La série télévisée est devenue un formidable média social de découverte des paysages ou des spécialités culturelles de chaque pays.
Il n’est guère étonnant de trouver une suite de dix épisodes reflétant le paysage mental des adolescents québécois, à travers l’une des épreuves de leur jeune vie : la compétition et les paris de hockey sur glace.
Une arrivée en France, retardée par la pandémie
Cette série ne parvient en France, sur TV5 Monde, qu’en mars 2021, un an après le déclenchement de la pandémie de covid-19. Celle-ci semble avoir eu raison de la diffusion Outre-Atlantique, où ses créateurs doivent renoncer à la deuxième saison.
Mais c’est une excellente occasion pour s’intéresser de près à l’importance traditionnelle du Hockey sur glace dans la formation des jeunes Canadiens à la vie adulte. Comparativement, ce sport rude remporte un succès identique dans des pays froids, de l’est et du nord, mais sera moins prisé que le football, dans les grandes villes et provinces françaises. Excepté dans des cités marquées par l’histoire L’histoire olympique, comme Grenoble, et quelques rares où débusquer cette pépite de l’engouement pour ce « sport d’hiver ».
Un sport montréalais, emprunté par la typique Grenoble
Ce sont, principalement, des Anglos-Canadiens qui donnent sa popularité à ce sport de glace, à partir de 1870, à Montréal, principale ville francophone du continent américain. Le premier match, que la presse locale définit comme hockey sur glace, se déroule au Victoria Skating Rink de Montréal en mars 1875. Ce sont les étudiants de l’Université McGill qui rédigent les règles formelles qui s’appliqueront jusqu’à présent.
Jusqu’en 1900, il est épineux de départager les Anglophones des Francophones, pour les désigner comme tenants du courant dominant. Au contraire, on peut dire que le hockey agit comme un blason identitaire, constitutif du Canada en tant que tel, au-delà des querelles linguistiques ou d’influence.
Les Francophones se l’approprient
Un fait culturel peut paraître étrange : le hockey sur glace semble prendre une part plus importante chez les Québécois de langue française que chez leurs voisins immédiats. Cela traduit que, se sentant proportionnellement plus menacés en tant que minorité, les Québécois s’affirment d’autant plus par le hockey comme bouclier identitaire, que les autres Canadiens.
Les politiciens francophones se servent du hockey comme un mode de différenciation culturelle, alors que les hommes politiques anglophones y voient, au contraire, un facteur d’unité.
Des règles rudes de contact qui renforcent l’affirmation de soi
On comprend instinctivement que le comportement des participants au jeu ne peut aller que dans le sens d’une affirmation identitaire : s’il faut faire glisser le palet avec habileté, l’utilisation de la force dans le choc des contacts ne laisse pas de doute sur l’identité du vainqueur. On peut risquer un parallèle avec le football américain, qui déploie des qualités de base similaires, en utilisant des accessoires identiques : casque, renforcement des épaules, protection des jointures et des extrémités. Bref, ces sports sont taillés sur mesure pour des simili-robocops.
Un sport canadien qui s’étend à 36 nations
À la grande époque, Londres édifie la première patinoire européenne en 1876. Paris offre de premières démonstrations de hockey dès 1894. La fédération internationale, qui adopte les règles canadiennes en 1911, est le fruit des efforts de ces deux pays, touchés par le conflit linguistique franco-anglais !
Ce n’est qu’au cours des années 1980 et plus tard que ce sport national va prendre une envergure mondiale. Là où, même si sa capitale devait rester Montréal, on doit pouvoir retracer le périple de son installation en France comme dans le reste de l’Europe.
Le sport se diffuse, souvent, par l’attraction des hauts salaires qu’il permet. C’est le cas avec le mouvement opéré par les joueurs professionnels qui se tournent toujours vers l’Amérique du Nord. Ainsi, pendant la Perestroïka assiste t-on aux départs de quelques joueurs russes d’exception vers ces clubs américains réellement attractifs.
Il en va de même pour les hockeyeurs canadiens et américains en quête de prestige ailleurs, pour cause de saturation des effectifs à domicile. Environ 1.000 Canadiens réalisent le plus clair de leur carrière en Europe, ce qui représente un énorme contingent vacataire, avec des retombées économiques majeures, comme dans un Mercato footballistique.
Les jeux olympiques mondialisent le hockey sur glace
Il faut de grands événements télévisés (ou des séries ! ) pour que le sport prenne toute l’ampleur qui lui est due. On peut citer les jeux olympiques en général et ceux d’hiver de Grenoble, pour la France, en 1968, comme le grand moment d’une révolution culturelle.
Il n’est pas étonnant que Grenoble domine le classement national Magnus, devant d’autres villes moyennes : Rouen, Angers et Gap.