Le Capital

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Le Capital

France : 2012
Titre original : Le Capital
Réalisateur : Costa-Gavras
Scénario : Costa-Gavras
Acteurs : Gad Elmaleh, Gabriel Byrne, Natacha Régnier, Céline Salette
Distribution : Mars Distribution
Durée : 1h53
Genre : Thriller, drame
Date de sortie : 14 novembre 2012

Globale : [rating:2/5][five-star-rating]

Prenant tout le monde par surprise avec un film sorti de nulle part, Mr Costa-Gavras surprend d’autant plus qu’il place un comique français en haut de son affiche pour une histoire qui a l’air d’être tout sauf drôle. L’attente que tout cela procure sera-t-elle comblée par un film à la hauteur des espérances?

Synopsis:

Un dirigeant de banque peu scrupuleux et nommé à la tête de la Phenix compagnie depuis peu, Marc Tourneuil, se retrouve confronté à l’offensive d’un fonds spéculatif américain.

Un film faussement sulfureux

Adapté du roman éponyme écrit par Stéphane Osmont, « Le Capital » se veut à l’origine être un pamphlet sur le capitalisme. On s’attendait donc au minimum à retrouver la même chose à l’écran. Surtout que Costa-Gavras n’est pas connu pour prendre des gants lorsqu’il aborde des sujets comme la politique ou la religion (Amen, Le Couperet…). Malheureusement ici, on a plus l’impression de faire face à autant de suspense que devant un épisode de Joséphine Ange Gardien. C’est dire.

Même si à la façon de « La Firme », le film se veut long et lent « exprès » afin d’installer les personnages et l’histoire, la sauce ne prend pas. On se retrouve alors devant un thriller financier à la française moyen. Car même si tout ce que font ces Yankees n’est pas bon à prendre, dans ce cas précis c’est comme si l’on devait pour la énième fois comparer les Experts et Julie Lescaut...Mais surtout, Le Capital donne l’impression d’être arrivé trop tard, d’avoir déjà été traité et en mieux, d’être déjà vu.

Car oui, merci, mais nous savions déjà que les banquiers volent de l’argent aux modestes travailleurs qui épargnent, et que la crise financière nous frappe depuis quelques années désormais, alors pourquoi enfoncer le clou? Qu’est-ce que ce film apporte? Et bien rien malheureusement, ni au niveau de l’histoire que de la mise en scène certes maitrisée mais attendue. Résultat on trouve le temps long, très long, la faute à un rythme en dents de scie. Certaines scènes sont un peu précipitées sur quelques aspects de l’histoire (coucou le rôle de Madame Tourneuil complètement délaissé), et d’autres sont trop répétitives.

On fini alors par se demander où était l’intérêt de faire ce film. Et pourquoi en faire 2h de pellicule quand on a ouvertement compris le message dès les premières minutes. Le fameux slogan de l’affiche « Continuons de prendre aux pauvres pour donner aux riches » se suffisait à lui-même. Peu importe, il sera répété durant tout le film, osant même le face caméra au cas où on n’aurait pas bien compris. Et puis il faut l’avouer, 2h de chiffres et de spéculations financières, ça n’emballe que très peu de monde. Pour les réfractaires aux maths ou à la finance vous vous sentirez exclus de l’histoire comme prévu. Si vous adorez ça, l’absence de suspense et de vrai intrigue vous fera simplement sourire et vous réviserez votre manuel de base du bon banquier. Heureusement, tout n’est pas à jeter dans le film, et l’on en attendait pas moins d’un si bon cinéaste.

Malgré une bonne maitrise et une bonne interprétation

Toutefois, on regrette surtout que Costa-Gavras ne se soit pas attaqué au gros du morceau, ce que l’on attendait réellement du film à savoir: la descente aux enfers personnelle de Marc Tourneuil-Gad Elmaleh. Qu’est-ce que le pouvoir change chez lui? Jusqu’où est-il moralement prêt à aller?Quel est son état d’esprit? Qu’en pensent ses proches? Le spectateur en a un bref aperçu avant d’enchaîner sur des clichés de l’homme en situation de richesse à savoir: de l’alcool, des jet privés et des mannequins aux mœurs légères. Encore une fois, rien de nouveau, surtout après les derniers scandales politiques en France par exemple. Là où le film aurait pu choquer il y a quelques temps, il ennuie tout bonnement aujourd’hui.

Reste il faut le dire une performance réussie de Gad Elmaleh à qui on demande de rester froid et impassible. On oublie bien vite le comique pour laisser place au jeune chef d’entreprise bilingue en anglais (et ce n’est pas négligeable le fait de ne pas avoir envie de rire quand un français parle anglais!). Le personnage est sans doute mal écrit, mais il est (très) bien interprété, surtout pour un premier rôle dramatique. Encore une fois, après Le couperet et José Garcia, c’est le réalisateur qui a choisi un comique pour un rôle à contre courant. On le remercie grandement de ne pas enfermer les comiques français dans des cases, mais on peut aisément comprendre l’appréhension qu’avait Gad Elmaleh avant d’accepter le rôle. Toutefois, son interprétation est loin d’être risible, et on ne reviendra pas sur le choix de Costa Gavras, qui se perd tout seul dans son propre film.

Le reste du casting n’a pas de quoi rougir non plus, et l’on y croise de nombreuses têtes connues. Si l’on passe sur un caméo furtif et inutile de Bixente Lizarazu, on voit surtout évoluer à l’écran des hommes et (peu) de femmes qui jouent les ordures à merveille. Il faut dire que l’on sent la maîtrise du metteur en scène derrière tout ça et l’on ne peut rien redire sur la photographie du film, contrairement à son scénario et à son travail sur les personnages…Les femmes par exemple, pour y revenir, sont relayées au second plan, cataloguées en 3 rôles bien distincts: le cerveau/secrétaire, la prostituée et la femme/maman. Certes, la banque n’est pas l’endroit le plus accueillant pour une femme, mais nous n’en demandions pas tant. Lorsque l’on fait le tour de tout ça, et des 2h, on se dit au final qu’il y a eu un beau sujet de gâché mais un changement de carrière plutôt réussi pour certains. Mais l’un dans l’autre, Le Capital reste un film que l’on oublie malheureusement trop vite…

 

Résumé

En bref: Un film sur la finance sans grand chose de scandaleux ni de palpitant. Une suite de clichés s’enchaînent dans des scènes aux dialogues bien fades malgré une bonne performance de Gad Elmaleh dans un rôle dramatique. Mr Costa Gavras signe surtout ici un film qui fleure bon l’an 2008…

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