Intitulé Valar Dohaeris, le premier épisode de cette nouvelle saison très anticipée de Game of Thrones se situe dans une continuité immédiate de la fin de la saison précédente, à la fois par son titre et par sa première scène. Valar Dohaeris (« Tous les hommes doivent servir ») est en effet la réponse traditionnelle à Valar Morgulis (« Tous les hommes doivent mourir »), titre du finale de la deuxième saison. Ce n’est que la deuxième fois que la série nous présente une scène avant les crédits (la première était dans le pilote), et on retrouve Sam à peu près où on l’a laissé : terrifié et en fuite des White Walkers.
Bien que la scène qui suit n’ait rien de remarquable en soi, le procédé a l’avantage d’effectuer une transition efficace qui nous lance directement dans l’épisode, qui conserve un bon rythme jusqu’au milieu de l’heure, où l’on retrouve ce sentiment familier des passages obligatoires avec Robb et Daenerys qui cassent complètement cette dynamique. S’il y a un défi majeur pour les scénaristes de Game of Thrones, c’est le nombre extravagant de personnages principaux et de fils narratifs à couvrir. Valar Dohaeris a beau laisser de côté un certain nombre d’entre eux (Arya, Bran, Theon, Jaime et Brienne), la nécessité de diviser la narration entre cinq lieux différents nuit grandement à son efficacité.
Tout ça n’est pas nouveau, mais la série est occasionnellement parvenue à surmonter cet obstacle, soit en le contournant complètement dans Blackwater, un épisode qui ne s’intéresse qu’à la bataille éponyme, soit en connectant les différents personnages thématiquement. La première solution n’est utilisable que dans des cas très particuliers, mais la seconde devrait être la norme. L’épisode semble tenter d’établir un thème de servitude raison du titre, entre les charmants soldats que Daenerys rencontre, la situation d’origine de Ros et Shae et la relation de Tyrion avec son père, mais cela reste ténu et n’est pas vraiment mis en avant. On a donc une succession de scènes de qualité variable qui ne constituent pas un épisode fort globalement.
Les bonnes scènes sont en revanche bien là, surtout à Port-Réal. Les confrontations entre Tyrion et sa famille (Cersei puis Tywin) sont impeccables. Charles Dance (Tywin) est excellent, rappelant ici son monologue de la saison 1 dans lequel il expliquait à son autre fils l’importance que portait pour lui l’honneur de la famille (en dépeçant tranquillement un cerf). Tyrion, aussi intelligent soit-il, ne cessera jamais d’être une honte à ses yeux, que ce soit par sa taille, son comportement ou surtout son crime originel. De son côté, Tyrion se retrouve totalement dans l’impasse : réalisant qu’il aime le « jeu des trônes » et rejeté par la famille qui lui donne le droit d’y participer.
Toujours à Port-Réal, il semblerait que Margaery soit destiné à un rôle plus important cette saison, ce qui ne peut qu’être une bonne nouvelle à en juger par la scène de dîner entre les Lannister et les Tyrell. Elle met parfaitement en place la méfiance de Cersei envers cette jeune rivale très compétente politiquement qui menace de la reléguer à un rang honorifique en murmurant à l’oreille de Joffrey. Dans un style très différent, le sauvetage de Davos est également une scène marquante, à la fois visuellement et en cela qu’elle montre bien que Davos est défini avant tout par sa loyauté envers Stannis.
Valar Dohaeris est somme toute un épisode de mise en place qui, malgré son manque de cohérence, constitue un bon retour en Westeros, porté par de bonnes scènes pour les Lannister.
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Les scénaristes ont clairement fait le bon choix en révélant immédiatement l’identité de Barristan à Daenerys, mais l’exagération quant à la formation des Unsullied (ils tuent un nouveau-né plutôt qu’un chiot) est assez ridicule : on se demande un peu comment la population d’Astapor arrive à se renouveler en perdant 8000 bébés aux mains de ses propres esclaves. En revanche, voir Davos faire sa tentative d’assassinat est indubitablement plus efficace que de le faire envoyer en prison à peine arrivé (ce qui se produit dans le livre).
Cet épisode voit aussi l’arrivée de Qyburn, mais il est découvert par Robb à Harrenhal, ce qui est assez étonnant puisqu’il est avant tout supposé interagir avec Jaime puis Cersei… à se demander si la storyline de Jaime ne va pas subir des changements majeurs. L’absence de la Reine des Epines au fameux dîner Lannister/Tyrell était par ailleurs très décevante, car c’est un personnage qui peut être beaucoup plus efficace à l’écran que dans les livres où elle n’apparaît finalement que très peu. Sans doute les scénaristes ont-ils préféré garder la plupart des nouveaux personnages (les Reed, Ramsay, Olenna) pour le second épisode pour laisser le temps aux spectateurs de se réhabituer à Westeros.