Surprise, mauvaise, ce lundi 3 août avec l’annonce de la décision du juge du référé du tribunal administratif de Paris d’interdire à nouveau le film Love de Gaspar Noé aux moins de 18 ans alors que le film est déjà sorti depuis près de trois semaines. Le motif, en bref : ses scènes de sexe non simulées qui pourraient heurter la jeunesse. Évidemment il s’agit d’un cas grave de censure dénoncé avec vigueur par son producteur Vincent Maraval qui conteste le jugement sur son compte twitter : «En France, aimer est maintenant interdit aux moins de 18 ans» comme on peut le voir sur cette affiche et a depuis ajouté que «la décision est maintenant dans les mains du Conseil d’Etat».
Avant la sortie, l’interdiction avait finalement été limitée aux moins de seize ans malgré les pressions d’associations d’extrême-droite et de Patrice André en particulier, un avocat d’extrême droite proche du MNR, le mouvement de Bruno Mégret. Il est le président de Promouvoir, une association qui est déjà à l’origine de l’annulation du visa d’origine de Saw 3D en juin dernier cinq ans après sa sortie (!). Les actions contre Baise-moi, Ken Park, 50 Nuances de Grey, La Vie d’Adèle ou Nymphomaniac viennent des mêmes personnalités peu recommandables. Le visa d’exploitation du film est donc suspendu, ce qui n’entrave pas, pour l’instant, la programmation en salles mais pourrait nuire aux tentatives de prolonger la vie du film en salles dans des versions 2D.
Dans Libération, Gaspar Noé s’inquiète sur les conséquences de cette interdiction sur la liberté des auteurs. «Mon film est inoffensif, mais il semble déranger. Ce qui m’angoisse, c’est que, à cause de ce genre de choses, des réalisateurs ou producteurs peuvent se mettre à avoir peur. Il y a un risque que les cinéastes ou scénaristes s’autocensurent.» Avec une pointe d’humour, il ajoute : «Ce qui est génial, c’est que Patrice André était ulcéré parce que, dans le film, on a utilisé les Variations Goldberg. Cela le scandalisait que l’on ose prendre du Bach et le mettre dans un contexte autre que celui qu’il connaissait.»
https://youtu.be/DHuiqMKNnt8
Love connaît un succès plus que modéré avec une trentaine de milliers de spectateurs et quelles que soient les réserves que l’on peut avoir sur le résultat artistique de l’oeuvre de Gaspar Noé, il est urgent pour ceux qui n’ont pas vu le film de se précipiter dans les salles (voir détails des séances sur la page facebook du film), ne serait-ce que pour envoyer paître les censeurs et les bigots que personne n’oblige à se déplacer pour aller voir ce qui reste un film d’auteur. La ministre de la culture Fleur Pellerin, plongée dans la lecture des œuvres de Patrick Modiano pendant l’été, n’a pas trouvé le temps de réagir à cette annonce. Son attitude n’est pas claire dans cette histoire, elle avait fait appel de la décision de la commission de classification du CNC qui avait proposé une interdiction aux moins de seize ans, demandant que la vision du film soit réservée aux plus de dix-huit ans. Le CNC avait maintenu sa décision.
La critique jouissive de notre érotomane cinéphile préféré Julien Mathon, c’est ici.
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