Le Père de mes enfants
France, 2009
Titre original : –
Réalisateur : Mia Hansen-Løve
Scénario : Mia Hansen-Løve
Acteurs : Louis-Do de Lencquesaing, Chiara Caselli, Alice de Lencquesaing
Distribution : Les Films du Losange
Durée : 1h50
Genre : Drame
Date de sortie : 16 décembre 2009
Note : 3,5/5
Avant Un Amour de jeunesse et Eden qui sort en salles cette semaine, Mia Hansen-Løve avait réalisé ce film qui rendait un bel hommage au producteur indépendant Humbert Balsan à travers la figure de Grégoire Canvel incarné par l’impressionnant Louis-do de Lencquesaing.
Synopsis : Grégoire Canvel a tout pour lui. Une femme qu’il aime, trois enfants délicieuses, un métier qui le passionne. Il est producteur de films. Révéler les cinéastes, accompagner les films qui correspondent à son idée du cinéma, libre et proche de la vie, voilà justement sa raison de vivre, sa vocation. Grégoire y trouve sa plénitude, il y consacre presque tout son temps et son énergie. Hyperactif, il ne s’arrête jamais, sauf les week-end qu’il passe à la campagne en famille : douces parenthèses, aussi précieuses que fragiles. Avec sa prestance et son charisme exceptionnel, Grégoire force l’admiration. Il semble invincible. Pourtant sa prestigieuse société de production, Moon Films, est chancelante. Trop de films produits, trop de risques pris, trop de passifs; les menaces se précisent. Mais Grégoire veut continuer d’avancer, coûte que coûte. Jusqu’où cette fuite en avant le conduira-t-il ? Un jour, il est obligé de voir la réalité en face. Alors surgit un mot : l’échec. Et une grande lassitude, qui va bientôt, secrètement, prendre la forme du désespoir.
Portrait d’un producteur sensible et passionné
Humbert Balsan s’est suicidé en 2005 dans son bureau, écrasé par la pression des dettes et peu de temps avant la sortie de Quand la mer monte de Yolande Moreau et Gilles Porte qui fut un succès hélas trop tardif pour le sauver. Il trouve un double presque parfait en la personne de Louis-Do de Lencquesaing, acteur reconnu au théâtre qui après quelques petits rôles au cinéma, avait pour la première fois de sa carrière l’occasion de briller dans ce rôle de séducteur, sensible et passionné, qui se démenait pour mener à bien les projets qu’il soutenait. Depuis il est devenu l’un de ses acteurs fiables de film en film et que l’on prend plaisir à retrouver dans de nombreux projets enrichis à chaque fois de sa présence. Le personnage est brillamment écrit, passant d’une légèreté virevoltante enthousiasmante pour ceux qui l’entouraient, dans sa vie privée comme dans son activité professionnelle, à un désespoir grandissant face aux problèmes qui se sont accumuler. Même si le décès de Canvel n’arrive qu’en milieu de film, le révéler ne nuit en rien à la qualité du film, cet acte étant presque annoncé au début avec sa réaction face au suicide d’un technicien sur un tournage. Le cinéaste qui lui cause quelques soucis dans sa production d’un film difficile est librement inspiré de Bela Tarr et du tournage compliqué de L’Homme de Londres.
Et après ?
Chiara Caselli est émouvante dans le rôle de sa femme, amoureuse d’abord et devant faire face au deuil ensuite, celui de son mari mais aussi de la société de production qu’il avait créée. Un vrai plaisir de la retrouver, elle qui se faisait rare ces dernières années, à l’exception d’une apparition dans La Terre des Hommes Rouges. La propre fille de Louis-do de Lencquesaing, Alice, confirme l’impression qu’elle dégageait dans L’Heure d’Ete, une sensibilité à fleur de peau, une présence discrète et juste. En ami fidèle, Eric Elmosnino mais aussi Sandrine Dumas et Dominique Frot entre autres complètent la distribution qui permet de faire vivre ce drame et cette tranche de vie avec une émotion vibrante. Mia Hansen-Løve a rencontré à plusieurs reprises Balsan dans les derniers mois de sa vie. Il devait produire son premier film et elle fut marquée par sa rencontre et celle de sa femme après son décès, on peut d’ailleurs voir qu’elle se projette nettement dans un des protagonistes du récit.
Résumé
Tout est pardonné, prometteur malgré quelques maladresses, est le titre de ce premier film qu’elle a finalement tourné, un titre dont le lien avec l’histoire racontée ici est proche. Mia Hansen-Løve signe le beau portrait d’un homme mais aussi d’un milieu (le monde du cinéma, rarement présenté de façon aussi réaliste) et de ses proches qui devront apprendre à vivre sans lui.