L’Amour et rien d’autre

L’Amour et rien d’autre

Allemagne : 2011
Titre original : Über uns das All
Réalisateur : Jan Schomburg
Scénario : Jan Schomburg
Acteurs : Sandra Hüller, Georg Friedrich, Felix Knopp
Distribution : Sophie Dulac Distribution
Durée : 1h28
Genre : Drame
Date de sortie : 18 avril 2012

Derrière ce titre français un peu nunuche se cache un petit bijou d’intelligence au scénario diaboliquement bien écrit relayé par une mise en scène qui évite avec habileté les écueils du mélo à deux balles. Les comédiens sont là pour parfaire le résultat de ce film de très haute facture.

Synopsis : Paul et Martha filent le parfait amour dans l’Allemagne d’aujourd’hui. Paul annonce qu’il part pour Marseille où il vient d’être muté. Martha reste en Allemagne la semaine qui lui faut pour préparer le déménagement. Le lendemain du départ de Paul, elle apprend qu’il s’est suicidé. Commence alors pour elle un drôle de deuil, fait de questionnements sur l’identité de son mari…

Une vie à reconstruire

Les germanophiles auront rapidement identifié la ville où se déroule l’action de ce film formidable. Une plaque d’immatriculation commençant par « K » et un plan de cette ville reconnaissable entre mille, Cologne (« Köln » en allemand). Cologne, symbole de reconstruction puisque rasée pendant la guerre et dont seule la magnifique cathédrale gothique avait miraculeusement été épargnée. Difficile d’imaginer que le scénariste et cinéaste Jan Schomburg a choisi cette ville par hasard, son film ne parlant lui aussi que de reconstruction du personnage de Martha après un cataclysme intérieur. Cette thématique se retrouve d’ailleurs jusque dans le cours de l’histoire allemande que donne Nino à la fac, en citant Hegel et sa conception itérative l’histoire.

Nous sommes en effet en présence d’un personnage, Martha, qui va se reconstruire par un deuil bien étrangement assumé puisque totalement nié. Point de crises de larmes, d’effondrements. A la lisière même de l’effronterie, elle pousse le refus du décès dont elle a pourtant les preuves sous les yeux au moment de la toilette du mort, jusque dans des retranchements rares. Il s’agira pour elle de continuer à faire vivre le mort en le substituant à un personnage dont elle décèlera un détail lui rappelant le défunt. Là où le film aurait pu prendre une direction proche de « L’Emploi du temps » de Cantet (ou « L’Adversaire » de Nicole Garcia qui raconte la même histoire) avec la recherche de l’identité d’un mythomane, il dévie pour s’intéresser non plus au mort, mais à sa veuve qui se refuse de l’être.

Une incroyable justesse de ton

Rien n’a été laissé au hasard pour parfaire cette histoire. Schomburg dissèque avec autant de frontalité réaliste l’amour indéfectible des deux personnages que la mort de Paul et la quête de Martha qui s’en suit. Mais là où il frappe avec une incroyable justesse de ton, c’est dans le traitement de toutes ces étapes. Jamais les personnages n’arrivent là où on les attend. Les écueils les plus grotesques sont ainsi soigneusement évités, conférant à l’ensemble cette très agréable impression d’inédit.

Les affiches placardées un peu partout à la sortie du film se sont fait l’écho de la performance de la comédienne Sandra Hüller. Elle est effectivement incandescente et la réussite du film lui doit beaucoup. Jouant tout en nuance, évitant à son personnage de sombrer dans une folie trop visible, elle parvient à lui conférer à la fois ce qu’il faut d’empathie et le strict nécessaire d’antipathie. Un rôle très fort auquel s’agrègent également les deux comédiens qui l’accompagnent. Cette direction artistique ajoutée à la rigueur de la mise en scène et de l’écriture confine au prix d’excellence.

Résumé

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