Pourquoi peut-on dire que la sélection 2016 du Festival de Gérardmer nous paraît alléchante cette année ? La majorité des quelques films déjà vus sont au pire potables, au mieux très, voire très très réussis. Petit tour de piste avec résumés, images ou vidéos, casting et commentaires sur les films déjà vus.
Le hasard de l’alphabet fait bien les choses, car l’on commence avec l’un des deux films que l’on espérait découvrir cette année et l’un d’entre eux répond bien à l’appel télépathique. Il s’agit de Bone Tomahawk, premier film de S. Craig Zahler (le scénariste du tendu The Incident réalisé par le français Alexandre Courtès en 2012) avec Kurt Russell dans son deuxième western de l’année. Décidément 2016 commence bien. Et pour ceux qui se poseraient encore la question, l’autre film très attendu était High-rise de Ben Wheatley qui ne sera pas sur les rives du Lac …
Synopsis : 1850. Dans la paisible ville de Bright Hope, quelque part entre le Texas et le Nouveau-Mexique, une mystérieuse horde d’Indiens en quête de vengeance kidnappent plusieurs personnes. Pour tenter de les sauver, le shérif local, accompagné de quelques hommes, se lance alors à leur poursuite… C’est le début d’un voyage vers l’enfer. Dans la distribution, l’on retrouve également Patrick Wilson (Little Children), Richard Jenkins (The Visitor), nommé au Spirit Award du second rôle pour ce rôle, Matthew Fox (Lost) et David Arquette (Vorace, Scream).
The Devil’s Candy est le deuxième film de l’australien Sean Byrne, après l’excellent The Loved Ones, Prix du Jury à Gérardmer en 2011, tourné aux États-Unis, avec Ethan Embry (Cheap Thrills et une trop brève apparition dans The Walking Dead dans la saison 6), Shiri Appleby (Roswell, la série télé), Pruitt Taylor Vince (Identity et les séries Murder One et Heroes Reborn) et Leland Orser (Alien Resurrection).
Synopsis : Un artiste et sa famille s’installent dans la maison de leurs rêves. Des forces démoniaques se mettent peu à peu à envahir les tableaux du peintre et à devenir une menace pour ses proches…
Évolution, deuxième film de Lucile Hadzihalilovic est un séduisant exercice abstrait, porté par une histoire original et un dispositif de mise en scène au fort potentiel hypnotique. Tout n’est pas parfait, dans le rythme notamment, mais cette nouvelle réalisation d’une réalisatrice avec un rare sens de l’image confirme un grand talent.
Synopsis : Nicolas, onze ans, vit avec sa mère dans un village isolé au bord de l’océan, peuplé uniquement de femmes et de garçons de son âge. Dans un hôpital qui surplombe la mer, tous les enfants reçoivent un mystérieux traitement. Nicolas est le seul à se questionner. Il a l’impression que sa mère lui ment et il voudrait savoir ce qu’elle fait la nuit, sur la plage, avec les autres femmes. Au cours des étranges découvertes qu’il fera, Nicolas trouvera une alliée inattendue en la personne d’une jeune infirmière de l’hôpital…
February est le premier film d’Osgood Perkins, fils de son père Anthony, vraie légende du cinéma d’horreur grâce au personnage de Norman Bates qu’il a lui-même brièvement interprété jeune dans Psychose 2. Après une brève carrière d’acteur (il était excellent dans La Revanche d’une blonde de Robert Luketic et La Secrétaire de Steven Shainberg), il passe donc à la réalisation comme papa et dirige, entre autres Emma Roberts (Scream 4), Kiernan Shipka (la fille de Jon Hamm dans Mad Men), James Remar (le papa de Dexter) et Lauren Holly (Dumb & Dumber). Il a également écrit The Girl in the Photographs pour Nick Simon, encore inédit et produit par le regretté Wes Craven, à l’honneur cette année.
Synopsis : Parce qu’étrangement leurs parents ne sont pas venus les chercher pour les vacances d’hiver, Rose et Kat sont retenues dans la prestigieuse institution pour jeunes filles où elles suivent leurs études. Dans un pèlerinage sanglant à travers les paysages gelés, Joan décide de s’y rendre. Au fur et à mesure qu’elle s’en rapproche, Kat est assaillie de visions terrifiantes et Rose voit avec horreur sa camarade devenir possédée par une force invisible et maléfique.
