Qu’il paraît désormais loin le mois de décembre 2020, quand on croyait encore, naïvement, que les salles de cinéma françaises allaient bientôt rouvrir. Depuis, une pénible léthargie s’est installée, une sorte de résignation. Car on serait fortement étonné, si on pouvait retourner se faire une toile en toute liberté avant le mois d’avril au plus tôt. A l’étranger, la chape de plomb du confinement et de la fermeture des lieux culturels s’est abattue à peu près au même moment qu’en France. Par conséquent, les chiffres des résultats des films français au box-office international autour de la période des fêtes, comptabilisés par Unifrance et communiqués la semaine dernière, sentent inévitablement la morosité.
En termes de volume, il n’y a en effet strictement rien à sauver dans ces 371 000 entrées mensuels, tout type de production française, majoritaire ou minoritaire, confondu. Par rapport au mois de décembre de l’année 2019 – oh quelle douce nostalgie ! –, la baisse est spectaculaire et même catastrophique, puisque elle s’élève à 85 %. Comparé au mois de novembre, déjà pas fameux, l’engouement du public étranger pour les films français rétrécit aussi considérablement, de 54 %. Un déclin majeur qui correspond hélas à la tendance globale, le box-office national en France ayant perdu plus des deux tiers de sa belle fréquentation d’avant la crise sanitaire sur l’année 2020 dans son ensemble. Aussi désolants ces résultats soient-ils, d’autres pays et leurs parcs de salles respectifs se trouvent dans une mouise encore plus prononcée !
Après ce préambule qui sent bon la fin du cinéma tel que nous le connaissions jusqu’à récemment, quel film a pu s’imposer malgré et contre tout ? C’est un candidat pour le moins surprenant qui rafle la mise, grâce à sa seule et unique sortie tardive sur le marché chinois. Nicky Larson et le parfum de Cupidon de Philippe Lacheau est le genre de film qui n’a pas marqué les annales du box-office français lors de sa sortie il y a pratiquement deux ans. S’il n’y avait pas eu ces avalanches successives de reports de sortie, on aurait même déjà pu découvrir le film suivant du tandem populaire Lacheau / Boudali, Super-héros malgré lui, pour l’instant prévu de débarquer en salles pour les vacances de la Toussaint prochaine.
Le démarrage en Chine de leurs sixièmes aventures au cinéma, des mois après une tournée asiatique pas sans mérite, ne fait toutefois pas d’étincelles. Si on interprète correctement les chiffres fournis par Unifrance, les dizaines de milliers de séances proposées auraient attiré à peine plus qu’un spectateur par copie en moyenne le jour de la sortie !
A la deuxième place, on trouve un ambassadeur infiniment plus prestigieux du cinéma français. Lui aussi de l’année 2019, Portrait de la jeune fille en feu de Céline Sciamma termine son parcours à l’international à peu près en beauté. Un coup de pouce plus déterminé de la part des spectateurs japonais lui aurait certes permis de passer la barre du million et demi d’entrées à l’étranger. Tout compte fait, ce cumul se démarque quand même sensiblement parmi les films dans le Top 20, dans le meilleur des cas à 900 000 spectateurs pour le film d’animation Terra Willy de Eric Tosti.
Enfin, seuls deux films ont su se maintenir entre novembre et décembre dans le classement des meilleures performances dans les rares salles étrangères encore ouvertes. Ce qui ne relève guère de l’exploit au vu des environ cinq mille entrées mensuelles, hélas la nouvelle norme en ces temps éprouvants. A se demander s’il y aura encore une publication des chiffres pour le mois de janvier, puisque la situation de l’accès au loisir cinématographique, en France et ailleurs, n’évolue malheureusement pas du tout à l’heure actuelle ? De Gaulle de Gabriel Le Bomin continue ainsi d’attirer les adeptes de fresques historiques, tandis que Omar Sy dans Police de Anne Fontaine galère plus qu’il ne le fait de l’autre côté de la loi, dans la série à succès Netflix « Lupin », diffusée dans le monde entier depuis quatre semaines.
Le Top 10 des productions françaises à l’étranger en décembre 2020
- Nicky Larson et le parfum de Cupidon 75 000 entrées / 351 999 cumul – distribué dans 1 pays, nombre d’écrans pas communiqué
- Portrait de la jeune fille en feu 34 594 entrées / 1 474 918 cumul – distribué dans 4 pays sur 35 écrans
- La Bonne épouse 16 428 entrées / 115 702 cumul – distribué dans 2 pays sur 30 écrans
- Miss 8 023 entrées / 12 292 cumul – distribué dans 1 pays sur 51 écrans
- Été 85 7 949 entrées / 96 218 cumul – distribué dans 7 pays sur 167 écrans
6. Josep 6 588 entrées / 7 052 cumul – distribué dans 1 pays sur 25 écrans
7. De Gaulle 5 552 entrées / 37 907 cumul – distribué dans 3 pays sur 63 écrans
8. Une sirène à Paris 5 515 entrées / 57 636 cumul – distribué dans 2 pays sur 29 écrans
9. Police 4 959 entrées / 31 285 cumul – distribué dans 2 pays sur 41 écrans
10. Au nom de la terre 4 610 entrées / 72 849 cumul – distribué dans 1 pays sur 26 écrans