Cogan : Killing them softly
USA : 2012
Titre original : Killing Them Softly
Réalisateur : Andrew Dominik
Scénario : Andrew Dominik
Acteurs : Brad Pitt, Sam Rockwell, Richard Jenkins
Distribution : Metropolitan FilmExport
Durée : 1h44
Genre : Thriller
Date de sortie : 05 décembre 2012
Globale : [rating:2][five-star-rating]
Après Chopper et surtout L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, Andrew Dominik retrouve Brad Pitt pour un film très attendu sur l’univers de la mafia comme il y en a tant. Malheureusement lors de sa présentation à Cannes, le film en a irrité plus d’un, à commencer par l’équipe de Critique-Film…
Synopsis : Lorsqu’une partie de poker illégale est braquée, c’est tout le monde des bas-fonds de la pègre qui est menacé. Les caïds de la mafia font appel à Jackie Cogan, un tueur à gages, pour trouver les coupables. Mais entre des commanditaires indécis, des escrocs de la petite semaine, des assassins fatigués et ceux qui ont fomenté le coup, Cogan va avoir du mal à garder le contrôle d’une situation qui dégénère…
Un film de mafieux…
Inspiré du livre L’art et la manière, de George V. Higgins, Killing Them Softly se veut un film sur le capitalisme. Car ce genre de film est selon son réalisateur le seul a réellement parler de la crise et de l’argent directement. Toujours selon Andrew Dominik, « la plupart des films américains montrent les américains comme ils aimeraient être perçus, plutôt que tel qu’ils sont ». Selon lui, son Cogan montrerait donc la vérité, à savoir que les États-Unis sont une nation de junkies, ultra violente, ne pensant qu’à la drogue et au sexe. Rassurant pour l’avenir en somme…et surtout très réducteur pour les américains, même si l’on sait que ces thèmes sont récurrents dans le pays.
En revanche, Cogan tient sa parole en termes de film de mafia et de mafieux. Avec trois acteurs qui figurent à la base au générique de la série Les Sopranos, Dominik pouvait difficilement se tromper lors du casting. Et heureusement d’ailleurs que ses acteurs sauvent le film. Brad Pitt est toujours impeccable, Ray Liotta est fidèle à lui-même et distribue le peu d’humanité du film à travers ses yeux bleus, et James Gandolfini nous ferait presque du Parrain dans quelques scènes d’anthologie.
Au final, c’est nous que killing them softly tue à petit feu. Dommage, car l’hommage au film du genre est bien là, reprenant scène par scène les codes des films de braquage. Les dialogues et le scénario sont également reconnaissables et on s’attend à tout moment à ce que le film devienne culte. Malheureusement, ce moment ne viendra jamais et les quelques scènes fascinantes sont noyées dans un ensemble trop mou où le réalisateur s’offre une leçon de cinéma.
Mais pas que
Car le souci principal de Cogan c’est bien qu’il finit par ressembler à un « sous-film », en ce sens qu’il reprend des codes pré-établis mais passe après ceux qui le font déjà très bien. On voit les références, mais l’image et le ton font penser à du sous-Fight club ; l’histoire, les ralentis et le personnage à du sous-Drive ; et la violence gratuite, ainsi que les dialogues composés principalement de « fuck », à du sous-Tarantino.
Pire encore que ces références imitées, la mise en scène, certes extrêmement travaillée et unique, donne elle l’impression que A.Dominik se regarde filmer. Il n’hésite pas à user et abuser des ralentis et des effets de style, dès le générique de début, comme s’il voulait prouver au monde qu’il pouvait faire plein de choses. Résultat, ça ennui très rapidement le spectateur qui ne rentrera pas non plus dans l’histoire.
Sur une base simple d’un scénario parlant de licenciement et de capitalisme, Dominik souhaite ne pas donner de nom ni de passé à ses personnages. On ne sait pas qui est qui, ni ce qu’ils font là. Pas de vrai début ni de vraie fin non plus, ce qui finit par nous laisser complètement de glace face aux morts (violentes) que l’on voit. Au final, on peut facilement passer complètement à côté du film, voire en profiter pour finir sa sieste.
Car entre le rythme lent, le vide assez conséquent des dialogues dans leur ensemble (malgré une ou deux répliques clé), et une bande-son complètement à côté de la plaque en plus d’être inesthétique, il y a de quoi s’ennuyer. Le pire restant à venir, à savoir la morale du film. Et au cas où vous ne l’auriez pas comprise, le réalisateur va vous la répéter en boucle pendant 1h40 qui vous en paraîtront le double. S’ouvrant et se fermant avec le discours d’Obama sur la force de la nation américaine, le film disséminera ici et là les paroles de Bush, des drapeaux américains bien visibles et des références appuyées à la politique du pays. Le tout devient donc très vite indigeste, malgré notre envie que ce film plein d’idée et de poésie fonctionne…
Résumé
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=frcP4sLyVlE&list=PLk-wTStbUubnzG7D_XyKxqzxeFHBXS8Ws&index=2&feature=plpp_video[/youtube]
L’assassinat de Jesse James n’est pas par Robert Redford mais ROBERT FORD!
Ok, merci pour la remarque, je corrige ça de suite. À bientôt 🙂