Journal de France
France : 2012
Titre original : Journal de France
Réalisateur : Claudine Nougaret, Raymond Depardon
Scénario : Claudine Nougaret, Raymond Depardon
Acteurs : Raymond Depardon, Claudine Nougaret
Distribution : Wild Bunch Distribution
Durée : 1h40
Genre : Documentaire
Date de sortie : 13 juin 2012
Globale : [rating:4][five-star-rating]
Entre la présentation de son dernier film en Séance Spéciale à Cannes 2012 et sa sortie en salles, Raymond Depardon a réalisé le portrait officiel du Président de la République François Hollande, cette photographie que l’on retrouvera dans toutes les mairies de l’hexagone. La suite de son film, Journal de France, en quelque sorte !
Synopsis : C’est un journal, un voyage dans le temps, il photographie la France, elle retrouve des bouts de films inédits qu’il garde précieusement : ses débuts à la caméra, ses reportages autour du monde, des bribes de leur mémoire, de notre histoire.
Raymond et Claudine
D’après Claudine Nougaret, être la compagne d’un photographe n’est pas une sinécure : pensez donc, un type qui s’arrête dans des lieux improbables pendant des heures en attendant que la lumière lui convienne ! En plus, son photographe à elle, il aime se déplacer en camping-car, un espace de vie particulièrement réduit, un lieu de promiscuité absolue, un véritable enfer à ses yeux. C’est pourquoi, lorsque, en 2004, Raymond Depardon a pris la décision de repartir sur la route afin de photographier la France et son territoire, Claudine Nougaret a choisi de rester à la maison et de passer du temps dans la cave, un endroit qui regorgeait de bobines de films, dont beaucoup n’avaient jamais été exploitées. Journal de France est le fruit de cette période de séparation. C’est Claudine qui en a eu l’idée, c’est elle qui s’est chargée du financement. Même si Journal de France est le premier film qu’elle cosigne avec son compagnon, Claudine Nougaret est loin d’être une novice en matière de cinéma : son domaine de prédilection, c’est la prise de son. La prise de son du Rayon vert, d’Eric Rohmer, c’est elle. Bien entendu, on la retrouve également captant le son dans la plupart des films de Raymond Depardon.
Un patchwork plein de sens
Dans Journal de France, c’est Claudine Nougaret qui raconte. On pourrait penser que, chez un photographe, l’image se suffit à elle-même. C’est vrai dans certains cas, mais ici, la voix off est nécessaire, indispensable. C’est le fil grâce auquel sont agglomérés les petits bouts de ce patchwork qui nous permet de visiter la France tout comme l’histoire de la planète durant ces 40 dernières années, qui nous raconte ce que fut notre vie tout en dressant un portrait de Raymond et de Claudine. Grâce à cette voix off, le fait de passer de François Claustre à un petit bistrot de la France profonde a un sens, tout comme le fait de passer de Giscard d’Estaing à une audience de flagrant délit. Les différentes couches du film s’emboitent tout naturellement : Raymond Depardon installant sa chambre photographique en attendant une lumière qui ne soit pas trop flatteuse et puis la scène absolument désopilante d’un chauffeur-livreur passant en comparution immédiate pour avoir brulé un feu rouge, expliquant à la juge que le permis de conduire est le seul diplôme qu’il ait jamais eu et que la perte de ce permis, donc de son job, le conduirait inéluctablement vers les seuls métiers de dealer ou de voleur de voiture.
Cet homme a tout fait !
Ce qui est particulièrement intéressant chez Raymond Depardon, c’est le côté universel de son implication dans tous les domaines de l’image enregistrée : il a commencé comme reporter, travaillant alors dans l’instantanéité alors que ses travaux les plus récents dans le domaine de la photographie, tout au contraire, impliquent patience et longs temps de pose ; dans le domaine de l’image animée, il est l’auteur d’un grand nombre de documentaires mais il a également tourné La captive du désert, un film de fiction inspiré par la prise d’otage de Françoise Claustre. Sans ostentation, Journal de France montre de façon éloquente cette particularité qui fait de Raymond Depardon un professionnel très rare, peut-être même unique dans son domaine. Reste à savoir si son savoir s’étend aussi dans le domaine musical. En effet, à qui doit-on le choix des musiques qui habillent les images de Journal de France ? ADepardon ? A Claudine Nougaret ? A une tierce personne ? Toujours est-il qu’entre Patti Smith, Bashung et Gilbert Bécaud, on remarque les extraits des partitions de deux grands compositeurs polonais du 20ème siècle, Grazyna Bacewicz et Karol Szymanowski et on les trouve en adéquation parfaite avec ce que l’on voit !
Résumé
Il est rare qu’un film arrive à nous raconter à la fois notre histoire et celle de ses auteurs, à s’intéresser à la fois à la grande histoire contemporaine et à la petite histoire d’un groupe de villageois installés à la terrasse d’un café. Journal de France fait partie de ces raretés, un film très sérieux mais souvent très drôle, très instructif tout en étant très divertissant.
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=DzXZXE4b9CE[/youtube]