Frances Ha
Etats-Unis : 2012
Titre original : Frances Ha
Réalisateur : Noah Baumbach
Scénario : Noah Baumbach, Greta Gerwig
Acteurs : Greta Gerwig, Mickey Sumner, Adam Driver
Distribution : Memento Films Distribution
Durée : 1 h 26
Genre : Comédie dramatique
Date de sortie : 3 juillet 2013
1/5
Kicking and Screaming, le premier film de Noah Baumbach, n’est jamais sorti dans les salles de cinéma françaises. Il date de 1995. Même punition pour les 2 suivants. Ce n’est qu’à partir de son 4ème film, Les Berkman se séparent, sorti en 2005, que les distributeurs français s’intéressent à ce réalisateur new-yorkais. Depuis, une certaine critique française s’est emballée sur le cinéma de ce proche de Wes Anderson. Cette quasi hystérie est-elle vraiment justifiée, avec ses références à Woody Allen et à la Nouvelle Vague de Godard et de Truffaut ?
Synopsis : Frances, jeune New-yorkaise, rêve de devenir chorégraphe. En attendant, elle s’amuse avec sa meilleure amie, danse un peu et s’égare beaucoup…
La galère à New-York
Frances a 27 ans. Originaire de Californie, elle vit à New-York, elle est danseuse mais elle doit se contenter d’un rôle de doublure dans une troupe professionnelle. Financièrement, c’est plutôt la galère. Aussi, lorsque débute le film, elle partage un appartement avec Sophie, sa meilleure amie. Ne voulant pas renier son engagement auprès de Sophie, elle refuse l’offre de colocation que lui fait un ami de cœur et, dans la foulée, rompt carrément avec lui. Tout cela pour se retrouver quelques heures plus tard face à Sophie qui lui annonce qu’elle va quitter l’appartement commun pour aller vivre avec Patch, son petit ami. C’est ainsi que, de gaffe en galère, le film suit les pérégrinations de Frances qui cherche, avec maladresse et avec malchance, à s’établir dans une vie d’adulte qui serait enfin épanouie.
Ni riche, ni pétillant. Snobinard, par contre !
La trame de Frances Ha avait tout pour faire un film riche et pétillant. Encore fallait-il que le spectateur puisse ressentir une certaine empathie avec au moins un personnage et, si possible, avec Frances. Ce n’est jamais le cas. Encore fallait-il qu’on sorte le plus souvent possible du binôme sexe et biture. C’est beaucoup trop rarement le cas. Encore fallait-il que le réalisateur ne se croit pas obliger de jouer au snobinard de service en alignant les clins d’œil appuyés au cinéma français des années 60 aux années 80 : et que je tourne en noir et blanc, et que je site Jean-Pierre Léaud et Serge Gainsbourg, et que j’utilise les musiques de Georges Delerue et d’Antoine Duhamel et que je refourgue une scène du Mauvais Sang de Leos Carax. Mauvais plans ! Encore fallait-il que l’actrice principale ne se croit pas obligée de surjouer d’un bout à l’autre du film. Elle se croit obligée. Encore fallait-il que le film soit riche en répliques savoureuses, comme dans les films du Woody Allen de la grande époque. Ce n’est jamais le cas. Alors, film riche ? Eh bien, non ! Trop de clichés, trop de répétitions. Un petit monde fermé sur lui-même et qui se contente de se regarder le nombril. Godard et Truffaut, eux, savaient positionner leurs films tant socialement qu’historiquement. Film pétillant ? Sûrement pas ! On s’ennuie vite à la vision de ces jeunes gens sans intérêt et ce film complaisant qui dure 86 minutes donne l’impression de durer plus de 2 heures.
Un jeu froid et désincarné
Il arrive parfois qu’on loue le jeu des comédiens dans un film que l’on considère par ailleurs comme raté. Ce n’est pas le cas dans Frances Ha. Certes, le réalisateur doit être pour beaucoup dans ce jeu froid et désincarné qu’ont adopté tous les comédiens. Toutefois, s’agissant de Greta Gerwig, qui interprète Frances, étant à la fois la compagne du réalisateur et la co-scénariste du film, on peut considérer qu’elle n’a pas d’excuse à ne dégager aucune émotion dans un rôle qui aurait dû aboutir à serrer le cœur aux plus endurcis. L’impression est malheureusement identique avec Mickey Sumner, fille de Sting et de Trudie Styler, qui interprète le rôle de Sophie.
Résumé
Quand on sort d’un film en ayant l’impression d’avoir perdu son temps sur toute la ligne, on est partagé entre frustration et colère. Davantage encore quand on espérait se retrouver face à une œuvre qui, avec le recul, pourrait prétendre occuper une place importante dans le cinéma des années 10. Il est malheureusement (ou heureusement!) probable que ce film particulièrement creux, snob et prétentieux sera rapidement oublié.
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La frustration a laissé la place à la colère en effet. Ce film est vain et arty-ficiel. Et cette évocation incessante de la Nouvelle Vague pour se donner une légitimité, que c’est agaçant.
Vous avez hélas raison…
On ne sort pas ici du langage des clips publicitaires, avec un zeste de références « françaises » ( Proust, le pied à terre à Paris…) visant à être du meilleur effet. J’ ai quitté la salle 30 minutes avant la fin, ce qui ne m’ arrivait pas depuis des années.