Les Enfants de Belle Ville
Iran : 2004
Titre original : Shahr – Eziba
Réalisateur : Asghar Farhadi
Scénario : Asghar Farhadi
Acteurs : Taraneh Alidoosti, Babak Ansari, Faramarz Gharibian
Distribution : Memento Films Distribution
Durée : 1h 41min
Genre : Drame
Date de sortie : 11 juillet 2012
Globale : [rating:4][five-star-rating]
Bien que présent au Marché du Film de Cannes en 2004, bien que primé la même année dans plusieurs festivals, Les enfants de Belle Ville n’avait pas trouvé de distributeur à l’époque. En fait, en 2004, on en était encore à croire que le cinéma iranien se limitait à Abbas Kiarostami et Mohsen Makhmalbafl, un cinéma qui, le plus souvent, ne disait pas les choses en face mais abordait les problèmes de la société iranienne de façon détournée, par exemple en utilisant des histoires enfantines. On peut comprendre cette timidité dans un pays dans lequel la censure est puissante. Pourtant, Les Enfants de Belle Ville prouve qu’au début des années 2000, il existait déjà un cinéma qui appelait un chat un chat mais il aura fallu le succès de Une Séparation pour que les spectateurs aient, enfin, la possibilité de le constater.
Synopsis : Akbar est jeune, il vient d’avoir 18 ans, mais Akbar est condamné à mort. Alors qu’il attend son exécution dans une prison de Téhéran, son meilleur ami et sa sœur vont tenter d’obtenir le pardon du père de sa victime, seul moyen pour lui d’échapper à son destin.
Un pays kafkaïen
C’est dans une prison pour adolescents que débute Les enfants de Belle Ville. On y rencontre deux garçons devenus amis dans ce lieu. Condamné à mort pour avoir tué son amie âgée de 16 ans, promise à un autre, Akbar vient d’avoir 18 ans : il peut dorénavant être exécuté à tout moment. A‘la, son ami, veut se battre pour que cette exécution n’ait pas lieu. Il lui faut d’abord rencontrer Firouzeh, la sœur d’Akbar, qui, depuis des mois, poursuit le même but. Ensembles, il leur faut convaincre le père de la victime d’accorder son pardon. On a donc déjà, très vite, deux thèmes susceptibles d’intéresser un grand public : la peine de mort et, qui sait, l’esquisse d’une histoire d’amour. Qui plus est, n’oublions pas que nous sommes en Iran, un pays dans lequel la loi religieuse coexiste avec la loi civile, un pays dans lequel la « loi du sang » fait que la vie humaine a un prix, un pays dans lequel le prix de la vie d’une femme est la moitié du prix de la vie d’un homme. Par conséquent, dans ce domaine, tout se monnaye, le pardon, bien sûr, mais aussi la possibilité, pour la partie civile, de faire exécuter un condamné. Kafka est né à Prague, il doit avoir de nombreux descendants en Iran !
Toutes les qualités de Farhadi sont déjà là
En 2004, lorsque Asqhar Farhadi réalise Les enfants de Belle Ville, il s’agit de son 2ème film de cinéma. Pour nous, spectateurs français, c’est le 4ème film de Farhadi qu’il nous soit donné de voir. Tourné 7 ans avant Une séparation, Les enfants de Belle Ville possède déjà toutes les qualités qui finiront par déboucher sur ce grand succès international absolument mérité : maîtrise de la mise en scène, choix du casting, direction d’acteurs, longueur des plans, empathie pour les personnages. Dans ce film plus que dans les trois suivants, Asqhar Farhadi montre qu’il est, d’une certaine façon, l’émule du néoréalisme italien de la grande époque. C’est dans ce film, aussi, qu’il fait appel pour la première fois à Taraneh Alidoosti, qu’on retrouvera plus tard dans La fête du feu et dans A propos d’Elly.
Résumé
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