La Fée
France : 2011
Titre original : La Fée
Réalisateur : Dominique Abel, Fiona Gordon, Bruno Romy
Scénario : Cécile Bergès
Acteurs : Dominique Abel, Fiona Gordon, Bruno Romy
Distribution : Mk2 Diffusion
Durée : 1h40
Genre : Comédie
Date de sortie : 14 septembre 2011
Globale : [rating:2,0][five-star-rating]
C’est la troisième fois que le couple « Fiona/Dom » est mis à l’épreuve. Après L’Iceberg avec un détour vers le pôle nord, Rumba et le destin cruel, La Fée met en scène la rencontre magique du couple. Petit film amateur réalisé et interprété par Dominique Abel, Fiona Gordon et Bruno Romy. Des réalisateurs qui ont voulu dégager plusieurs messages concernant l’écologie, l’éducation, le handicap, le couple…
Synopsis : Dom est veilleur de nuit dans un petit hôtel du Havre. Un soir, une femme arrive à l’accueil, sans valise, pieds nus. Elle s’appelle Fiona. Elle dit à Dom qu’elle est une fée et lui accorde trois souhaits. Le lendemain, deux vœux sont réalisés et Fiona a disparu. Mais Dom est tombé amoureux de la Fée Fiona et veut la retrouver.
Un conte de fée remastérisé et modernisé
Un conte de fée se fait avant tout grâce à des personnages. Ici, les personnages (donc les acteurs), ont des physiques atypiques qui correspondent plus à des physiques de théâtre ou au physique de monsieur tout-le-monde. Ce sont donc des personnages auxquels on peut s’identifier. Les personnages sont authentiques et en marge de la société.
Comme dans tout conte de fée, il y a un prince et une princesse. Le prince, dans ce film déjanté, est veilleur de nuit dans un hôtel, la princesse elle, se prend pour une fée et est coincée dans une tour qui fait office d’hôpital psychiatrique. Elle est assez clownesque et fait rire à cause de ses pouvoirs limités. Le cheval blanc, lui, s’est transformé en scooter tandis que les pages sont devenus noirs et clandestins. Évidemment, ces personnages se rendent au bal, qui est maintenant le bar populaire de la ville dans lequel on assiste à des beuveries plutôt beauf.
La Fée est un petit film qui regroupe des personnages simplistes, naïfs et limités. Tout comme les policiers qui sont ici dénigrés et presque attardés. Ils ont un bon jeu qui rappelle celui du théâtre, mais on ne s’attache pas à leur côté clownesque qui est assez pathétique. En revanche, on ressent la complicité et la proximité de Dom et Fiona qui forment un beau couple, aussi bien dans le film que dans la vie.
La Fée est tourné au Havre, il y a donc un décor majoritairement industriel, mais les personnages parviennent tout de même à s’évader dans des décors voulus imparfaits. On remarque évidemment les fonds verts sur lesquels on a rétroprojeté des décors de rue, de falaise, … Ces décors et surtout les accessoires font penser à la méthode de Michel Gondry, mais en moins bien fait. Tout cela rend l’univers du film assez spécial, intemporel et original… mais dérangeant.
La mise en scène théâtrale
La mise en scène est le plus grand atout de cette comédie. Elle est largement théâtrale avec des dialogues exagérés, des gestes et des danses contemporaines qui se font rarement au cinéma. Sans histoire, sans dialogue, la mise en scène reste originale, décalée. On peut ainsi voir que chaque séquence a sa propre signification. Il y a également beaucoup de métaphores que le public pourrait avoir du mal à décrypter. La scène de la mer, plus particulièrement, est assez spéciale et seul le public habitué au cinéma expérimental et contemporain pourrait la comprendre.
Toutefois le film regroupe des scènes plus simplistes et ironiques grâce aux dialogues et aux situations : en gros plan on voit Dom souffrir de son doigt coincé dans une chaise, tandis que Fiona accouche seule et dignement de leur enfant. Des scènes décalées, marginales et parfois inopinées, donc, qui ne font pas toujours rire. Quelques gags sont intéressants toutefois et sont amusants car ils sont dignes des cartoons (On pense à la chute de la falaise).
La Fée est un film personnel qui a tendance à laisser le public en dehors de son délire théâtrale. C’est tout de même un film qui se laisse regarder, mais qui a ce côté dérangeant et déstabilisant puisqu’il présente une mise en scène totalement inhabituelle. Pourtant le rythme est intense et prenant : il se passe toujours quelque chose.
On ne pourrait pas très bien décrire le genre de cette comédie qui est tantôt burlesque, tantôt réaliste. On assiste ici au mélange des genres. Les personnages parviennent très bien à doser le côté burlesque qui consiste à faire rire le spectateur avec des images, des corps, des couleurs, des sons et surtout des décors. Ils parviennent à tourner la situation tragique en dérision et remplissent leur condition d’acteur.
Mais tout est tourné dans un cadre réaliste, dans un pays qui existe vraiment, fait de lois, de limites, et de cadres… et le mélange burlesque/réalisme prend bien. Les personnages font face à des réalités ethniques (les clandestins qui veulent traverser la Manche), mais aussi des clichés (la police municipale bête comme ses pieds), … Ce tout rend donc la comédie aussi déjantée que les personnages eux-mêmes (la fée mange des médicaments comme des bonbons). Ce film est une comédie totalement délirante et burlesque.
Un film d’auteur tout de même, qui nous rappelle tous ces films célèbres simplistes et muets : les Buster Keaton et Charlie Chaplin. Tout est dans la situation, les dialogues sont inutiles. Mais ce côté laconique à vraiment tendance à énerver, surtout la mollesse des personnages. On a envie de crier en plein cinéma : « Mais PARLE, FAIS QUELQUE CHOSE, t’es stupide ou quoi ???!!! ». Enfin le cinéma muet et expressionniste revient en force en 2011, puisque The Artist sort en octobre, et c’est un film, ici en l’occurrence, très réussi. Ce genre reviendrait-il à la mode presque un siècle après ? Ça reste à voir.
Résumé :
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=MfHaszI3LCs[/youtube]