Avec Second Sons, Game of Thrones tente un format un peu différent, se concentrant sur un nombre assez limité d’intrigues : le mariage de Tyrion et Sansa, Gendry à Dragonstone, Daenerys et les « Second Sons » et les aventures de Sam et Gilly. On aperçoit aussi brièvement Arya, mais de nombreux personnages sont laissés de côté : Jon et Ygritte, Robb, les Tullys, Bran et les Reed. Ce choix est très bénéfique, donnant une cohésion qui a tellement manqué ces dernières semaines. Les différentes intrigues ne sont certes pas réellement connectées, mais leur nombre réduit rend les transitions moins nombreuses et moins gênantes.
Le mariage permet de continuer les principales intrigues de la saison (montée en puissance des Tyrell, discorde chez les Lannister tout juste contrôlés par Tywin) tout en explorant la difficulté de la situation pour les principaux intéressés : Tyrion et Sansa. Le premier est dans une situation impossible, obligé d’obéir à son père du fait de son physique qui en ferait un rebut de la société s’il n’était membre de la famille la plus riche du royaume. Il est à la fois attiré et révulsé par Sansa, beaucoup trop jeune évidemment, et se noie donc dans l’alcool pour éviter la confrontation. C’est la première fois que l’on voit Tyrion complètement perdre le contrôle, plus impuissant que jamais face à Tywin, Shae et Sansa. Sa décision est censée être plus ou moins héroïque, mais elle ne fait que retarder l’inévitable et revient au problème que Bronn énoncait dans l’épisode précédent : Tyrion ferait tout pour gagner l’affection des gens, même si c’est à son détriment. Ici, ce qu’il fait est bien sûr un énorme soulagement pour Sansa (et pour nous), mais la réalité politique est que le seul intérêt de ce mariage aux yeux de Tywin est de produire un héritier Lannister qui puisse récupérer les terres des Stark. Comme Ned avant lui, Tyrion agit honorablement, mais s’il est une chose claire dans Game of Thrones, c’est qu’être honorable ne mène jamais à rien de bon. Sansa, quant à elle, se retrouve dans le rôle familier du pion désespéré, mariée à un homme qu’elle déteste initialement, le tout sans être exempte de menaces de la part de Joffrey. Le mariage de Tyrion et Sansa met en avant l’absence de contrôle de ces personnages qui refusent de jouer le jeu, que ce soit par leur naïveté ou leurs objections morales.
On peut contraster le décor du mariage avec la situation désespérée de Sam et Gilly, et voir que ces derniers ont finalement beaucoup plus de contrôle sur leur vie, malgré l’environnement hostile. Le moment où Sam tue un White Walker à l’aide des lames d’obsidienne trouvée dans la saison 2 est censée être une rédemption pour le personnage, après avoir été inactif et pathétique pendant une demi-saison. Le problème, c’est que les circonstances ne font pas vraiment de Sam un héros, simplement quelqu’un qui se bat pour sa survie. Dans le livre, la scène dans laquelle Sam hésite à rester couché dans la neige alors qu’il fuit avec la Garde de Nuit (dans le deuxième épisode de la saison) précède immédiatement cette confrontation. Il gagne donc le respect de ses camarades, et sa décision de partir avec Gilly est le signe d’un nouveau Sam, plus confiant et courageux. Ici, la scène semble n’être qu’un pas de plus dans l’histoire de leur survie, plutôt qu’un cap décisif pour le personnage.
Les scènes de Gendry à Dragonstone ne servent qu’à avancer l’intrigue de Melisandre et Stannis et à justifier le retour en grâce de Davos auprès de Stannis. Le conflit entre l’intégriste Melisandre et le pragmatique Stannis avait déjà été établi, et cet épisode ne fait que le continuer, Stannis refusant de sacrifier Gendry, ce qui force Melisandre à se débrouiller autrement pour récupérer son sang et compléter son petit rituel. Tout cela est bien exécuté, mais peu passionnant du fait que Stannis a été largement mis de côté cette saison. On peut cependant se demander à quel point le rituel sera efficace, étant donné les nombreuses preuves que le dieu de Melisandre est prêt à offrir des signes concrets de son existence (l’assassinat de Renly, les résurrections de Béric, la résistance de Melisandre au poison).
Enfin, Daenerys continue à faire preuve de son charisme, poussant Daario Naharis à trahir ses capitaines et à lui offrir sa loyauté. Là encore, pas le moment le plus passionnant de sa storyline, mais Emilia Clarke vend très bien la transformation de Daenerys en leader capable cette saison, jusqu’à la manière dont elle sort de son bain, défiant le regard de cet inconnu qui vient lui prêter allégeance. C’est d’ailleurs un exemple de nudité utilisée intelligemment dans une scène qui a un sens pour le personnage, par opposition à ce qu’on a vu dans l’épisode précédent avec les scènes de Theon.
Second Sons est certes un épisode relativement lent, mais il est réussi dans son genre. Le fait de réduire le nombre d’intrigues fonctionne ici très bien, malgré les choix d’adaptation douteux au nord du Mur.