Festival de Gardanne 2016 : Jour 6

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Mercredi 19 octobre, jour 6 du Festival 2016 : 3 films en avant-première, Ma’ Rosa de Brillante Mendoza, Baccalauréat de Cristian Mungiu et La fille de Brest d’Emmanuelle Bercot.

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Ma’ Rosa

Du réalisateur philippin Brillante Mendoza, il est illusoire d’attendre un film qui montre des pans de vie s’écoulant comme un long fleuve tranquille. Lui, ce sont plutôt les bas-fonds de Manille, les familles engluées dans les problèmes, la caméra à l’épaule qui s’agite frénétiquement, un fond sonore très souvent assourdissant. Par rapport à ses œuvres précédentes, on peut donc considérer que Ma’ Rosa est un film calme, tellement la caméra à l’épaule est, cette fois ci, tenue d’une façon qui évite de donner le tournis aux spectateurs. Le film raconte un épisode de l’histoire de la famille Reyes. Formée de Ma’ Rosa, une femme d’une quarantaine d’années, de Nestor, son mari, et de quatre enfants, cette famille tient une épicerie dans un quartier populaire de Manille, une épicerie qui représente une bonne couverture pour vendre, aussi, de la drogue. Jusqu’au jour où la police débarque et embarque la famille. Face à cette police corrompue qui demande de l’argent pour les libérer, les enfants vont se mettre à la recherche des 50 000 pesos exigés. Ma’ Rosa se partage en 3 parties bien distinctes : une introduction d’une vingtaine de minutes, s’apparentant à un mauvais documentaire, pour présenter la famille et ses trafics ; le passage au commissariat ; la recherche des 50 000 pesos. Malgré l’introduction qui fait craindre le pire, malgré une image le plus souvent terne, Ma’ Rosa, à mi-chemin entre documentaire et fiction, est un film qui mérite d’être vu, ce qui n’est pas le cas de tous les films de Brillante Mendoza. Présent dans la compétition cannoise 2016, il a permis à Jaclyn Jose, l’interprète de Ma’ Rosa, d’empocher le Prix d’interprétation féminine. Une récompense qui a surpris, d’autant plus que, cette année, exceptionnellement, la compétition était plus relevée chez les femmes que chez les hommes, mais qui est loin de relever du scandale. Ce film va sortir le 30 novembre.

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Baccalauréat

Cristian Mungiu est un habitué du Festival de Cannes : Palme d’Or en 2007 pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours, Prix du scénario et Prix d’interprétation féminine en 2012 pour Au-delà des collines, son nouveau film, Baccalauréat, étant de nouveau en compétition dans la dernière édition. Eh bien, cette fois ci, c’est avec le Prix de la mise en scène que Mungiu est reparti ! Baccalauréat est un film sur la corruption qui gangrène la Roumanie contemporaine, un pays où il semble presque impossible d’obtenir son baccalauréat sans tricher d’une façon ou d’une autre. Baccalauréat nous met au contact de Roméo, un père de famille, chirurgien dans une ville de Transylvanie, qui va tout faire pour qu’Eliza, sa fille, obtienne ce diplôme qui lui ouvrira les portes d’une université anglaise prestigieuse. Certes, Eliza, lycéenne brillante, aurait facilement obtenu ce diplôme sans avoir à tricher, sauf que, deux jours avant l’examen, elle se retrouve gravement handicapée suite à une agression sexuelle et une  blessure à un bras. D’où, pour Roméo, la descente dans l’enfer des passe-droits, des accommodements réciproques, de la tricherie pure et dure. Pour Eliza, c’est la découverte d’un système qui va à l’encontre des fondements moraux auxquels, surtout à son âge, il est important de croire. La sortie de Baccalauréat est prévue pour le 7 décembre.

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La fille de Brest

Vous avez toutes et tous entendu parler du Médiator, ce médicament des laboratoires Servier, longtemps prescrit dans le traitement du diabète de type 2, ainsi qu’aux patients souhaitant perdre du poids, un médicament devenu interdit à la vente en novembre 2009 lorsqu’il a été prouvé qu’il avait été la cause directe de dizaines de milliers de valvulopathies, entrainant, de ce fait, la mort de plus de 500 personnes. Pour en arriver à cette interdiction, un long combat a été nécessaire, un long combat mettant en scène une femme d’une énergie et d’un courage extraordinaires, Irène Frachon, pneumologue au CHU de Brest. C’est ce combat acharné que raconte de façon particulièrement efficace La fille de Brest, le nouveau film d’Emmanuelle Bercot, présente pour un débat à l’issue de la projection. Un combat mené contre le laboratoire Servier, deuxième groupe pharmaceutique français, mais aussi contre les autorités sanitaires françaises, qui, sur ce coup, se sont montrées particulièrement lourdes à la détente avant de comprendre que leur rôle était de protéger les patients et non les bénéfices d’un laboratoire pharmaceutique. Bien entendu, Irène Frachon n’a pas agi seule, une petite équipe s’étant formée autour d’elle au sein du CHU de Brest, une petite équipe provinciale, bien entendu considérée de très haut par les pontes parisiens. Que pensez vous qu’il arriva ? In fine, ce fut le petit « village » breton qui terrassa les huiles parisiennes !

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A l’issue de la projection, le débat avec Emmanuelle Bercot a permis d’éclairer certains points. C’est ainsi qu’elle a expliqué, que n’ayant pas encore décidé de la forme à donner à son film, c’est en discutant avec Irène Frachon qu’elle a choisi d’en faire un thriller, lorsque cette dernière lui a fait part des moments de paranoïa qu’elle avait traversé, rajoutant qu’elle avait souvent l’impression d’être l’interprète d’un thriller. Le choix de la comédienne danoise Sidse Babett Knudsen, l’inoubliable Birgitte Nyborg Christensen de la série Borgen, pour interpréter Irène Frachon ? Emmanuelle Bercot n’arrivait pas à trouver une comédienne française susceptible de jouer ce rôle et c’est Catherine Deneuve qui l’a lancée sur la piste de la comédienne danoise. Un choix qui s’est avéré très pertinent, même si, comme l’a fait remarquer une spectatrice, il y avait au moins une comédienne française qui aurait pu parfaitement endosser le rôle : Emmanuelle Bercot elle-même ! Quant aux noms des personnages, seuls trois des véritables protagonistes ont, dans le « camp » d’Irène Frachon, demandé, pour de bonnes raisons, à ce que leur nom soit changé.

Une date à retenir : le 23 novembre, date de sortie de La fille de Brest, un film à voir absolument, à la fois film salutaire et thriller haletant.

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