France : 1970
Titre original : –
Réalisation : Claude Berri
Scénario : Claude Berri
Acteurs : Guy Bedos, Yves Robert, Georges Géret
Durée : 1h31
Genre : Comédie, Drame
Date de sortie cinéma : 15 avril 1970
Note : 3,5/5
Si en bon producteur, il lui est arrivé d’aller puiser une inspiration dans les films ayant rencontré le succès dans les salles obscures, le cinéma de Claude Berri a néanmoins toujours su saisir « l’air du temps », et s’est même montré, en quelques occasions, un véritable précurseur. Ainsi, si Le pistonné n’est certainement pas le meilleur film de son auteur, il a une importance historique indéniable : celle de briser le tabou des guerres coloniales françaises au sein d’un film « commercial », en 1970, donc avant René Vautier (Avoir 20 ans dans les Aurès, 1971) et Yves Boisset (R.A.S., 1973).
Synopsis : En âge de faire son service militaire, Claude Langmann pense profiter d’un « piston ». Ce jeune juif, fils d’artisans casquettiers et habitué à une vie douillette déchante vite car, transféré à Provins, il doit affronter les servitudes de la vie de caserne…
On n’a pas oublié Le petit soldat (Jean-Luc Godard, 1960) bien-sûr, qui se déroulait durant la guerre d’Algérie, mais il ne s’agissait pas à proprement parler d’un film « commercial », et celui-ci avait eu une diffusion extrêmement restreinte suite à son interdiction. Le pistonné au contraire est coproduit et distribué par Columbia Pictures, et remportera un joli succès dans les salles françaises : presque deux millions d’entrées. Un joli score pour une comédie qui précédait également d’une courte tête la vague de « films de bidasses » qui déferlerait sur la France dans les années 70 sous l’influence des Bidasses en folie (Claude Zidi, 1971) et de Mais où est donc passée la septième compagnie ? (Robert Lamoureux, 1973). Le pistonné était donc indéniablement en phase avec son époque…
Toujours adapté des souvenirs de jeunesse de Claude Berri, le film revient au milieu des années 50 et suit la trajectoire de Guy Bedos, alias Claude Langmann (le vrai nom de Claude Berri), jeune appelé n’ayant pas envie d’aller à la guerre, mais dont le « piston » ne fonctionnera pas comme prévu. L’humour est bien sûr toujours très présent, notamment dans l’utilisation de la voix off ; néanmoins, on sent confusément que l’expérience militaire de Claude Berri, marquée notamment par la barbarie des guerres coloniales et l’antisémitisme des officiers, lui a sans doute laissé de mauvais souvenirs : son propos est moins nuancé que sur ses films précédents, le regard est moins tendre, presque caricatural par moments. De plus, les dernières images du Pistonné, montrant un soldat mutilé éclatant de rire nerveusement, laisse finalement un goût amer dans la bouche.
Conclusion
Chronique du service militaire d’un Claude Berri en jeune appelé dans les années 50, Le pistonné est un film au cours duquel le cinéaste, dont il s’agit à l’époque seulement du troisième long-métrage, se livre à nouveau à un numéro d’équilibriste entre la comédie et les passages plus dramatiques. Si le propos parait peu nuancé en ce qui concerne l’armée, le film a le mérite de pointer du doigt certains faits dramatiques (liés soit à la guerre soit à la grande muette), et se révèle de fait finalement bien plus marquant qu’il n’en a l’air à priori. On notera également, bien sûr, qu’on y découvre la toute première apparition au cinéma de Coluche, dans un rôle d’ailleurs assez important.