France : 1967
Titre original : –
Réalisation : Claude Berri
Scénario : Claude Berri
Acteurs : Claude Berri, Grégoire Aslan, Élisabeth Wiener
Durée : 1h27
Genre : Comédie, Drame
Date de sortie cinéma : 18 septembre 1968
Note : 3/5
Avec Le vieil homme et l’enfant son film précédent, Claude Berri s’était fait un nom et la récompense obtenue à Berlin pour son film l’a probablement encouragé à entretenir son « regard » de cinéaste, sa capacité à observer sans juger, qui faisait toute la valeur de son premier film. Avec Mazel Tov ou le mariage en 1968, il fait le choix de revenir à ses contemporains, et de dresser avec malice un portrait des aspirations, rêves et contradictions des jeunes au sein de la communauté juive à la fin des années 60…
Synopsis : Claude et Isabelle se rencontrent un été sur la plage. Lui rêve de famille, de femmes et d’enfants, elle, ne pense qu’à s’amuser… C’est ainsi que le père d’Isabelle, riche diamantaire d’Anvers, apprend qu’il va être grand-père et rencontre Claude, simple représentant en dictionnaires. Pour les deux familles, le mariage est la seule issue possible…
Suivant le vieil adage selon lequel « on n’écrit bien que sur ce que l’on connaît vraiment », Claude Berri a commencé sa carrière avec une longue série de films quasiment autobiographiques, dans lesquels il revenait sur différentes périodes de sa vie. Mazel Tov ou le mariage est donc l’occasion pour Berri d’évoquer son mariage sur le ton de la chronique de mœurs, volontiers décousue dans sa narration, mais qui s’avère surtout intéressante 50 ans après dans le sens où les bouleversements de la société française de l’époque sont évoqués avec son ton si particulier, qui mêle tendresse et authenticité. Et puisqu’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, il se mettra de plus lui-même en scène, incarnant son propre rôle à l’écran.
Ainsi, avec une honnêteté certaine, Berri confie ses doutes au spectateur ; le film nous emmène « flâner » aux côtés du personnage pendant une heure et demie. On y découvre son ennui, ses peurs, sa frustration et son mal-être, son aspiration à trouver « l’amour », le vrai, son désir de liberté… Qui se confrontent au poids des traditions juives, auquel il est lui-même profondément attaché en dépit du fait qu’il ne soit pas réellement « heureux » en amour. Nous sommes en 1968 : le jeune Claude va-t-il tout abandonner pour vivre son réel amour sans contrainte, ou va-t-il se conformer au choix des anciens et se marier ? Le suspense n’est pas de mise : les photos du mariage sont sur l’affiche du film et sur toutes les photos d’exploitation… Jamais forcément là où on l’attend, Claude Berri choisit donc la tradition ; après tout, même les personnages des beaux-parents, pourtant présentés comme des parents aimants, n’ont visiblement pas eu un « mariage d’amour » et ont des aventures extra-conjugales… Au final, le personnage de Claude finira même par trouver le bonheur dans son mariage ; avec un soupçon de mélancolie cela dit.
Conclusion
Avec ses « moments de vie » qui laissent à penser que les bouleversements sociaux de la fin des années 60 ne sont pas parvenus à effacer des esprits le poids des traditions au sein de certaines communautés, Mazel Tov ou le mariage dresse donc au final un portrait doux-amer de la jeunesse de l’époque, dont les aspirations au bonheur et à l’amour semblent toujours « rattrapées » par une réalité plus terre à terre. Très mineur dans la filmographie de Claude Berri, le film en demeure cela dit tout à fait attachant.