Critique : Le corsaire de l’Atlantique

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corsaire de l'atlantique AFFICHELe Corsaire de l’Atlantique

Etats-Unis, 1931
Titre original : Seas Beneath
Réalisateur : John Ford
Scénario : Dudley Nichols, d’après le récit de James Parker Jr.
Acteurs : George O’Brien, Marion Lessing, Mona Maris
Distribution : 20th Century Fox
Durée : 1h30
Genre : Drame, Guerre
Date de sortie : inconnue

Note : 4,5/5

Dans cet éloge de la mer et de ceux qui la foulent sur leurs vaisseaux, John Ford évoque le conflit entre Américains et Allemands dans la Première Guerre Mondiale d’une façon originalement humaniste avec un propos particulièrement nuancé.

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Synopsis : 1918. Bob Kingsley commande le Mystery Ship n°2 qui, sous l’apparence d’un paisible bateau, cache en réalité un navire de combat dont le but est de détruire l’U-172 allemand du baron Von Steuben. Aux Canaries, au cours d’une escale, Kingsley fait la connaissance d’Anna Marie Von Steuben, sans savoir qu’elle est la soeur de son adversaire…

 

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Un regard documentaire et humaniste

Certes, les héros sont les membres de l’équipage américain mais leurs adversaires ne sont pas montrés comme des ennemis inhumains. Il s’agit ici d’une observation documentaire sur la vie de bâtiments de guerre et le respect entre adversaires est réel même si leur affrontement est déterminé. On voit des soldats allemands rire, avoir des relations normales et une vie de famille, ce qui est tout de même plus fort qu’une vision manichéenne entre le bien et le mal. Chacun risque sa vie, et l’adversaire qui a tenté de couler un navire a le droit aux égards militaires dus à son sens du sacrifice, sans que ce geste soit particulièrement glorifié d’ailleurs. Sans pouvoir le soupçonner de faiblesses face à l’ennemi, un officier américain peut avoir des sentiments pour une jeune femme allemande, fidèle à son pays et à ses proches : son frère et son fiancé font partie de l’équipage du sous-marin, elle pourrait renoncer à les rejoindre pour vivre quelque chose avec celui qui l’a séduite un soir sur un port mais le moment n’est pas propice, on ne quitte pas son camp au moment de la défaite.

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L’attitude des officiers et simples soldats teutons entre eux est sympathique et humaine. Venant de John Ford, le cinéaste américain par excellence, ce regard est particulièrement fort. Le propos ici est notamment de souligner que parmi les soldats allemands, on observe ici avant tout ceux qui sont eux aussi des soldats, des marins, avant d’être vos ennemis. Une approche complexe pour 1931, ce qui n’aurait probablement pas pu être tourné ainsi après le conflit suivant.

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Des scènes impressionnantes en haute mer

De plus, la mise en scène de John Ford est impressionnante : les scènes en haute mer n’ont pas été tournées en studio et cela se ressent à l’écran. L’effet de réalisme moral se double ainsi d’un réalisme visuel. De très belles séquences maritimes, avec un grand sens de la perspective et une belle profondeur de champs malgré le format de l’image limité au format 1/33 par un réalisateur plus connu pour ses rapports avec la terre dans ses nombreux westerns, alors qu’il a plusieurs fois marqué sa fascination avec la grande bleue. Le spectateur est embarqué sur les navires qui s’affrontent, mer agitée dans tous les sens du terme. De très beaux contrastes dans le noir et blanc, les silhouettes sombres se détachent magnifiquement sur fonds gris et blanc, le cadre dans les rues de cet île isolée rappellant le style expressionniste allemand, l’influence de Murnau sur le cinéma de John Ford ayant été assumée par le cinéaste lui-même.

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Conclusion

Un rare exemple de film qui pourrait n’être qu’une oeuvre de propagande mais où le point de vue n’est pas unilatéral, un regard humaniste proche du regard de Clint Eastwood que posera sur l’armée japonaise dans son diptyque sur le conflit de Iwo Jima (Mémoires de nos Pères et surtout Lettres d’Iwo Jima). Une vraie curiosité à découvrir, notamment dans le cadre de la rétrospective consacrée à l’oeuvre du cinéaste à la Cinémathèque en cet hiver 2014-2015, le samedi 27 décembre 2014 à 14h00 et le dimanche 11 Janvier 2015 à 17h15.

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