La guerre est déclarée
France : 2010
Titre original : La guerre est déclarée
Réalisateur : Valérie Donzelli
Scénario : Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm
Acteurs : Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, Brigitte Sy, Béatrice de Staël
Distribution : Wild Bunch Distribution
Durée : 1h40
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 31 août 2011
Globale : [rating:4,5][five-star-rating]
Après La Reine des Pommes, Valerie Donzelli revient avec La guerre est déclarée, film autobiographique, largement salué par la presse et qui semble déjà avoir trouvé son public comme l’atteste l’accueil reçu lors de sa projection, en film d’ouverture de la semaine critique, au Festival de Cannes.
Synopsis : Juliette rencontre Roméo, mais comme dans l’œuvre de Shakespeare, leur amour ne peut se suffire à lui même : ce n’est pas leurs morts qu’ils doivent affronter mais bien le tragique destin de leur enfant, Adam, atteint d’un cancer qui ne dit pas son nom…
Une rencontre
Première scène, une femme accompagne son fils passé un IRM, elle le tient par le pied, commence à divaguer, tout se fait plus flou, plus profond, le bruit de l’IRM se mue en musique de techno : on est à une fête. Juliette, la même en plus jeune, contre un mur, assiste impuissante au spectacle qui se déroule sous ses yeux. Puis, elle croise le regard, coup de foudre immédiat, de celui qui s’appellera bientôt Roméo, Ils se reconnaissent et s’aiment déjà. Complices ils échangent une cacahuète traversant la foule d’inconnus. Elle se fait larguer par son actuel petit copain et repart avec Roméo. On les voit courir, à l’image du film, en totale symbiose. Tout indique qu’ils étaient fait pour se rencontrer.
Une grande histoire d’amour prend forme, sans tombée dans la comédie romantique de genre. Tout est fluide, dynamique, frais et tellement réaliste. Très vite elle tombe enceinte et ils emménagent ensemble, dans un vieil appartement de sa famille à elle, bon chic bon genre. Lui, il n’a presque pas connu son père mais à le privilège d’avoir une relation extrêmement intense avec sa mère, elle -même en couple avec une femme , Alex.
On nage en plein bonheur, tout sonne idyllique. Ces deux là ont l’air de parler vrai, d’être un vrai couple comme on en voit rarement au cinéma. C’est là la grande force de ce film : sa crédibilité.
Un combat
Roméo et Juliette, prénoms déjà éminemment symboliques, choisissent Adam comme prénom pour leur enfant, c’est à dire le premier homme sur Terre. Là encore, l’arrivée de cette entité nouvelle au sein du couple sonne juste : on voudrait que ce soit parfait mais ça ne l’est pas, l’enfant pleure tout le temps… Comme des millions de parents avant eux, ils pensent qu’ils s’y prennent mal et vont voir le docteur pour se rassurer. Quelle docteur, jouée par Béatrice de Staël, brillante dans son rôle, drôle, touchante et sincère à la fois. Car ne nous y trompons pas, bien que ce soit avant tout un drame familial, ce film réserve des scènes extrêmement drôles. Ce couple ancré dans sa société, prend ses marques et avance dans l’apprentissage d’être parent. Vers ses deux ans, Adam commence à montrer des signes inquiétants ce qui conduit ses parents à l’emmener à nouveau chez le docteur. Assez inquiète, elle recommande de prendre rendez vous avec un neurologue. S’engage dès lors, à un rythme effréné, une course en avant contre la maladie d’Adam, diagnostiqué comme atteint d’un cancer. Plusieurs fois opéré, jamais vraiment guéri, c’est le parcours du combattant pour toute la famille.
Des points forts en pagaille
C’est un film qui sous ses airs de « fait à la va vite » ne l’est pas du tout. C’est très artistique esthétiquement, très fluide, très aérien. La musique, très hétéroclite, est excellente. Elle passe de Vivaldi à de la musique éléctro. Les personnages sont travaillés et les acteurs à la hauteur. Certains membres du personnel médical ont d’ailleurs été interprétés par de vrais membres du corps médical. Ce n’est pas un film sur : « Adam guérira-t-il de sa maladie ? », non, l’intrigue serait plutôt « comment on traverse ça à deux ? ». Quel poids la maladie fait-elle peser sur un couple que tout réunit ? Peut-on continuer à s’aimer au-delà des douleurs partagées ? Est-il possible de vivre ensemble après ? Et sinon comment l’amour se désagrège-t-il ? Ce film c’est aussi une philosophie de vie : s’accrocher au positif et nier le négatif.
On ressort ressourcé, ému, heureux mais triste aussi. C’est une explosion de sentiments qui ne saurait laisser indifférent qui que ce soit ! Des scènes marquantes en pagaille, très sobres mais percutantes comme celle où, Adam diagnostiqué malade, Juliette se doit de l’annoncer à Roméo. On ne tombe pas dans le mélo ce qui rend l’événement encore plus éprouvant pour le spectateur. Ou encore, lorsque le marathon du combat débute, et qu’ils se mettent, à deux, en totale symbiose, à faire de la course d’endurance. Et puis, il y a ces deux acteurs, couple à l’écran qui l’était aussi à la vie. Une alchimie réelle existe entre ces deux acteurs, excellentissimes dans leurs rôles et qui jouent parfaitement la carte du couple shakespearien. Pour finir, il y aussi ce trio : Roméo, Juliette et Adam. La relation qu’entretiennent les parents avec leur enfant malade est touchante et, certains moments réservent de bonnes doses de larmes comme lorsque Roméo s’adresse directement à Adam dans son calepin juste avant l’opération décisive.
Résumé :
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