Le film : Le cœur en Braille
C’est Le cœur en Braille, 3ème long métrage réalisé par Michel Boujenah, qui a été choisi pour lancer les 29èmes rencontres Cinématographiques de Cannes. Il s’agit d’une adaptation d’un roman homonyme de Pascal Ruter, publié en 2012, roman dont un producteur souhaitait confier la réalisation à Pascal Elbé. Changement de programme : Pascal Elbé, acteur dans les deux premiers films de Michel Boujenah, a fini par pousser ce dernier à lire le livre et à s’emparer de l’histoire. Cette histoire, c’est celle de deux pré-adolescents de 12 ans, élèves dans la même classe d’un collège du nord de de la France. Victor est le fils d’un « garagiste » qui a toujours dit que sa femme l’avait quitté alors que Victor n’avait que 5 ans, mais ce dernier a fini par deviner qu’en fait, sa mère était morte. Victor est le cancre de la classe mais il est secrètement amoureux de celle qui en est la meilleure élève, Marie. Marie est la fille d’un couple séparé, mère, acheteuse d’art, père, commissaire-priseur, plus sa nounou qui s’occupe d’elle depuis toujours. En plus d’être le prototype de l’excellente élève, Marie est également une violoncelliste de talent. Son rêve : réussir le concours d’entrée au conservatoire national. Une existence de rêve ? Pas vraiment, car une maladie génétique est en train de la rendre aveugle et son père envisage de la mettre dans une institution pour déficients visuels, ce qui l’empêcherait de passer ce concours dont elle rêve. Son seul espoir : arriver à donner le change, à faire croire pendant les quelques semaines qui la séparent du concours, que sa vue ne se détériore pas davantage. Cette paire d’yeux en bon état dont elle a besoin pour l’aider à atteindre ce but, c’est chez Victor qu’elle va aller la chercher : ayant deviné le sentiment qu’il a pour elle, cela devrait être facile d’en faire un ami et cela d’autant plus si elle passe du temps à lui faire rattraper son retard scolaire.
Malgré certaines outrances inutiles (Pourquoi faire de la professeur de mathématiques un personnage au delà de la caricature?), malgré quelques petites maladresses dans la réalisation, Le cœur en Braille est un film qui est loin de laisser indifférent. Il donne en particulier une peinture très attachante du sentiment amoureux chez les pré-adolescents ainsi qu’une description très émouvante de l’état de désarroi dans lequel se trouve un homme qui n’arrive pas à se consoler de la perte de son épouse. Si Charles Berling, qui joue le père de Marie, a tendance à surjouer son personnage, Pascal Elbé, qui joue le père de Victor, est lui d’une grande justesse dans son rôle de veuf quelque peu à l’ouest. Quant à Alix Vaillot, et Jean-Stan du Pac, respectivement Marie et Victor, Ils ne méritent que des louanges, comme d’ailleurs Antoine Khorsand, l’interprète de Haicam, le meilleur ami de Victor, un garçon qui débite sans arrêt des maximes, et qui, ayant un père musulman et une mère juive, vit alternativement à la maison des semaines « casher » et des semaines « halal ».
Ce film va sortir le 28 décembre.