Ti West dans le Grand Est
Le 32e Festival Internationale du Film Fantastique de Gérardmer va rendre hommage au scénariste, monteur, réalisateur, producteur, Ti West.
Deux de ses films, The House of the Devil (2009) et The Sacrament (2013), ont été montrés à Gérardmer, mais c’est sans nul doute sa trilogie (X, Pearl et MaXXXine), co-imaginée avec la comédienne Mia Goth en pleine pandémie de Covid en Nouvelle Zélande, qui le révèle au public français et international.
Les trois films de sa trilogie X seront proposés au public lors d’une nuit spéciale, ainsi qu’une masterclass avec le cinéaste, animée par Jean-François Rauger (directeur de la programmation de la Cinémathèque française).
Communiqué officiel
Rendre hommage à Ti West, c’est d’abord et avant tout célébrer le pur plaisir du cinéma.
Ce sera la joie de se faire peur et de transgresser les codes d’un genre aimé et dévoré avec passion, de faire du cinéma d’horreur le jeu et l’enjeu d’un art à jamais impur et créatif, et de célébrer tous les délices cinéphiliques dont le festival de Gérardmer se régale depuis 31 ans.
Scénariste, monteur, réalisateur, producteur, Ti West est l’artisan d’une œuvre prolifique qui officie depuis quelque vingt ans à la télévision et au cinéma. Deux de ses films, The House of the Devil (2009) et The Sacrament (2013), ont été montrés à Gérardmer, mais c’est sans nul doute sa trilogie (X, Pearl et MaXXXine), co-imaginée avec la comédienne Mia Goth en pleine pandémie de Covid en Nouvelle Zélande, qui le révèle au public français et international. Née au sein de l’écurie de talents américaine A24, cette création affiche une indépendance et une liberté exceptionnelle dans le paysage du cinéma américain contemporain, une jubilation à subvertir et moderniser le genre et à renverser ses codes.
Dans un véritable dédale narratif, Ti West y renverse la logique horrifique du genre tout en respectant sa grammaire, en l’amenant sur un versant plus parodique et esthétique. Il surprend par sa capacité à manier l’horreur et le porno sans obscénité, avec un sens exceptionnel de la narration et de la mise en scène, une exigence méticuleuse du détail et du lyrisme qui s’incarne dans la quête d’un rêve américain aussi labile qu’immuable.
L’amour du cinéma saute aux yeux dans son œuvre : dans la rigueur d’un cadre à la John Ford, l’énergie pop d’un Tarantino et l’humour décapant d’un Sam Raimi, ou encore dans la référence à Hitchcock qui hante chaque motif du vertige et du double sans jamais s’épuiser. Nourri à la Nouvelle Vague et aux films français, au cinéma d’exploitation et aux leçons expérimentales de Kelly Reichardt qui fut son enseignante, Ti West poursuit les voies d’un imaginaire ouvertes par Le Magicien d’Oz, plonge dans les faux-semblants et les miroirs d’Hollywood, et fait du genre le terrain de jeu privilégié de l’expérimentation artistique.
Nul hasard enfin si Lena Dunham (The Innkeepers) ou Greta Gerwig (The House of the Devil), figures étendard d’un nouveau féminisme américain, apparaissent au détour d’une scène. Avec Maxine, personnage qui porte l’insolence et l’ambition comme l’arme la plus létale des temps modernes, il modèle, non sans humour, une héroïne qui échappe à ses poursuivants autant qu’à son créateur-réalisateur. Mia Goth, actrice au double rôle dans X, devient également scénariste dans Pearl avant de prendre le pouvoir absolu, celui de productrice dans MaXXXine. La trajectoire de Mia Goth, sorte de Golem mutant qui accède ainsi au statut de serial killeuse et de co-autrice, est l’histoire d’une prise de pouvoir qui redouble l’innovation du geste artistique.
Une manière jubilatoire de révolutionner le genre tout en écrivant sa mythologie et de bouleverser la théorie des auteurs tout en lui tirant sa révérence…