L’Apollonide – souvenirs de la maison close
France : 2002
Titre original : L’Apollonide – souvenirs de la maison close
Réalisateur : Bertrand Bonello
Scénario : Bertrand Bonello
Acteurs : Hafsia Herzi, Céline Sallette, Jasmine Trinca
Distribution : Haut et Court
Durée : 2h02
Genre : Drame
Date de sortie : 21 septembre 2011
Globale : [rating:4][five-star-rating]
Présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2011, L’Apollonide – souvenirs de la maison close était très attendu en raison de son sujet tabou mais attirant. Réalisé par Bertrand Bonello, ce film ouvre-t-il réellement le débat sur la question de la prostitution, ou s’agit-il d’une simple exhibition ?
Synopsis : À l’aube du XXème siècle, dans une maison close à Paris, une prostituée a le visage marqué d’une cicatrice qui lui dessine un sourire tragique. Autour de la femme qui rit, la vie des autres filles s’organise, leurs rivalités, leurs craintes, leurs joies, leurs douleurs… Du monde extérieur, on ne sait rien. La maison est close.
Un style baroque pour un drame bouleversant
Surfant sur la vague pseudo-provocatrice des films et séries TV sur la prostitution (Maison Close, Journal intime d’une Call Girl), L’Apollonide surprend dès le départ par son coté réaliste et noir sur cet univers secret. Bertrand Bonello a choisi de nous présenter un film au style baroque avec des décors chargés et magnifiques qui enveloppent une atmosphère dramatique. L’Apollonide est une maison close « propre » et luxueuse : superbes meubles et objets, décoration soignée et chaleureuse, robes de luxe, couleurs chatoyantes… mais cet univers éblouissant de beauté contraste avec le quotidien des filles.
Les robes Guerlin portées le soir sont remplacées par des chemises de nuit ternes le jour, l’argent gagné ne sert qu’à rembourser des dettes infinies, le plaisir affiché en public n’est en réalité que violence et soumission, le maquillage cache la maladie déjà installée depuis longtemps.
L’entame est surprenante car elle montre une vision édulcorée de la vie dans la maison close, mais cette image est brutalement brisée par le drame central du film : Madeleine, une des prostituées, subit la violence de l’un de ses clients pervers qui lui grave le sourire de l’ange sur son visage. Cette scène choquante et inattendue devient une métaphore du sourire forcé de la femme qui se prostitue. Par ailleurs, elle apporte du suspens au film, puisqu’elle est découpée en plusieurs parties qui ne sont dévoilées qu’au travers de flashs. On ne découvre l’acte abominable qu’à la fin du film. Les bribes de cette scène tiennent en haleine le spectateur, qui pourrait lâcher prise tant le film tire en longueur.
En effet, chaque jour, les prostituées répètent les mêmes gestes, revoient toujours les mêmes clients, une certaine routine s’installe et le film devient répétitif. Il s’agit d’un effet de style de la part du réalisateur qui souhaite montrer l’interminable quotidien des femmes enfermées.
Un film engagé
Autre scène frappante : l’arrivée de Pauline, une jeune fille de 15 ans. Il est judicieux de faire entrer un personnage dont les motivations à entrer dans la maison close sont différentes de celles des autres femmes, prostituées de force par le poids des dettes. Pauline postule car elle voit les prostituées comme des femmes libres qui s’assument sans l’aide d’un mari. Sans dettes, elle aura également la possibilité de quitter la maison close de son plein gré, contrairement aux autres.
L’Apollonide – souvenirs de la maison close est un film engagé, en témoigne sa fin surprenante. Bonello transpose l’une des prostituées de 1900 dans notre époque « sur le trottoir » pour nous montrer que le temps passe mais que la question de la prostitution n’a toujours pas été réglée et a même empiré. Le choix des musiques du film n’est pas anodin. Les morceaux de blues qui sont des chants d’esclaves soulignent la condition de ces femmes soumises aux désirs des hommes.
Résumé :
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=wu6C5Kelx50[/youtube]
😉 Bonjour
Nous n’avons pas été franchement convaincus par ce film de notre côté ! Bien que très séduisant et absolument indéniablement bien réalisé (Bonello est talentueux!)… il y a quelque chose de déplaisant à avoir poussé l’intellect au point de montrer la modernité du propos (cf les prostitués d’aujourd’hui) en allant jusqu’à mettre un bande originale contemporaine (le blues comme reference au cote esclavage de la situation des prostituées comme tu le soulignes, dixit Bonello himself, est trop poussé, presque systématique et donc assez lourdot ! Et la modernité poussée jusque dans l’attitude et le vocabulaire des femmes est à notre goût trop facile) Quant à la scène finale, elle est de trop, flirtant avec le démagogique… NOn ?
bon, dans notre article, on a été un peu partagés…davantage que toi 😉
Rick
Hello Rick & Pick ! Perso j’ai trouvé le film génial. Peut-être qu’en étant une fille, le film m’a plus touchée que vous ? Du coup j’ai dû moins voir le coté esclavage récurrent comme trop poussé…