Alors que tous les yeux festivaliers sont d’ores et déjà rivés sur celui de Cannes, le Festival de La Rochelle ne se laisse nullement intimider par son grand cousin, situé à un millier de kilomètres au sud-est. Ainsi, la programmation de la 51ème édition du festival, qui aura lieu du vendredi 30 juin au dimanche 9 juillet prochains, continue à prendre forme, un communiqué de presse à la fois. Comme celui, tombé hier, ayant dévoilé l’affiche officielle et la rétrospective consacrée à l’actrice américaine mythique Bette Davis dont elle est inspirée. Ou bien les annonces précédentes autour d’un hommage au réalisateur kazakh Adilkhan Yerzhanov et d’une journée avec l’actrice australienne Nicole Kidman, publiées respectivement début avril et fin mars. Tous ces beaux cycles se rajoutent aux rétrospectives du réalisateur et acteur français Sacha Guitry et du réalisateur danois Lars von Trier, dont nous parlions déjà ici.
Enfin, si vous vous sentez l’âme et la plume de critique débutantes et si vous avez moins de trente ans, il vous reste exactement une semaine, jusqu’au mardi 2 mai inclus, pour participer au 6ème concours de la Jeune Critique. Comment faire ? Il vous suffit d’envoyer votre critique de l’un des films de la rétrospective Nicole Kidman ou Lars von Trier programmés dans le cadre du Fema et le tour est (presque) joué. De nombreux prix sont à gagner, dont des séjours au festival, des abonnements à la Sélection du mois de LaCinetek et des affiches du Festival de La Rochelle 2023.
Bette Davis (1908-1989)
En parlant d’affiche … C’est également hier qu’a été dévoilée celle de cette édition du Festival de La Rochelle. Elle a été conçue comme bon nombre de ses prédécesseurs par le peintre Stanislas Bouvier. On y voit en amorce le visage de l’actrice américaine Bette Davis.
L’une des icônes de la Warner Bros. dans les années 1930 et ’40 – la rétrospective proposée en ce moment à la Cinémathèque Française à ce sujet, partiellement dédiée à l’actrice, se poursuivra encore jusqu’à début mai, avec notamment L’Intruse de Alfred E. Green et L’Impossible amour de Vincent Sherman –, Bette Davis a marqué l’Histoire du cinéma hollywoodien tout au long de sa carrière tempêtueuse. Doublement oscarisée pour L’Intruse et L’Insoumise de William Wyler, une figure précurseur dans le combat pour l’indépendance et la liberté de choix des comédiens, elle avait fait partie intégrante de la culture populaire américaine, bien longtemps avant que la célèbre chanson de Kim Carnes ne l’immortalise en 1981.
En collaboration avec l’éditeur Capricci et dans le cadre du centenaire de la Warner Bros., la rétrospective rochelaise est constituée de neuf films, représentatifs de l’illustre carrière de Bette Davis. Vous pourrez y voir ou revoir cinq œuvres emblématiques de son travail chez l’un des studios majeurs d’Hollywood avec L’Intruse de Alfred E. Green, L’Insoumise et La Lettre de William Wyler, Une femme cherche son destin de Irving Rapper et L’Impossible amour de Vincent Sherman. Puis ses rôles marquants au cours de la deuxième partie de sa carrière, après-guerre, chez King Vidor (La Garce), Joseph L. Mankiewicz (Eve), Robert Aldrich (Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?) et Luigi Comencini (L’Argent de la vieille).
La rétrospective se conjugue de même à travers une table ronde animée par Gérard Lefort (Les Inrockuptibles) à laquelle participeront Murielle Joudet qui avait dressé le portrait de l’actrice vieillissante dans son livre « La Seconde femme » paru à la rentrée dernière aux éditions Premier Parallèle, Antoine Sire, auteur de l’encyclopédie « Hollywood La Cité des femmes » publiée en 2016 chez Actes Sud / Institut Lumière, ainsi que Anne-Capucine Blot dont le livre « Bette Davis Fatiguée d’être moi » sortira aux éditions Capricci le 9 juin prochain.
Adilkhan Yerzhanov (* 1982)
Depuis le milieu des années 2010 et la sélection de son film The Owners, resté inédit en France, au Festival de Cannes en séance spéciale en 2014, Adilkhan Yerzhanov est le nouveau visage du cinéma kazakh. Une cinématographie assez peu connue en France, bien que Yerzhanov tourne sans relâche, avec à présent une quinzaine de longs-métrages à son actif. Seuls deux parmi eux ont été distribués sur nos grands écrans à présent : La Tendre indifférence du monde, sélectionné à Cannes en 2018 à Un certain regard et déjà passé par La Rochelle, et A Dark Dark Man, un policier poisseux situé dans les steppes kazakhes, sorti en octobre 2020.
Juste après le Festival de La Rochelle, deux autres œuvres de ce cinéaste singulier sortiront dans les cinémas français. Dès le mercredi 12 juillet, Destiny Films distribuera le thriller absurde Assaut et le conte édifiant L’Éducation d’Ademoka, tous deux inclus dans le coup de projecteur du festival. Ce dernier se penche sinon davantage sur les premiers films d’Adilkhan Yerzhanov comme The Owners, le documentaire The Story of Kazakh Cinema et La Peste dans le village de Karatas. En tout, ce seront huit titres qui permettront aux spectateurs du festival d’en apprendre plus sur ce pays lointain et son nouveau réalisateur phare. Adilkhan Yerzhanov participera à une rencontre avec le public, animée par le maître de conférences à l’université Paris 8 Vincennes Saint-Denis Eugénie Zvonkine.
Nicole Kidman (* 1967)
Non, l’actrice australienne Nicole Kidman ne sera a priori pas à La Rochelle au début de l’été. Pourtant, elle serait disponible, quelques semaines à peine après avoir reçu le prestigieux prix honorifique de l’American Film Institute le samedi 10 juin. Les cinéphiles de Charente-Maritime auront néanmoins l’occasion de passer une journée avec elle, à un tarif sensiblement plus abordable que les dizaines de milliers de dollars à débourser pour assister à sa grande soirée à Hollywood. Le samedi 8 juillet, cinq de ses films les plus emblématiques seront projetés à la suite à La Rochelle. La journée sera présentée par le critique Adrien Dénouette qui s’était déjà prêté à l’exercice les années passées avec Sigourney Weaver et Brad Pitt.
Avant de pouvoir déguster des glaces à minuit, les spectateurs auront l’occasion de redécouvrir les débuts très prometteurs de l’actrice, essentiellement autour des années 1990. En effet, aucun de ses films après 2001 n’est inclus, malgré ses interprétations marquantes chez Lars von Trier (Dogville qui figure toutefois dans la rétrospective du réalisateur), Jonathan Glazer (Birth), John Cameron Mitchell (Rabbit Hole), Sofia Coppola (Les Proies), Yorgos Lanthimos (Mise à mort du cerf sacré), Karyn Kusama (Destroyer), Jay Roach (Scandale) et Robert Eggers (The Northman). Qu’à cela ne tienne, la sélection des œuvres reste représentative de la première partie de sa filmographie, ponctuée de Calme blanc de Phillip Noyce, Prête à tout de Gus Van Sant, Portrait de femme de Jane Campion, Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick et Les Autres de Alejandro Amenabar. Ces deux derniers seront projetés dans des versions restaurées 4K.