Howl de l’anglais Paul Hyett (2/5) est un regrettable cas de «ça a failli être génial et surprenant mais ça finit dans les attentes convenues et les clichés». Lors de sa présentation à Strasbourg, nous en parlions ainsi : Une rame de RER anglais se retrouve bloquée dans une forêt la nuit, après un accident. Le contrôleur va devoir tenter de préserver la sécurité de ses passagers face à la menace qui gronde dehors. Après une première partie qui laisse espérer des rebondissements originaux avec des personnages plutôt bien caractérisés (la séquence entre une jeune passagère et une mère de famille snob est joliment jouée), le scénario repart sur des pistes ultra balisées de survival avec monstres et body count élevé. Dommage, ça avait bien commencé mais les stéréotypes achèvent de nous ennuyer. Au moins dans le rôle principal Ed Speelers (Eragon) nous surprend agréablement et l’on est content de retrouver Shauna Macdonald de The Descent sur lequel Hyatt a travaillé comme concepteur d’effets spéciaux.
https://youtu.be/spYarBpr_38
Jeruzalem, deuxième film de Doron Paz et Yoav Paz, entièrement tourné dans la Vieille Ville de Jérusalem.
Synopsis : Deux jeunes Américaines partent en vacances d’été à Jérusalem pendant les cérémonies du Yom Kippour. Mais cette escapade se transforme en véritable cauchemar quand semble s’ouvrir l’une des portes de l’Enfer. Et que sonne le jour du Jugement dernier…
Southbound, est un très recommandable film collectif signé Radio Silence (sketch The Way Out & The Way In), Roxanne Benjamin (sketch Siren), David Bruckner (sketch The Accident) et Patrick Horvath (sketch Jailbreak). Certes inégal, il a le mérite d’une grande fluidité, d’une tenue scénaristique et d’une cohérence radicale. La scène de l’opération dans une clinique abandonnée est impressionnante et laisse un peu flasque après sa vision. Des personnages paumés, des erreurs irrécupérables, de la culpabilité dans ses choix de vie, ces protagonistes sont comme plombés par le destin qui les entraîne dans un enfer de situations infernales, le problème des uns devenant celui des autres, comme une malédiction virale. Patrick Horvath a écrit et réalisé le film d’horreur The Devil’s Pact. Il a fait des progrès depuis…
The Witch, premier film de Robert Eggers (avec la grande actrice anglaise Kate Dickie) est précédé d’une flatteuse réputation. À vérifier le jeudi 28.
Synopsis : 1630, en Nouvelle-Angleterre. William et Katherine, un couple dévot, s’établit à la limite de la civilisation, menant une vie pieuse avec leurs cinq enfants et cultivant leur lopin de terre au milieu d’une étendue encore sauvage. La mystérieuse disparition de leur nouveau-né et la perte soudaine de leurs récoltes vont rapidement les amener à se dresser les uns contre les autres…
What we become est là encore un premier film, du danois Bo Mikkelsen qui a travaillé notamment auprès des scénaristes et réalisateurs danois Nicolas Winding Refn et Casper Christensen.e.
Synopsis : La famille Johansson passe un été idyllique jusqu’au jour où une épidémie de grippe virulente sème la mort dans le quartier. Les autorités décident de délimiter un périmètre de sécurité, puis cèdent à la panique en imposant la mise en quarantaine à tous les habitants du voisinage. Isolé du reste du monde, le jeune Gustav se rend vite compte que la situation est devenue incontrôlable. Il parvient à s’échapper, laissant les autres membres de sa famille à la merci d’une foule déchaînée et assoiffée de sang…
Terminons pour la compétition avec, joyeuse liberté que critique-film s’offre, sauvage (ou intrabilaire, c’est selon) en cassant la logique alphabétique, avec, oui, c’est fou, le film d’ouverture Frankenstein de Bernard Rose, avec Xavier Samuel dans le rôle du célèbre monstre créé par l’homme. Si Rose a plus souvent déçu que séduit, on lui doit deux coups de maître, avec le superbe Paperhouse et le toujours fascinant Candyman qui vieillit de mieux en mieux et l’on retrouve d’ailleurs son acteur d’alors Tony Todd qui joue ici l’aveugle du texte de Mary Shelley, accompagné de Carrie-Anne Moss et Danny Huston dans les rôles des savants fous.
Synopsis : Le monstre se réveille dans un laboratoire scientifique, il ne sait pas qui il est, ce qu’il est. C’est encore un enfant dans un corps d’adulte. Il est innocent, mais la violence qu’on lui inflige lors de tests médicaux va lui faire découvrir l’existence d’un monde très différent, à la fois sombre et cruel. Blessé et abandonné, il parcourt la ville, suscitant la crainte et l’effroi chez ses habitants…
Gérardmer 2016 : présentation des films en compet’: Pourquoi peut-on dire que la sélection 2016 du Festival de… https://t.co/CbXbCXYqDf