Un peu partout en Europe, le cinéma sort doucement de sa torpeur pandémique, afin de retrouver à peu de choses près son lustre de l’ancien monde. Ainsi, avant-hier soir s’est tenue à Valence la 36ème cérémonie des prix Goya, l’équivalent des César de nos voisins ibériques. Après des festivités en petit comité à Malaga en 2021, l’Académie du cinéma espagnol a prôné pour cette année-ci un retour à la normale. Le public était visiblement ravi de retrouver les trophées du meilleur du cinéma espagnol, puisque l’émission transmise sur la première chaîne de la télévision publique avait attiré plus de deux millions et demi de spectateurs.
Avec six prix à partir de vingt nominations, le grand gagnant de la soirée était la fable sociale El buen patron de Fernando Leon De Aranoa. Le réalisateur de Escobar ajoute trois prix supplémentaires (Meilleurs Film, réalisation et scénario original) à ses cinq Goyas passés, dont celui du Meilleur réalisateur en 2003 pour Les Lundis au soleil et celui du Meilleur scénario adapté en 2016 pour A Perfect Day. Son acteur attitré Javier Bardem gagne grâce à son rôle de ce patron pas si bon que ça son septième Goya, après entre autres ceux du Meilleur acteur pour Mar adentro de Alejandro Amenabar en 2005 et Biutiful de Alejandro Gonzalez Iñarritu en 2011.
Toutefois, les votants des prix Goya ont fait preuve de générosité à l’égard de trois autres films, qui ont su décrocher au moins trois prix chacun. Il s’agit du conte de jeunes gangsters Les Lois de la frontière de Daniel Monzon (Cellule 211), du thriller historique Maixabel de Iciar Bollain (Yuli) et du drame de réfugiés Mediterraneo de Marcel Barrena. Découvert à la dernière Semaine de la Critique au Festival de Cannes et en salles en France dans deux mois, début avril, Libertad de Clara Roquet décroche, quant à lui, les prix Goya du Meilleur Premier Film et de la Meilleure actrice dans un second rôle.
Après les gagnants, voici le grand perdant de la soirée : Pedro Almodovar et ses Madres paralelas, nommées à huit reprises y compris dans les catégories du Meilleur Film, du Meilleur réalisateur et de la Meilleure actrice Penelope Cruz. Pas sûr que le réalisateur aux vingt-et-une nominations et aux cinq prix s’émeuve encore du manque d’appréciation de la part des professionnels du cinéma de son pays natal. En tout cas, il ne manque pas de projets, par exemple son premier film anglophone avec Cate Blanchett, à laquelle il a remis le tout premier Goya International honorifique lors de cette cérémonie-ci.
Enfin, comme déjà annoncé fin novembre 2021, c’est l’acteur espagnol José Sacristan (* 1937), qui a a reçu un Goya d’honneur pour l’ensemble de son œuvre. Assez peu connu en France, il avait gagné le Goya du Meilleur acteur en 2013 pour El muerto y ser feliz de Javier Rebello. Au cours de sa longue carrière qui avait commencé au milieu des années 1960, on a également pu le voir chez Gillo Pontecorvo (Opération Ogre), Adolfo Aristarain (Un lieu dans le monde) et Carlos Vermut (La niña de fuego). Pour les besoins promotionnels de la 36ème cérémonie des prix Goya, il avait tenu le rôle principal dans sa bande-annonce.
Meilleur Film : El buen patron de Fernando Leon De Aranoa, sortie française le 22 juin
Meilleure réalisation : Fernando Leon De Aranoa pour El buen patron, sortie française le 22 juin
Meilleure actrice : Blanca Portillo dans Maixabel, sans date de sortie en France
Meilleur acteur : Javier Bardem dans El buen patron, sortie française le 22 juin
Meilleure actrice dans un second rôle : Nora Navas dans Libertad, sortie française le 6 avril
Meilleur acteur dans un second rôle : Urko Olazabal dans Maixabel, sans date de sortie en France
Meilleur scénario original : El buen patron par Fernando Leon De Aranoa, sortie française le 22 juin
Meilleur scénario adapté : Les Lois de la frontière par Daniel Monzon et Jorge Guerricaechevarria, sans date de sortie cinéma en France
Meilleur Film européen : Drunk (Danemark) de Thomas Vinterberg
Meilleur Film ibéro-américain : La Cordillère des songes (Chili) de Patricio Guzman
Meilleur Documentaire : Qui à part nous de Jonas Trueba, sortie française le 20 avril
Meilleur Film d’animation : Valentina de Chelo Loureiro, sans date de sortie en France
Meilleur Premier film : Libertad de Clara Roquet, sortie française le 6 avril
Meilleur espoir féminin : Maria Cerezuela dans Maixabel, sans date de sortie en France
Meilleur espoir masculin : Chechu Salgado dans Les Lois de la frontière, sans date de sortie cinéma en France
Meilleure direction de production : Mediterraneo, sans date de sortie en France – Albert Espel
Meilleure photo : Mediterraneo, sans date de sortie en France – Kiko De La Rica
Meilleur montage : El buen patron, sortie française le 22 juin – Vanessa L. Marimbert
Meilleurs décors : Les Lois de la frontière, sans date de sortie cinéma en France – Balter Gallart
Meilleurs costumes : Les Lois de la frontière, sans date de sortie cinéma en France – Vinyet Escobar
Meilleure musique originale : El buen patron, sortie française le 22 juin – Zeltia Montes
Meilleure chanson originale : « Te espera el mar » de Mediterraneo, sans date de sortie en France – Maria José Llergo
Meilleur son : Tres, sans date de sortie en France – Daniel Fontrodano, Oriol Tarrago, Marc Bech et Marc Orts
Meilleurs effets spéciaux : Braquage final, sans date de sortie cinéma en France – Pau Costa et Laura Pedro
Meilleurs maquillage et coiffure : Les Lois de la frontière, sans date de sortie cinéma en France – Sarai Rodriguez, Benjamin Perez et Nacho Diaz
Meilleur court-métrage de fiction : Totem loba de Veronica Echegui
Meilleur court-métrage documentaire : Mama de Pablo De La Chica
Meilleur court-métrage d’animation : The Monkey de Lorenzo Degl’innocenti et Xose Zapata