le sujet lui-même est universel.

 

Synopsis :

Giulio, quarante ans, a une vie bien installée entre son travail, ses deux enfants et Elena, sa femme qu’il aime… mais qu’il a trompée un soir. Quand son épouse le quitte, Giulio voit sa vie basculer et découvre à quel point la frontière peut être ténue entre l’aisance et la pauvreté…

61Quand le vent fait basculer l’équilibriste

Voici un film pour lequel il est recommandé de bien observer les premières scènes quand bien même elles peuvent paraître anodines : la caméra se ballade dans la salle des archives d’une mairie et elle effleure une très banale scène d’amour dans laquelle il est quasiment impossible de reconnaître les protagonistes. Plus tard dans le film, cette scène vous reviendra à l’esprit et vous comprendrez qu’elle est le point de départ de la chute d’un homme, d’un de ces équilibristes que nous sommes tous plus ou moins, hommes ou femmes. Cet homme, c’est Giulio, la quarantaine, employé de mairie, plein d’humour, sympathique ; sa femme s’appelle Elena ; ils ont une fille, Camilla, qui joue de la basse dans un groupe de rock et un fils, Luca, plus jeune et plus effacé. Une famille banale, sans histoire, en quelque sorte. Sauf que ! Elena ne va pas très bien, elle pleure, elle bat froid à son mari. Comprenons la : la scène d’amour entraperçue au début, c’était Giulio avec une collègue de bureau et cette « aventure » qu’elle a devinée, Elena l’a en travers de la gorge. Voici venir le vent qui va faire basculer l’équilibriste : après une scène d’explication qui vire à la dispute, Giulio prend la décision de quitter le domicile conjugal non pas pour aller se réfugier chez sa maîtresse mais pour clarifier la situation avec son épouse.

2997La descente aux enfers

La suite du film est la description de ce qui s’apparente à une descente aux enfers : le salaire de Giulio arrivait à le faire vivre, lui et sa famille, il n’est plus suffisant dès lors qu’il faut payer un logement supplémentaire ; Giulio doit rechercher un travail d’appoint, un logement le moins cher possible, il en arrive à côtoyer le monde de la pauvreté, il se transforme, il devient irascible, il devient ingrat. Il faut dire que le choc est rude : il y a peu, sa vie s’apparentait à un long fleuve tranquille et le voilà travaillant la nuit aux côtés de sans-papiers, avec, suspendue au dessus de lui et de celui qui l’emploie, la crainte d’un contrôle traquant le travail au noir ; le voilà contraint de dormir dans sa voiture ; le voilà quasiment au fond du trou. Il faut dire aussi qu’un trop plein d’amour propre l’a empêché depuis le début de sa chute de faire part à sa famille de l’état de désespoir financier dans lequel il se trouve : il a préféré biaiser, dissimuler, faire croire que tout va bien.

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Un excellent casting

Les équilibristes est le 3ème long métrage d’Ivano De Matteo. Le premier, Ultimo Stadio, n’est jamais sorti sur nos écrans. Le 2ème, La Bella Gente Les gens bien, est sorti il y a 2 ans et il a obtenu ce qu’on qualifie habituellement de succès d’estime. A la vision de ces 2 films sortis en France, on ne peut s’empêcher de regretter qu’à chaque fois, quelques défauts dans la réalisation viennent pénaliser un sujet particulièrement intéressant : dans La Bella Gente, la peinture des contradictions que, (presque) tous autant que nous sommes, nous pouvons rencontrer entre notre compassion face à la misère des autres, qu’elle soit économique ou morale, et notre confort (petit) bourgeois, était entachée par un un certain manichéisme et un léger manque de subtilité ; dans Les équilibristes, c’est le choix d’étirer et de répéter certaines scènes dans la partie médiane du film qui ralentit son rythme et, d’une certaine façon, le banalise. Par contre, il y a un domaine d’excellence chez Ivano De Matteo : le choix des comédiens. Ici, on retiendra particulièrement Valerio Mastandrea qui joue Giulio et qui s’avère tout aussi excellent que dans le rôle du commissaire Luigi Calabresi dans Piazza Fontana. Barbora Bobulova, qui joue très finement Elena, on vient de la voir il y a 2 semaines dans Scialla ! et on l’avait remarquée il y a quelques années dans Libero. Quant à Rosabell Laurenti Sellers, qui joue Camilla, c’est une jeune comédienne de 17 ans pleine de peps et dont l’avenir s’avère très prometteur.

Résumé

Il y a des films qu’on ne peut s’empêcher de recommander malgré les défauts qu’on y a décelés. Les équilibristes en fait partie, grâce au caractère universel de son sujet, grâce à une vision décalée de la ville de Rome, grâce à un casting particulièrement réussi. On souhaite une excellente suite de carrière à Ivano De Matteo en espérant que, dans l’avenir, il arrive à gommer ces petits défauts qui empêchent ses films d’accéder au rang de grands films.

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